Solennité du Sacré-Coeur

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (XV 3-7).

Jésus disait cette parabole : « Si l'un de vous a cent brebis et en perd une[1], ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres[2] dans le désert[3] pour aller chercher celle qui est perdue[4], jusqu'à ce qu'il la retrouve[5] ?

Quand il l'a retrouvée, tout joyeux[6], il la prend sur ses épaules[7], et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue[8] ! »

Je vous le dis : c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion[9]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Chacun de nous peut se reconnaître dans l’exemple qu’il nous donne. Un trait rapide permet à l'homme tout en se reconnaissant dans cette parabole, d’y reconnaître bien vite le Créateur de l’homme. Ce pasteur a cent brebis... Ce nombre de cent est un nombre parfait : en l’employant, il faisait comprendre à ses auditeurs qu'il s'agissait du Créateur, de celui qui ayant créé les Anges et les hommes vit sa création parfaite. Quand l’homme en péchant s’éloigna des pâturages de vie, c'était l'une de ces brebis qui s’égarait (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 2).

[2] Son troupeau tout entier ne lui est pas plus cher qu'une seule de ses brebis (Tertullien : de Pœnitentia, VIII).

[3] En cette brebis, nous est représenté le genre humain tout entier; car par la faute d'un seul, tout le genre humain s’égara (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XVIII 6).

[4] Comment peut-on s’en aller loin de Dieu qui est partout ? On s'éloigne de Dieu par les œuvres ; on s'éloigne de Dieu par les sentiments. Où vas-tu malheureux, qui fuis la vie et le salut ? Si tu t'en vas loin de Dieu, où trouveras-tu un refuge ? Si tu fuis la lumière, comment pourras-tu voir ? Si tu fuis la vie, comment pourras-tu vivre ? Dans cette fuite insensée, c'est la perte de tous les biens, c'est la fatigue, la faim, la fièvre, le danger des ennemis (saint Jean Chrysostome : homélie XI sur l’épître de saint Paul aux Philippiens, 5).

[5] Comme Dieu est touchant dans sa miséricorde. Il nous avait défendu de commettre le mal ; nous avons enfreint sa défense, et il n'a pas cessé de nous attendre pour nous pardonner. Nous l’avons méprisé, et il nous appelle. Nous nous sommes détournés de lui, et il ne s'est point détourné de nous. C'est pourquoi il disait par Isaïe : « Vos oreilles entendront la voix de celui qui vous avertit par derrière. » L'homme avait été averti en face quand il avait reçu les préceptes de la justice. Méprisant ces préceptes, il a tourné le dos à Dieu. Et Dieu continue à le suivre et il l’avertit par derrière. Il rappelle avec bonté ceux qui se sont orgueilleusement éloignés de lui, et au lieu de nous frapper quand nous lui tournons le dos, il nous promet des récompenses pour que nous revenions à lui (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 17).

[6] Elle était couchée dans la boue ; il la lave : il nous a rencontrés tout couverts de souillures, tout remplis de plaies purulentes, décharnés, fantômes plutôt qu'hommes. Les démons étaient autour de nous, le prince de ce monde se moquait de nous : le Fils de Dieu fait paraître l’éclat de sa présence, il dissipe toutes les ombres. Il se trouve en face de la pauvre âme perdue : elle était tourmentée par la fièvre des passions mauvaises, par la faim de l'avarice ; elle était affligée de cécité et de surdité. Et voilà qu'aussitôt il lui apporte le remède : il la lave dans l’eau sainte et lui rend sa pureté : sous l’action de cette eau bienfaisante sa fièvre s'apaise, ses yeux s'ouvrent, ses oreilles entendent; elle reprend des forces ; elle se revêt de beauté, de la beauté qui convient à une fille de Dieu née de la grâce de l'Esprit Saint, à une fille de roi née dans la pourpre de la sainteté. Malheur à moi, si j’oublie ma noblesse (saint Jean Chrysostome : homélie XI sur l’épître de saint Paul aux Philippiens, 5).

[7] Il a chargé sur ses épaules la brebis perdue quand, assumant notre nature, il a pris sur lui nos péchés (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 3).

[8] Que dirai-je de ces hommes qui sont à la fois des justes et des pénitents, qui font pénitence pour avoir eu seulement la pensée du péché pendant qu'ils demeuraient justes dans leurs œuvres ? Quelle joie c'est pour Dieu de voir ce juste pleurer quand déja un pécheur en se convertissant lui a procuré une joie si grande antérieures (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 5).

[9] C’est là un fait d'expérience quotidienne : la plupart de ceux qui ne sentent en eux le poids d’aucun péché, en se tenant dans les voies de la justice et en ne commettant aucune action défendue, n'ont pour la patrie céleste que des désirs très-tièdes, et dans l'usage des choses permises se donnent d'autant plus de large qu'il se souviennent moins d'avoir fait des choses défendues : et dans la conscience de n'être pas tombés en des fautes graves, ils demeurent paresseux pour faire le bien. Au contraire, ceux qui ont conscience de fautes commises, excités par leur douleur s'embrasent de l'amour de Dieu, s`exercent aux grandes vertus, aiment l'âpreté du saint combat : ils fuient les hommes et les richesses de la terre, se réjouissent dans l'humiliation, brûlent de désirs, soupirent après la patrie céleste, et par leurs gains abondants, compensent toutes les pertes antérieures (saint Grégoire le Grand : Homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques, 17).