2ème dimanche de Carême

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (III 17 - IV 1) [1]

Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l'exemple que nous vous donnons. Car je vous l'ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c'est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c'est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer. Ainsi, mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous, ma joie et ma récompense, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] L'épître aux Philippiens semble être uniquement commandée par l'affection que saint Paul porte à la première communauté qu'il a fondée en Europe. Saint Paul qui laisse parler son cœur tout au long de sa lettre, exprime une grande tendresse envers le Seigneur Jésus. L'apôtre exhorte ses amis à « mener une vie digne de l'Evangile du Christ », c'est-à-dire à suivre le chemin d'humilité de Jésus qui s'est mis au service de ses frères jusqu'à en mourir. Il donne en exemple deux fidèles serviteurs de cet Evangile : Timothée et Epaphrodite. Dans le court extrait lu aujourd’hui, saint Paul se donne aussi en exemple, ce qui peut étonner, voire choquer les bonnes âmes toujours promptes à chercher les défauts des autres. Et pourtant ce n'est pas de la forfanterie. L'apôtre ne vient-il pas de rappeler aux Philippiens qu'il n'a aucun mérite d'avoir tout abandonné pour le Christ ; il a été « saisi » par le Seigneur et il voudrait que ses amis à leur tour vivent la même expérience. Puis brusquement, Paul s'en prend aux « ennemis de la croix » ; de qui s'agit-il ? Il est bien difficile de le dire, mais en se référant au reste de l'épître, on peut penser que saint Paul met les Philippiens en garde contre des compatriotes qui sont venus saper son travail missionnaire. C'est l'occasion pour saint Paul de rappeler que le monde nouveau de Dieu est « déjà là » puisque le Christ est ressuscité. Mais sa manifestation plénière est à venir, aussi le chrétien vit-il sans cesse dans l'attente, non pas une attente passive, mais bien une attente où il s'agit de « tenir bon », c'est-à-dire, comme saint Paul l’a expliqué précédemment, d'imiter Jésus qui « s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix ».