3ème dimanche de Pâques - Année C

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (V 27-32,40-41)[1]

Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil[2] ; le grand prêtre les interrogea : « Nous vous avions formellement interdit d'enseigner le nom de cet homme-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Voulez-vous donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ? » Pierre, avec les Apôtres, répondit alors : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice. C'est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l'Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha. Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Encore que nous sommes toujours tentés de réduire les Actes des Apôtres à n'être que l'histoire de la toute première Eglise, il faut remarquer que le but réel de saint Luc est beaucoup plus large. Le récit de saint Luc est un enseignement qui lui sert à illustrer les convictions qu'il faut transmettre aux chrétiens à qui il s'adresse. Dans le passage retenu pour ce dimanche, on voit saint Pierre et les apôtres témoigner de la Résurrection une seconde fois devant le Sanhédrin. Pour saint Luc, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ doit d'abord être annoncée à Jérusalem : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et jusqu'aux extrémités de la terre », ordonne Jésus avant que monter au ciel (Actes des Apôtres, I 8). Ainsi, commencer par Jérusalem n'est pas simplement une commodité géographique, mais une nécessité théologique. Jérusalem représente le peuple de la promesse. Or, comme Dieu est fidèle, la Bonne Nouvelle de la Résurrection doit d'abord lui être annoncée. Ce texte doit aussi encourager les chrétiens à prendre modèle sur les premiers témoins, sur les apôtres qui n'ont pas hésité, malgré la prison et le fouet, à proclamer leur foi. Les disciples de Jésus ont avec eux l'Esprit qui leur donne la force et la liberté de dire ce qu'ils ont à dire, même face aux autorités qui veulent les réduire au silence. On retrouve encore une idée-force des Actes des Apôtres : il est impossible d'enchaîner la Parole de Dieu, et s'il arrive que des hommes s'efforcent de la faire taire, Dieu intervient et la parole repart, parce qu'elle doit parvenir « jusqu'aux extrémités du monde ». Le discours de saint Pierre reprend les premiers essais de formulation de la foi chrétienne : Jésus a été mis à mort, Dieu l'a ressuscité pour la conversion, les apôtres en sont les témoins.

[2] Ce que le traducteur appelle ici le Grand Conseil est ce que l’on connaît plus généralement sous le nom de Sanhédrin, le collège suprême qui gouverne le peuple juif. Au temps de Jésus, le Sanhédrin est composé de 70 membres présidés par le grand-prêtre (71° membre) : les anciens (chefs des grandes familles), les grands prêtres (membres des quatre familles où l’on choisit les grands prêtres, et ceux qui sont retirés de leur fonction), les scribes ou docteurs de la Loi. Sous le régime des procurateurs, le Sanhédrin instruit le procés et rend la sentence, mais la condamnation à mort revient au procurateur. Théoriquement cette compétence ne s'exerce qu'en Judée proprement dite, mais en fait, Rome admet tacitement une juridiction sur tous les Juifs : ainsi Saul part à Damas, pour arrêter les Juifs convertis ; lorsque les procurateurs font défaut, le Sanhédrin exécute même les sentences capitale, comme pour le diacre Etienne.