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Ascension du Seigneur
Evangile
Suite du saint Évangile de
notre Seigneur Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait[1] : « Il fallait que s'accomplît ce qui était annoncé par l'Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem[2]. C'est vous qui en êtes les témoins[3]. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une force venue d'en haut ». Puis il les emmena jusque vers Béthanie[4] et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux[5] et fut emporté au ciel[6]. Ils se prosternèrent devant lui[7], puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie[8]. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu[9]. Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Les jours qui s'écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son ascension, mes bien-aimés, n'ont pas été dépourvus d'événements : de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées. C'est alors que la crainte d'une mort amère est écartée, et que l'immortalité, non seulement de l'âme mais aussi de la chair, est manifestée. C'est alors que, par le souffle du Seigneur, le Saint-Esprit est communiqué à tous les Apôtres ; et le bienheureux Apôtre Pierre, après avoir reçu les clefs du Royaume, se voit confier, de préférence aux autres, la garde du bercail du Seigneur. En ces jours-là, le Seigneur se joint à deux disciples et les accompagne en chemin ; et, afin de dissiper en nous toute l'obscurité du doute, il reproche à ces hommes apeurés leur lenteur à comprendre. Les cœurs qu'il éclaire voient s'allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Ecritures. A la fraction du pain, les yeux des convives s'ouvrent. Ils ont un bonheur bien plus grand, eux qui voient se manifester la glorification de leur nature humaine, que nos premiers parents qui conçoivent de la honte pour leur désobéissance. (…) Pendant tout ce temps qui s'est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà, mes bien-aimés, de quoi la providence divine s'est occupée, voilà ce qu'elle a enseigné, voilà ce qu'elle a fait comprendre aux yeux et aux cœurs de ses amis : on reconnaîtrait que le Seigneur Jésus était vraiment ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort vraiment. Aussi les bienheureux Apôtres et tous les disciples que la mort de la croix avait apeurés et qui doutaient de la foi en la résurrection furent-ils raffermis par l'évidence de la vérité ; si bien que, lorsque le Seigneur partit vers les hauteurs des cieux, ils ne furent affectés d'aucune tristesse, mais comblés d'une grande joie. Certes, c'était pour eux un motif puissant et indicible de se réjouir puisque, devant le groupe des Apôtres, la nature humaine recevait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes ; elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges ; les êtres les plus sublimes ne pourraient mesurer son dogré d'élévation, car elle allait être admise à trôner auprès du Père éternel en étant associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils (saint Léon le Grand : premier sermon pour l’Ascension, 2-4). [2] Il fallait que tout s'accomplît (…) Quoi donc ? Que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour. Ils l'ont vu : ils l'ont vu souffrir, ils l'ont vu attaché à la croix, et ils le voient après sa résurrection, vivant et présent parmi eux. Que ne voient-ils pas ? Son corps, c'est-à-dire l’Eglise. Le Christ, ils le voient, mais elle, ils ne la voient pas. Ils voient l’Epoux, l’Epouse est encore cachée (…) La conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce que les disciples ne voient pas encore : l'Eglise répandue à travers toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Ils voient la tête et, sur sa parole, ils croient à son corps (…) Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas, mais nous ne voyons pas quelque chose qu’ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Que ne voyons-nous pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l’Eglise future. L’Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et de nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne: il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (saint Augustin : sermon CXVI, 1, 5-6). [3] Si vous voulez comprendre vous aussi vous serez les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l'esprit d'impureté mais craignant le jugement de Jésus-Christ vous avez voulu conserver intacte la pureté de votre âme et de votre corps : vous êtes les témoins de Jésus-Christ. Vous êtes tentés par l’esprit d’avarice qui vous porte à usurper sur les droits du faible mais vous souvenant des préceptes divins vous êtes résolus à prêter votre assistance plutôt qu'à commettre une injustice : vous êtes les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l’esprit de superbe mais voyant votre Sauveur pauvre et humble votre cœur est touché et vous choisissez l'humilité plutôt que l'arrogance : vous êtes les témoins du Christ, non seulement les témoins de ce qu'il a dit mais de ce qu'il a fait (...) Combien chaque jour sont nombreux ces martyrs du Christ qui lui rendent témoignage dans le secret ! (saint Ambroise : commentaire du psaume CXVIII, sermon XX 47-48). [4] Béthanie est située sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV 4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de Jésus. [5] Elie était monté au ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu : il n’était qu’un homme et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur n’est pas emporté dans un char, il n’est pas soulevé par les anges : celui qui a fait toutes choses s’élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5). [6] Il repartait ainsi vers le lieu d'où il était, il revenait d'un lieu où il continuait de séjourner : en effet, au moment où il montait au Ciel avec son humanité, il unissait par sa divinité le Ciel et la terre. Ce que nous avons à remarquer sérieusement dans la solennité de ce jour, c'est la suppression du décret qui nous condamnait, du jugement qui nous vouait à la corruption. En effet, la nature à qui s'adressait ces mots : « Tu es poussière, et tu retourneras en poussière », cette nature est aujourd'hui montée au Ciel avec le Christ. Voilà pourquoi il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi au fait que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour ; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Par conséquent, que personne ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que cela lui est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant ce jugement. Voilà, mes frères, ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélies sur les péricopes évangéliques, XXIX 10-11). [7] Il s'en allait en tant qu'homme, mais demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de cette présence restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur coeur ? (Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1). [8] Puisque l’Ascension du Christ est notre propre élévation, que le corps a l’espérance d’être un jour où l’a précédé son chef glorieux, tressaillons donc de la plus grande joie et marquons cette allégresse par de ferventes actions de grâces. Aujourd’hui, nous n’avons pas seulement été affermis comme possesseurs du Paradis, mais, dans la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux, obtenant plus par sa grâce ineffable que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet, ceux là que le venimeux ennemi avait banis de la félicité de leur première demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer à la droite du Père (saint Léon le Grand : sermon I sur la fête de l’Ascension). [9] Il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Donc que nul ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que c’est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant. Voilà ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 11). |