Jeudi Saint

Epître

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XI 23-26) [1]

Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j'ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur : la nuit même où il était livré[1], le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce[2], il le rompit, et dit : « Ceci est  mon  corps, qui  est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi.[3] » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Il institue ce sacrement à la fin du banquet de la Pâque, pour nous montrer qu’il était la fin de la Loi, et qu’il en était aussi l’auteur, que le règne des figures était arrivé à son terme, et que la vérité allait remplacer les figures. Il abolit la solennité maîtresse des Juifs, et il la remplace par un banquet rempli de grandeurs effrayantes (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXII sur l’évangile selon saint Matthieu, 1).

[2] Par cette action de grâces, il montrait son Père approuvant le don qu’il faisait de lui-même, et s'associant aux bénédictions qui en découleraient.... Car toute grâce et tout don parfait nous viennent du Père, par le Fils, dans l’Esprit. Cet acte de Jésus est l’exemple de ce que nous devons faire et faisons, en effet, quand nous usons de ce don plein de mystères et source de vie. Nous ne nous approchons de la table sainte qu'après avoir loué et remercié Dieu le Père, avec le Fils et l’Esprit. C'est ainsi que nous allons à la source de la vie et de toutes les bénédictions spirituelles et temporelles : car nous recevons en nous le Verbe, incarné pour nous, qui est vie et source de vie (saint Cyrille d’Alexandrie : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, LXXII).

[3] Mes bien-aimés, aujourd'hui nous rappelons pieusement la veille de la Passion du Seigneur, le jour sacré où il voulut faire un repas avec ses disciples, et, dans sa bonté, accepta d'endurer tout ce qui avait été écrit et annoncé touchant ses souffrances et sa mort, en vue de nous libérer tous. Nous devons donc célébrer dignement de si grands mystères de manière que, par notre participation volontaire à sa Passion, nous méritions d'avoir part à sa résurrection. Car tous les rites sacrés de l'Ancien Testament sont parvenus à leur plein achèvement dans le Christ, lorsqu'il confia à ses disciples le pain qui est son corps et le vin qui est son sang pour qu'ils en fassent l'offrande dans les mystères éternels, et lorsqu'il les donna en nourriture à tous les fidèles pour le pardon de toutes leurs fautes. Cette Passion qu'il a endurée dans son corps, par amour pour nous, afin de nous délivrer de la mort éternelle et de nous préparer le chemin du Royaume céleste, il nous a montré qu'il voulait la souffrir journellement chaque fois que nous célébrerions ce même mystère dans le sacrifice du saint autel, en vue de nous emmener avec lui dans la vie eternelle. Voilà pourquoi il a dit à ses disciples : « Prenez-en tous car ceci est mon corps, et ceci est la coupe de mon sang qui sera répandu pour la multitude en rémission de tous les péchés » (Matthieu, XXVI 26-28). « Ainsi, chaque fois que vous en prendrez, vous le ferez en mémoire de moi » (I Corinthiens, 24.26)… Le Christ est donc présent sur l’autel, le Christ est mis à mort et sacrifié ; le corps et le sang du Christ sont reçus. Lui qui, en ce jour, a donné le pain et la coupe aux disciples, les consacre lui-même aujourd'hui. Non, vraiment, ce n'est pas un homme qui peut consacrer le corps et le sang du Christ posés sur l’autel, mais le Christ en personne, lui qui a été crucifié pour nous. Les paroles sont prononcées par la bouche du prêtre ; le corps et le sang sont consacrés par la puissance et la grâce de Dieu. Aussi garderons-nous purs en toutes choses notre esprit et notre pensée, puisque nous avons un sacrifice pur et saint. Voilà pourquoi nous devons également nous employer à sanctifier nos âmes… Dès lors, nous célébrerons en toute simplicité ces mystères, en faisant attention à ces recommandations, et nous nous approcherons de la table du Christ avec les dispositions qui conviennent, afin de partager éternellement la vie du Christ, lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen (sermon pour le Jeudi-Saint, attribué à saint Augustin, I & III).