32e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du second livre des Martyrs d'Israël1, (VII, 1-2 & 9-14)2.

Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. À coups de fouet et de nerf de bœuf, le roi Antiochus3 voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite4. L'un d'eux déclara au nom de tous : « Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères. »

Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »

Après celui-là, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu'on le lui ordonna, et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse : « C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c'est par lui que j'espère les retrouver. » Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures. Sur le point d'expirer, il parla ainsi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle. »


Textes liturgiques © AELF, Paris

1 Les deux livres des Martyrs d’Israël sont plus connus sous le titre des Livres des Maccabées, du nom de leurs héros principaux, Judas Maccabée et ses frères. Encore qu’ils ne fassent pas partie du canon biblique juif, ces deux livres, sans doute écrits au début du premier siècle avant le Christ, apparaissent dans les listes canoniques de l’Eglise dès le IV° siècle. Ces deux livres ne se font pas suite mais se rapportent à la même période historique (le premier de 175 à 135, le second de 175 à 161) et traitent du conflit entre le judaïsme et l’hellénisme, montrant comment les Maccabées assurèrent l’autonomie des Juifs et la liberté de leur culte gravement menacés par Antiochus Epiphane et ses successeurs.

2 En un langage assez lyrique, I'auteur du second livre des Maccabées raconte, dans le contexte de la persécution d'Antiochus Epiphane contre les Juifs, le martyre de sept frères et de leur mère, mis à mort pour avoir refusé de manger de la viande de porc, interdite par la Loi. L'intérêt de ce chapitre réside dans les réflexions faites par ces hommes et leur mère au moment de leur supplice : l’auteur y fait passer sa théologie. On retient aujourd'hui les réflexions des 2°, 3° et 4° frères, à cause de la foi en la résurrection dont elles témoignent. Au II° siècle avant Jésus Christ, le judaïsme est parvenu à cette conviction que la vie humaine, interrompue par la mort, doit reprendre grâce à la résurrection. Sans doute la représentation en reste encore imparfaite, mais elle prépare la doctrine décisive du Nouveau Testament. Notons le message qui nous est ici livré : la résurrection se prépare par la fidélité à la loi ; cette fidélité vaut bien le renoncement à la vie terrestre, puisque la résurrection est à l’horizon.

3 Antiochus IV Epiphane, fils d’Antiochus III Mégas (223-187), succéda à son frère, Séleucus IV (175). C’est parce qu’il avait introduit sa statue dans le Temple de Jérusalem et ordonné qu’on y célébrât des anniversaires royaux, accompagnés des rites dionysiaques et des repas sacrés, que Matathias (166) leva la révolte des Juifs, continuée par ses fils, Judas Maccabée et ses frères : Jean, Simon, Eléazar et Jonathan ; Simon engendra la dynastie des Asmonéens qui règnera sur les Juifs jusqu’à ce qu’Hérode le Grand qui avait épousé la princesse Mariamme, les remplaçât.

4 Le porc domestique ou sauvage (sanglier : Psaume LXXX 14), sont des animaux impurs (Lévitique, XI 7 ; Deutéronome, XIV 8) ; la transgression sévèrement condamnée de cette loi était considérée comme une apostasie du judaïsme. L'horreur que les Juifs montraient pour la viande de porc n'est pas spécifiquement juive ; on la rencontre dans tout l'ancien Orient. A l'époque gréco-romaine où l'élevage des porcs était répandu dans la Décapole (Marc, V 11), les garder était considéré comme un travail auquel on recourait en cas d'extrême nécessité (Luc, XV 15).