19e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (IX 1-5)[1]

Frères, j'affirme ceci dans le Christ, car c'est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint : j'ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : ils sont en effet les fils d'Israël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Puisque seule la foi en Jésus Christ apporte aux pécheurs la justification, le salut, qu'en sera-t-il des juifs qui ne l'ont pas reconnu ? saint Paul, le juif converti, n'oublie pas ses frères de race ni les promesses faites par Dieu à Abraham et à sa descendance : mais que deviennent-elles devant le refus d'lsraël ? Serait-ce un échec de la Parole de Dieu ? Attaché à ses frères mais passionné par Jésus Christ, l’Apôtre va démontrer dans une argumentation, truffée de citations de l'Ecriture, que cette étape douloureuse était prévue par Dieu, que Dieu n'a pas rejeté Israël et qu'un jour tout Israël (juifs et païens) sera sauvé (chapitres IX à XI).

Dans ce prélude, saint Paul laisse parler son cœur et sa foi. Il prend à témoin de ce qu'il va écrire sur un sujet brûlant à la fois le Christ et le Saint Esprit, le Christ dont il est l'apôtre, le Saint- Esprit qui témoigne de Jésus au fond de sa conscience. Il souffre beaucoup, en son cœur, de constater que les juifs, en tant que peuple et que peuple élu, n'ont pas reconnu Jésus Christ.

Dans l'excès de sa douleur, il serait prêt à être maudit par Dieu, à être séparé du Christ, s'il pouvait ainsi sauver ses fréres. Pari impossible, que d'autres saints ont tenu après saint Paul, mais qui traduit le désir ardent de travailler au salut des autres. N'est-ce pas, en fait, ce qu'a vécu Jésus lui-même, puisqu'il s'est offert en victime, acceptant de paraître maudit par Dieu, allant jusqu'à la limite de la déréliction ?

Saint Paul présente les titres de gloire de ses frères. Ils sont descendants de Jacob, appelé par Dieu Israël. Ils ont été adoptés par Dieu, comme fils aînés (Exode, IV 22). Ils ont comme accueilli et porté la gloire de Dieu, qui a habité leur Temple. Par de multiples alliances renouvelées, ils sont entrés dans l'Alliance avec Dieu. Ils ont reçu le don de la Loi. Ils ont pu rendre à Dieu le culte digne de lui. Ils ont été comblés des promesses de Dieu. Leurs ancêtres ont été bénis de Dieu. Mais voici le titre le plus beau, et qu'ils ignorent : ils ont donné naissance au Christ. A la mention de ce nom, saint Paul se laisse emporter dans un élan d'adoration, car pour lui le Christ est Dieu.