Fête de la Sainte Trinité

Première lecture

Lecture du livre des Proverbes (VIII 22-31)[1]

Ecoutez ce que déclare la Sagesse :
« Le Seigneur m'a faite pour lui au commencement de son action, avant ses œuvres les plus anciennes.
Avant les siècles j'ai été fondée, dès le commencement, avant l'apparition de la terre.
Quand les abîmes n'existaient pas encore, qu'il n'y avait pas encore les sources jaillissantes, je fus enfantée.
Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée. Alors que Dieu n'avait fait ni la terre, ni les champs, ni l'argile primitive du monde, lorsqu'il affermissait les cieux, j'étais là.
Lorsqu'il traçait l'horizon à la surface de l'abîme, chargeait de puissance les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l'abîme, lorsqu'il imposait à la mer ses limites, pour que les eaux n'en franchissent pas les rivages, lorsqu'il établissait les fondements de la terre, j'étais à ses côtés comme un maître d'œuvre. J'y trouvais mes délices jour après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes.»


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Des sages d’Israël ayant glané, dans les cultures et les civilisations, les paroles de sagesse compatibles avec leur foi, composèrent le Livre des Proverbes. L’originalité de ce passage qui présente Yahvé comme le véritable maître de sagesse, tient en ce que la Sagesse y est une personne qui d'une certaine manière remplace le roi et le prophète ; elle parle comme quelqu'un qui partage l'intimité divine. Antérieure à la Création, elle est le premier enfant de Dieu. Les créatures sont la manifestation de la présence de cette Sagesse de Dieu personnifiée. Elle ne se contente pas de partager l'activité de Dieu dont elle est la première née, elle partage la condition humaine et trouve ses délices parmi les enfants des hommes qui sont le couronnement et l'achèvement de la création. La Sagesse est la figure du Messie. Comme l’Ecclésiastique (XXIV 3-10), ce texte, exprime que la Parole, la Sagesse de Dieu, a planté sa tente au milieu des hommes. Elle est déjà le Verbe. Comme le prologue de saint Jean (I 14), saint Luc avait déjà dit en parlant du Fils de l'homme : « La sagesse de Dieu se révèle juste auprès de tous ses enfants » (VII 34-35). On comprend ainsi le choix de ce passage des Proverbes en la fête de la Sainte Trinité. La théologie de saint Paul souligne à quel point cette Sagesse éclate dans la création : les hommes sont inexcusables de n'être pas remontés du créé au Créateur (épître aux Romains, I 18-32). De la même manière, l’hymne aux Colossiens développe jusqu'au bout ce qui est contenu en germe dans les Proverbes : le Fils est « l’image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature, car en lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les invisibles: tout est créé par lui et pour lui » (I 15-16).