29 juin

Saints Pierre et Paul,
Solennité

Sommaire :

Les textes commentés de la messe


Historique de Saint Pierre de Rome

Homélie de St Augustin sur St Pierre

Historique de Saint Paul hors-les-murs



Historique de la Basilique St Pierre de Rome

Chacun se souvient que le saint apôtre Pierre fut crucifié, la tête en bas, dans le cirque du Vatican, pendant la persécution de Néron qui, pour mieux se disculper, accusa les chrétiens d’avoir provoqué l’incendie qu’il avait lui-même fait allumer (juillet 64). Devant tant de terribles supplices, Tacite bien qu’il crût les Chrétiens coupables, fut pris de pitié « car on se disait que ce n’était pas pour l’utilité publique mais pour la cruauté d’un seul qu’on les faisait mourir[1].  La Tradition enseignait que le Prince des Apôtres avait été inhumé, à flanc de coteau, sur le mont Vatican[2], près du lieu de son martyre, où les fidèles vinrent très tôt le vénérer. Grâce aux fouilles que Pie XII (1939-1958) fit effectuer, pendant dix ans, à partir du 28 juin 1939, on sait que la sépulture de Pierre est exactement sous l'autel de la Confession[3]. « C'était donc une partie redoutable à jouer et, dans un siècle où la critique commande, une terrible chance à courir. Une sagesse temporelle se fût probablement abstenue. Nul n'aurait pu blâmer Pie XII de ne point affronter un si gros risque. Et sa confiance a été récompensée. Non seulement la fouille qu’il a voulue étend et enrichit le domaine de l'histoire et de l'archéologie profanes, mais elle assure, au lieu de la ruiner ou de l'affaiblir la tradition apostolique romaine.[4] »

Le premier monument élevé sur la tombe de saint Pierre, sans doute par le saint pape Anicet (155-166), est une plaque de marbre sur laquelle on a dressé deux colonnettes de marbre blanc pour supporter une tablette appuyée dans un mur creusé de deux niches, au-dessus et au-dessous de la tablette. Au cours du troisième siècle, on ajouta du marbre autour du monument et on disposa une mosaïque à ses pieds.

La première basilique, décidée par l’empereur Constantin[5] et le saint pape Sylvestre (314-335), s'ordonnait autour de la tombe du chef des apôtres. Les architectes firent des prodiges, dans ces terrains marécageux, pour combler la considérable différence des niveaux (14 m. entre l’Est et l’Ouest ; 11 m. entre le Nord et le Sud). Tournée vers l’Ouest, la basilique comprenait 5 nefs séparées par quatre alignements de 24 colonnes de marbre couronnées de chapiteaux corinthiens ; elle était précédée d’un atrium rectangulaire[6], long de 21 mètres, où, au centre, sous un ciborium[7], on voyait une fontaine, ornée de 4 griffons[8] et surmontée d’une pomme de pin en bronze doré[9]. La basilique Saint-Pierre, ouverte par 5 portes[10], était haute de 38 mètres, elle avait 90 mètres de long et 65 mètres de large ; le transept, long de 88 mètres, lui donnait l’aspect d’un tau. Face à la nef centrale, l’abside circulaire, profonde d’une dizaine de mètres, avait 18 mètres de large. Le tombeau de saint-Pierre fut « mis à l’intérieur d’une grande armoire de marbre ouverte vers l’Orient, vers la nef de la basilique dont il occupe le centre de l’abside. »



[1] Tacite : « Annales », chapitre XV.

[2] Au début du III° siècle, s'adressant au montaniste Proclus qui se prévalait de la possession des tombes de l'apôtre Philippe et de ses filles par une église orientale, le prêtre Gaius avait déclaré : « Soit que tu ailles au Vatican, soit que tu suives la voie d’Ostie, tu y trouveras les Trophées de ceux qui fondèrent l’Eglise de Rome. » (Eusèbe de Césarée : « Histoire ecclésiastique », II, 25).

[3] Les fouilles ont été faite en deux étapes. La première étape a duré de 1939 à 1949, par les jésuites Ferrua et Kirschbaum, le professeur Apollonoj-Ghezzi (architecte) et l’archéologue Enrico Josi, sous la direction de Mgr Kaas, secrétaire-économe de la Fabrique de Saint-Pierre. La deuxième étape a commencé en 1953, par le professeur Guarducci, A. Prandi et D. Mustilli 

[4] Jérôme Carcopino : « Etudes chrétiennes » (Flammarion).

[5] Le Liber Pontificalis dit que l’empereur Constantin, en signe de pénitence, a lui même travaillé aux travaux de terrassement, en remplissant de terre et en transportant sur la place une douzaine de récipients.

[6] La construction de cet atrium que l’on appelait le Paradis, est généralement attribuée au saint pape Simplicius (468-483).

[7] Ce ciborium, soutenu par quatre colonnes ioniques, était fermé d’une grille en bronze doré et décoré de paons qui, chez les Anciens, symbolisaient l’immortalité de l’âme ou la résurrection car ils croyaient que la chair des paons ne se décomposait jamais.

[8] Cet animal fabuleux a la tête, les ailes et les serres de l’aigle, associées au corps et aux membres postérieurs du lion. Dans la symbolique chrétienne, le griffon exprime les deux natures du Christ : l’aigle, la divine ; le lion, l’humaine. Dans le Purgatoire de Dante, le char triomphal de l’Eglise est tiré par un griffon.

[9] Cette énorme pomme de pin, prise entre le Panthéon et la place de Venise, dans le quartier Rione della Pina, où elle aurait servi pour une fontaine après avoir orné le sommet du Panthéon, avant que la voûte de bois ne brûlât et ne fût remplacé par l’actuelle coupole. Cette pomme de pin se trouve aujourd’hui dans une niche semi-circulaire du palais du Belvédère, dans le Cortile della Pigna qui s’étend entre la Bracci nuovo et le palais du Belvédère. Dans la symbolique chrétienne, la pomme de pin représente le fruit de l’arbre de vie.

[10] La Porta Judici que l’on n’ouvrait que pour des funérailles ; la Porta Argentea qui était recouverte d’argent ; la Porta Romana où l’on exposait les enseignes de la victoire ; la Porta Ravenniana dont le nom désignait le quartier du Transtévère (cité des Ravennais, civitas Ravennatium) ; la Porta Guidonea où attendait les guides (guidones) de la basilique.



Homélie sur St Pierre

Le Bienheureux Pierre, premier entre les Apôtres, et qui aima le Christ véhémentement, eut le bonheur de s'entendre dire : « Et moi je te dis : Tu es Pierre. Car l'apôtre avait déclaré : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Et le Christ répond : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre j'édifierai mon Eglise[11] » : sur cette pierre, j'édifierai la foi que tu confesses. Sur cette parole que tu as dite, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », j'édifierai mon Eglise. Car toi, tu es Pierre.

Pierre tient son nom de la pierre, et ce n'est pas de Pierre que la pierre tire son nom. Pierre vient de la pierre, se réfère à la pierre, comme le chrétien vient du Christ et se réfère au Christ. Ecoute Paul : « Car, frères, je ne veux pas que vous l'ignoriez : nos pères furent tous sous la nuée, tous ils traversèrent la mer, et tous, au temps de Moïse, il furent baptisés dans la nuée et dans la mer ; et tous ils mangèrent la même nourriture spirituelle, et tous ils burent le même breuvage spirituel : car ils buvaient de la pierre spirituelle qui les accompagnait, et la pierre était le Christ.[12] » Voilà d'où est Pierre.

Avant sa Passion, le Seigneur Jésus, comme vous le savez, choisit et appela ses disciples, ses Apôtres. Parmi eux, presque partout, Pierre reçoit cette grâce de représenter à lui seul la personne de toute l'Eglise. A cause de cette personne de toute l'Eglise, qu'il représentait à lui seul, il eut ce bonheur d'entendre : « A toi je donnerai les clés du royaume des cieux.[13] » Car ces clés, ce n'est pas un seul homme, mais c'est l'unité de l'Eglise, qui les a reçues. Et nous célébrons la primauté de Pierre précisément parce qu'il représentait toute l'universalité et l'unité de l'Eglise quand le Seigneur lui dit : « A toi, je donnerai » ce pouvoir que, de fait, il donna à tous. Et écoutez ce que le Seigneur dit à tous les Apôtres dans un autre passage de l'Evangile : « Recevez l'Esprit-Saint. Si vous remettez les péchés à quelqu'un, ils lui seront remis ; si vous les retenez, ils seront retenus.[14] » Ceci relève du pouvoir des clés, dont il a été dit : « Ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le ciel, et ce que vous lierez sur la terre sera lié aussi dans le ciel.[15] » Mais pour que tous sachent que pierre représentait la personne de toute l'Eglise, comparons ce qui est dit à lui seul et ce qui est dit à tous les fidèles : « Si ton frère a péché contre toi, corrige-le entre toi et lui seul ; s'il t'écoute, tu as gagné ton frère, S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute l'affaire soit établie sur la parole de deux ou trois témoins. S'il ne les écoute pas non plus, dis-le à l'Eglise ; et s'il n'écoute pas même l'Eglise, qu'il te soit comme un païen et un publicain. Amen je vous le dis : ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.[16] » C'est la colombe qui lie, et c'est la colombe qui délie : l'Edifice fondé sur la pierre lie et délie.

C'est d'abord la force de l'Eglise qui est célébrée en Pierre, parce qu'il suivit le Seigneur allant à sa Passion ; mais une certaine infirmité de l'Eglise est aussi mentionnée, car, interrogé par une servante, il renia le Seigneur. Cet Apôtre qui aimait tant le Seigneur, le renia soudain : il se retrouva lui-même, parce qu'il avait trop présumé de lui-même. Il avait déclaré, en effet : « Seigneur, j'irai avec toi jusqu'à la mort ; et s'il faut que je meure, je donne ma vie pour toi. » et le Seigneur répondit à ce présomptueux : « Tu donneras ta vie pour moi ? En vérité je te le dis : avant le chant du coq, tu m'auras renié trois fois.[17] » Ce que le médecin avait prédit, arriva ; ce que le malade avait présumé, ne pouvait arriver. Mais ensuite ? Voici ce qui est écrit, voici ce que dit l'Evangile : « Le Seigneur le regarda ; et Pierre sortit dehors, et pleura amèrement.[18] » Sortir dehors, cela veut dire ici : confesser sa faute publiquement. Il pleura amèrement, parce qu'il savait aime[19]. La douceur de l'amour suivit, parce que l'amertume de la douleur avait précédé.

C'est pour la même et bonne raison qu'après sa Résurrection le Seigneur a confié ses brebis à Pierre nommément ; car Pierre ne fut pas le seul à paître les brebis du Seigneur : mais quand le Christ parle à un seul, c'est l'unité qui est recommandée, et confiée d'abord à Pierre parce que Pierre a la primauté parmi les Apôtres. « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Il répond : « J'aime. » Interrogé une seconde fois, il répond la même chose. Interrogé une troisième fois, il s'attriste : n'a-t-on pas confiance en lui ? Mais comment n'aurait-il pas eu confiance en lui, celui qui voyait son cœur ! Après cet instant de tristesse, Pierre répond : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t'aime. » Sachant tout, tu ne peux pas ignorer cela.

Ne sois pas triste, ô Apôtre ! Réponds une fois, réponds deux fois, réponds trois fois. Que ta confession soit trois fois victorieuse dan l'amour puisque te présomption a été trois fois vaincue dans la peur. Ce que tu avait lié trois fois doit être délié trois fois. Délie par amour ce que tu avais lié par peur. Et le Seigneur confie ses brebis à Pierre une fois, deux fois, trois fois.

Saint Augustin, Sermon CCLXXXV



[11] Evangile selon saint Matthieu, XVI 16-18. 

[12] Première épître de saint Paul aux Corinthiens, X 1-4.

[13] Evangile selon saint Matthieu, XVI 19.

[14] Evangile selon saint Jean, XX 22-23.

[15] Evangile selon saint Matthieu, XVIII 18.

[16] Evangile selon saint Matthieu, XVIII 18.

[17] Evangile selon saint Matthieu, XXVI 33-35, & évangile selon saint Jean, XIII 37-38.

[18] Evangile selon saint Luc, XXII 61-62.

[19] Flevit amare qui noverat amare : il y a ici un jeu de mot intraduisible sur amare, qui est à la fois la forme adverbiale de l'adjectif amer et l'infinitif du verbe aimer. En ce qui concerne la phrase précédente (exiit foras, hoc est confiteri), on remarquera que le mot latin foras (dehors) a donné forum : place publique ; mots qui d'autre part ont une consonance proche de fari (parler) d'où est dérivé confiteri (confesser).



Historique de la Basilique Saint Paul hors-les-murs

Après qu’il fut décapité aux Aquæ Salviæ, aujourd'hui identifiées à l’abbaye des Tre Fontane[20], le corps du saint apôtre Paul, fut enseveli dans le Prædium Lucinæ, petite arera funéraire.

qui se trouvait le long de la route qui menait à Ostie, à près de mille pas de la porte Ostienne[21]. Là où fut déposé le corps de saint Paul, on éleva sans doute une cella memoriæ au-dessus de laquelle, selon ce que l’on lit au Liber Pontificalis, l’empereur Constantin éleva une basilique[22] que le saint pape Sylvestre I° aurait consacrée le même jour même que la basilique de Saint- Pierre (18 novembre 324)[23].

Encore que les Actes de saint Sylvestre disent que Constantin fit de nombreux dons pour cette basilique, il est probable, puisqu’elle était construite entre la voie Ostienne où était située l’entrée, et le tombeau de saint Paul, qu’elle était bien plus petite que celle que nous connaissons aujourd’hui et que son abside était tournée vers l’Orient[24].

Par un rescrit impérial daté de 384, les empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius[25] avertissaient Sallustius, préfet de Rome, de leur volonté d'agrandir la basilique, en raison de la sainteté du lieu, de l'afflux des pèlerins et de leur dévotion, ajoutant que s’il plaisait au Peuple et au Sénat, elle devrait s'étendre plutôt le long du fleuve que dans la colline voisine. Sous la direction de Ciriade, dit mechanicus ou professor mechanicus, la nouvelle basilique, commencée entre 384 et 386, fut consacrée par le pape Sirice (390) et achevée, en 395, sous l’empereur Honorius (395-423), comme en témoigne l'inscription de l'Arc triomphal[26]. Il s’agissait d’une église à cinq portes et à cinq nefs soutenues de quatre-vingts colonnes, précédée d'un atrium carré semblable à celui de l'ancienne basilique Saint-Pierre.

Il semble qu’un tremblement de terre ébranla la basilique que saint Léon le Grand (440-461) fit restaurer, consolider et décorer. C’est à saint Léon le Grand que l’on attribue, autour de la nef, au-dessus des arcades, le commencement de la série des portraits des papes, jusqu’à Innocent I° (401-417) ; on dit aussi qu’il fit peindre dans la nef, sur deux registres, au-dessous des fenêtres et au-dessus des portraits des papes, quarante-quatre scènes de l’Ancien Testament et quarante-quatre scènes des Actes des Apôtres[27]; entre les fenêtres il aurait fait peindre des apôtres et des prophètes. C’est sous son pontificat que la princesse Galla Placidia, sœur de l’empereur Honorius, commanda et offrit les mosaïques de l’arc triomphal.

Sous le pape Symmaque (590-640), on fit consolider l’abside et décorer la confession, en même temps que l’on construisait un accueil pour les pélerins pauvres (habitacula). Saint Grégoire le Grand (590-640) fit rehausser le transept qu’il fit relier aux nefs

par cinq marches, et attribua de considérables donations foncières pour entretenir les lampes autour du tombeau de saint Paul qui par sa doctrine avait illuminé le monde entier. Serge I° (687-701) restaura le toit et les habitacula désormais appelés cubicula. Sous Grégoire II (715-731), les communautés monastiques qui étaient autour de Saint-Paul furent réunies en une seule[28], pour que les moines chantassent les louanges de Dieu jour et nuit. Charlemagne fit édifier le monastère qu’une dame romaine enrichit et abrita de fortifications. Peu touchée par les premières invasions barbares, Saint-Paul-hors-les-Murs fut mise à sac par les Lombards (739). Le pavement des nefs latérales et des vestibules fut refait sous Adrien I° (772-795) qui offrit de nombreux objets sacrés[29]. Léon III (795-816) fit consolider le toit, installer le dallage de marbre, restaurer la voûte de l’abside, ornée de mosaïques, et offrit aussi de nombreux objets sacrés.

Les Sarrasins pillèrent la basilique (847) pour quoi Léon IV (847-855) fit exécuter un nouveau ciborium soutenu de quatre colonnes d'argent. Après la bataille du Cap Circeo où il avait chassé les Sarrasins des alentours de Rome, Jean VIII (872-882), fit construite une enceinte fortifiée autour de la basilique, du monastère et de la bourgade environnante, assez semblabe à celle que Léon IV avait élevée autour du Vatican ; cet ensemble fortifié, appelé Giovannipolis, fut assez solide pour résister, en 1083 et 1084, aux assauts d'Henri IV qui dut se contenter de détruire le long portique qui allait de la basilique à la porte d'Ostie. L’abbaye, à la demande de Léon VII (936-939), avait été réformé par Saint Odon de Cluny (936)[30].

C'est au onzième siècle que l’on construisit près de la façade, à côté de la nef nord, le campanile, peu avant que l’abbé Hildebrand (futur pape Grégoire VII) qui avait fait de nombreuses restaurations, fit mettre, par ordre du Consul Pantaleion, la porte de bronze, fondue à Constantinople, en 1070, par Staurachios de Chios. Après l’incendie de 1115, Innocent II (1130-1143) fit soutenir le toit du transept par une colonnade centrale.

Au treizième siècle, les Vassalletto construisirent le cloître (1208-1235), Nicola d’Angelo et Pietro Vassalletto réalisèrent le candélabre pascal, le pape Honorius III (1216-1227), fit exécuter une nouvelle mosaïque pour l'abside qui fut achevée sous Nicolas III Gaetano (1277-1280), et Pierre Cavallini travailla aux fresques de la nef principale dont on a parlé plus haut. Au siècle suivant, Arnulf de Cambio élevait, avec son associé Pierre, le nouveau ciborium et, sous le pontificat de Jean XXII (1316-1334), Cavallini dotait la façade de la basilique de mosaïques (1325) dont des fragments sont aujourd'hui à l'intérieur.

En 1349 un tremblement de terre détruisit le campanile et une partie du portique qui furent reconstruits par le pape Clément VI Roger (1342-1352). Ce tremblement de terre avait tant endommagé la citadelle de Giovannipolis qu’on se résolut à l’abandonner puis à la détruire entièrement.

Encore que Boniface IX Tomacelli (1389-1404) et Martin V Colonna (1417-1431) eurent octroyé des indulgences pour la réparation de Saint-Paul-hors-les-Murs[31] qui ne commença qu’en 1426 sous la direction du cardinal Gabriel Condulmer (futur Eugène IV), le quinzième siècle vit peu de travaux d'embellissement à l’exception des peintures de Benozzo Gozzoli et d’Antoniazzo Romano. En 1426, le Cardinal Gabriel Condulmer obtint que Martin V unît à l'abbaye de Saint-Paul la Congrégation Sainte-Justine de Padoue ; élu à la succession de Marin V, le cardinal Condulmer (Eugène IV) octroya de nouveaux privilèges à l’abbaye et lui donna Sainte-Marie in Cosmedin et les habitations contiguës, afin que le culte puisse en cas de guerre. L’abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs, Jean, fut désigné par Eugène IV pour recevoir le serment de fidélité d'Alphonse d'Aragon pour le royaume des Deux Siciles (1445). Sous Calixte III Borgia (1455-1458) l’abbaye reçut le château de Nazzano pour compenser les trois mille florins qu’elle avait consacrée à la croisade contre les Turcs où les armées chrétiennes reprirent Belgrade (juillet 1456) et battirent la flotte ottomane à Lesbos (août 1457). Sixte IV, Alexandre VI, Clément VII et Paul III firent aussi de nombreuses concessions en faveur de l’abbaye Saint-Paul qui était devenu un lieu de piété, d'études et d'érudition. Jules II della Rovere (1503-1513) confia aux moines de Saint-Paul-hors-les-Murs Saint-Saturnin au Quirinal et quelques maisons mitoyennes pour qu’ils y résidassent l’été (1505). Le Sénat et le Peuple Romain prirent sous leur protection l’abbaye, singulièrement pendant les vacances du Siège Apostolique (1514).

Lors du sac de Rome (1527) les troupes luthériennes du connétable de Bourbon, au service de Charles Quint, n’épargnèrent pas la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. A la fin du seizième siècle, pour le jubilé de 1575, Grégoire XIII Boncompagni (1572-1585) qui avait donné à l’abbaye le monastère du Champ de Mars, fit décorer le chœur et donna une ballustrade au tombeau de saint Paul ; Sixte Quint Peretti (1585-1590) qui fit réaménager le chœur en détruisant le presbyterium de saint Grégoire le Grand et en fermant l'entrée de la confession souterraine, commanda le plafond à caisson de la nef principale et du transept.

Sous le pontificat de Clément VIII Aldobrandini (1592-1605), Onorio Longhi (1569-1619) éleva au fond de l'abside un autel dont le retable dissimulait partie de la mosaïque (1600). Paul V Borghèse (1605-1621) donna le palais Saint-Calixte aux moines de Saint-Paul comme résidence d'été (1608). C’est à la même époque que l’on construisit la chapelle Saint-Brigitte et que Carlo Maderno fit la chapelle du Saint-Sacrement (1619-1620)[32] décorée par Giovanni Lanfranco dont les toiles ont été dispersées[33]. Innocent X Pamphili (1644-1655) aurait voulu que Francesco Borromini renouvelât totalement la basilique Saint-Paul comme il l’avait fait pour Saint-Jean du Latran à l’occasion de l’année sainte de 1650, mais il n’eut le temps que de commencer la réfection du toit, achevé sous Clément X Altieri (1670-1676).

Benoît XIII Orsini (1724-1730) fit refaire, par Antoine Canevari et Mathieu Sassi, le portique de la basilique qui, à peine restauré par Alessandro Specchi, s’était brusquement écroulé (1° mai 1724) ; cette nouvelle construction, achevée pour l’année sainte 1725, nécessita la destruction du narthex primitif. La même année, il fit construire la chapelle du Crucifix[34]. Benoît XIV Lambertini (1740-1758), fit restaurer la mosaïque de l'abside (1747), les peintures de Cavallini, et la série des portraits des papes qui fut continuée par Salvatore Monosilio.

Le terrible incendie, survenu dans la nuit du 15 au 16 juillet 1823, détruisit presque complètement la basilique. Ne furent sauvés qu'une partie de la façade, l'arc triomphal, le transept et le cloître. Mais les fresques de Cavallini furent anéanties et les mosaïques reçurent de graves dommages. Du monde entier, dans un émouvant concours de solidarité, parvinrent aussitôt des dons généreux pour la reconstruction de la basilique et les travaux furent immédiatement entrepris. L'œuvre fut d'abord confiée à Pascal Belli (1752-1833), à Pierre Bosio et à Pierre Camporese le jeune (1807-1873), la direction en fut finalement prise par Louis Poletti (1792-1869), auquel est dû le dessin de l'extérieur et de l'intérieur et l'érection du campanile. Virgilio Vespignani (1808-1882) dessina le portique ; Guillaume Calderini (1837-1916) lui apporta quelques modification et en termina la construction. Nicolas Consoni (1814-1884) et Louis Agricola (1795-1857) dessinèrent les nouvelles mosaïques de la façade. Le 4 Octobre 1840, Grégoire XVI fit la dédicace du transept et, en 1854, le même jour, , Pie IX procéda à la consécration de l'ensemble de la basilique restaurée.



[20] Saint Grégoire Grand rapporte que la tête de l’apôtre Paul rebondit trois fois et fit chaque fois jaillir une source.

[21] Selon le témoignage d’Eusèbe de Césarée, la décapitation de saint Paul s’est faite la quatorzième année du règne de Néron, soit entre juillet 67 et juin 68.

[22] fecit basilicam Sancto Paulo Apostolo cuius corpus recondidit et conclusit in arca Sancti Petri.

[23] La confession est toujours restée au lieu où Constantin fit élever la première basilique sur la tombe même de l'Apôtre. La tombe, d'abord visible au dessus du sol, jusqu'au IXe siècle, a depuis été enterrée. Elle n'est reparue au jour que durant les travaux de reconstruction du siècle dernier. Le sarcophage qui garde le corps de l'Apôtre des Gentils est recouvert d'une plaque de marbre portant l'inscription Paulo/Apostolo Mart, que les meilleurs érudits qui en ont étudié la paléographie datent du IVe siècle.

[24] Prudence (348-405), grand poète de l’antiquité chrétienne occidentale, écrivait : Du côté où s’ouvre la Voie d’Ostie, s’élève le tombeau de Paul, à l’endroit où sur la gauche, le fleuve embrasse les prés. Le site est meveilleux. Un très bon prince construisit le temple et ses dépendances avec magnanimité. Les poutres disparaissent sous des plaques d’or, pour qu’à l’intérieur, la lumière brille comme au soleil levant. Il étaya par des colonnes munies de chapiteaux d’or, le voûte dorée, partagée en quatre nef.

[25] Ce pourquoi elle porte le nom de basilique des trois empereurs.

[26] THEODOSIUS COEPIT PERFECIT HONORIUS AULAM DOCTORIS MUNDI SACRATAM CORPORE PAULI.

[27] Ces deux cycles, refaits au XIII° siècle par Cavallini et Ghiberti, échappèrent pour la plupart à l’incendie de 1823, mais furent détruits lors de la reconstruction ; on en conserve les copies qu’en fit faire le cardinal Francesco Barberini, en 1635.

[28] Monasteria, quæ secus basilicam S. pauli erant ad solitudinem reducta, innovavit (...) congregationnem post lungum tempus constituit.

[29] Quand leur roi des Lombards, Didier, vint à Rome, Adrien I°, qui avait abondamment enrichie la basilique Saint-Paul, mit à l'abri les objets sacrés, les tapisseries et les étoffes précieuses (773) qui y étaient conservées.

[30] Ut monasterium intra ecclesiam beati Pauli Apostoli, ut ilim fuerit, reædificaret

[31] bulle du 4 septembre 1423.

[32] Il s’agit de l’actuelle chapelle Saint-Laurent.

[33] Deux lunettes peintes à fresque sont encore au monastère et deux tableaux sont à Rome, dans des collections privées.

[34] Il s’agit de l’actuelle chapelle du Saint-Sacrement.