5ème dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (II, 1-5)[1]

Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus-Christ, ce Messie crucifié. Et c'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de l'Évangile, n'avaient rien à voir avec le langage d'une sagesse qui veut convaincre ; mais c'était l'Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage est la suite du développement sur la sagesse humaine à laquelle les Corinthiens sont sensibles, et la puissance de Dieu manifestée dans la croix de Jésus Sauveur. Saint Paul achève ici la première partie de son propos : le message chrétien, consciemment et volontairement, prend à contre-pied la sagesse du monde. Après avoir dit : « regardez-vous, regardez donc l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe ! », saint Paul dit aujourd'hui : « regardez donc comment l'Evangile est arrivé chez vous, ma première prédication ici. » Dans les deux cas on peut voir la puissance de Dieu à l'œuvre dans des moyens humainement dérisoires, la force de l'Esprit sous des apparences de faiblesse et d'inefficacité. Saint Paul souligne ici d'une part le centre de son message : Jésus Messie crucifié ; d'autre part, les moyens mis en œuvre dans l'évangélisation, l’apparence et le langage du prédicateur lui-même : « craintif et tout tremblant », comme désarmé, et sans aucun artifice rhétorique des faiseurs de discours. C'est « en quittant Athènes » (Actes, XVIII 1, après le célèbre discours à l'Aréopage) que saint Paul inaugure ainsi la prédication évangélique à Corinthe. Il invite la communauté à se souvenir. La puissance de l'Esprit a été « manifestée » là, dans l'efficacité de la proclamation évangélique : l’adhésion à Jésus Sauveur, la transformation visible de la vie des païens convertis, les multiples « dons spirituels » qui ont marqué la vie de la communauté. L'ensemble peut être illustré par le récit de Actes (XVIII 1-18), par la première épître aux Corinthiens (I 6-7 & XII-XIV) sur l'expérience de l'Esprit à Corinthe. L'apôtre n'a pas cherché à former des sages aux yeux du monde mais à susciter des croyants. Or la foi ne repose jamais sur l'habileté de parole ni sur la force de conviction du prédicateur, mais sur Dieu seul et la puissance du Saint-Esprit.