2ème dimanche de Carême

Première lecture

Lecture du livre de la Genèse (XV 5-12, 17-18) [1]

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras ! » Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu'il était juste. Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. » Abraham répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j'en ai la possession ? » Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe ».

Abraham prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abraham les écarta. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s'empara d'Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d'animaux.

Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abraham en ces termes : « A ta descendance je donne le pays que voici. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] La première lecture de ce dimanche laisse transparaître deux des préoccupations majeures de ceux qui racontent l'aventure d'Abraham dans le livre de la Genèse : la « descendance » et le « pays ». Comment, en effet, un peuple peut-il vivre en paix s'il ne possède pas de territoire propre et si sa population ne se renouvelle pas. Au long de leur histoire, après l'apothéose du règne de David, combien de fois les fils d'lsraël n'ont-ils pas craint de se voir déposséder de leur terre par les grandes nations voisines et même de disparaître sous l'effet des guerres et des déportations ? Sans « descendance », sans « pays », il n'est pas de peuple possible. Ce n'est pas assez dire. Ceux qui racontent l'aventure d'Abraham sont des croyants qui crient ici leur foi en un Dieu qui s'est engagé envers eux et de façon unilatérale. Ils disent que Dieu ne peut les abandonner. Malgré les circonstances tragiques qui ont jalonné leur histoire, malgré les occupations étangères et les exils, ils gardent la confiance et ils veulent la communiquer à ceux qui désespèrent ou qui doutent. L'histoire d'Abraham sert à redonner courage pour dire au peuple qu'un avenir est possible malgré les apparences contraires. Elle se transforme en exhortation. Que les fils d’Israël prennent modèle sur Abraham, « lui a qui eut foi dans le Seigneur ». L'aventure d'Abraham qui nous est à nouveau contée, s'élargit à la lumière de la Pâque de Jésus ; elle peut exprimer notre foi en Dieu qui s'est engagé envers l'humanité entière et qui est venu la sauver en Jésus. La foi de ceux qui ont écrit les récits sur Abraham n'a pas menti. C'est bien la vie que Dieu veut pour les hommes, cette vie dont le « pays » et la « descendance » ne sont que l'expression.