Fête de la Sainte Trinité

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (II 1-5)[1].

Frères, Dieu a fait de nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a donné, par la foi, l'accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c'est d'espérer avoir part à la gloire de Dieu. Mais ce n'est pas tout : la détresse elle-même fait notre orgueil, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la valeur éprouvée ; la valeur éprouvée produit l'espérance ; et l'espérance ne trompe pas, puisque l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné[2].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce passage est un des plus anciens textes exprimant l'action commune du Père, du Fils et de l'Esprit au cœur des hommes. Par le Christ les hommes sont en paix avec Dieu qui fait d'eux des justes par la foi. Au milieu de la détresse, malgré le péché, ils persévèrent et tiennent bon parce que l'Esprit répand dans le fond de leur être l'amour de Dieu. Est en germe dans ce texte la théologie des vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité. La participation à la gloire de Dieu, l’accès au monde de la grâce, la valeur éprouvée, la persévérance peuvent être sources d'orgueil et de fierté parce qu'elles sont l'œuvre du Père, de Jésus Christ et de l'Esprit : foi, espérance, amour sont dons de Dieu. La vie spirituelle est partage de la vie divine. La souffrance, les épreuves prennent un sens nouveau. Elles redonnent énergie et espérance au chrétien qui avec sagesse y discerne le travail d'enfantement d'un monde neuf (épître de saint Paul aux Romains, VIII 21), Cette espérance authentique ne peut être déçue car l'amour de Dieu ne trompe pas.

[2] L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie étemelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. « Gardons indéffectible la confession de l'espérance, car celui qui a promis est fidèle » (Hébreux, X 23). « Cet Esprit, il l'a répandu sur nous à profusion, par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l'héritage de la vie éternelle » (Tite, III 6-7). La vertu d'espérance répond à l'aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes ; elle les purifie pour les ordonner au Royaume des cieux ; elle protège du découragement ; elle soutient en tout délaissement ; elle dilate le cœur dans l'attente de la béatitude éternelle. L'élan de l'espérance préserve de l'égoïsme et conduit au bonheur de la charité. L'espérance chrétienne reprend et accomplit l'espérance du peuple élu qui trouve son origine et son modèle dans l'espérance d'Abraham comblé en Isaac des promesses de Dieu et purifiée par l’épreuve du sacrifice. « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples » (Romains, IV 18). L'espérance chrétienne se déploie dès le début de la prédication de Jésus dans l'annonce des béatitudes. Les Béatitudes élèvent notre espérance comme vers le ciel la nouvelle Terre promise ; elles en tracent le chemin à travers les épreuves qui attendent les disciples de Jésus. Mais par les mérites de Jésus-Christ et de sa passion, Dieu nous garde dans « l'espérance qui ne déçoit pas » (Romains, V 5). L'espérance est « l'ancre de l'âme », sûre et ferme, « qui pénétre... là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus » (Hébreux, VI 19-20). Elle est aussi une arme qui nous protège dans le combat du salut : « Revêtons la cuirasse de la foi et de la charité, avec le casque de l'espérance du salut » (I Timothée, V 8). Elle nous procure la joie dans l'épreuve même : « Avec la joie de l'espérance, constants dans la tribulations » (Romains, XII 12). Elle s'exprime et se nourrit dans la prière, tout particulièrement dans celle du Pater, résumé de tout ce que l'espérance nous fait désirer. (« Catéchisme de l’Eglise universelle » : 3° partie, 1° section, chapitre I°, article 7, II)