22e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de l’épître aux Hébreux, (XII, 18-19,22-24)1.

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, il n'y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d'obscurité, de ténèbres, ni d'ouragan, pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d'Israël demandèrent à ne plus entendre. Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d'anges en fête et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une alliance nouvelle.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Les premières communautés chrétiennes firent d’autant plus l’expérience de l’humilité que les événements fondateurs de l'Alliance Nouvelle qui n'avaient pas l'éclat extérieur de ceux du tonnerre et des clairs du Sinaï, étaient surtout intérieurs, de l'ordre de la foi. Elles s’inscrivent dans la continuité de la montagne de Sion, mais devenue la Jérusalem céleste. Alors qu'au Sinaï Dieu ne se manifestait que par signes matériel, vous êtes venus vers Jésus : la nouveauté est d'accéder au Christ lui-même, Fils de Dieu, et, venir à lui, c'est venir à la multitude, puisque la foi nous fait entrer dans la communion des saints. Nous lisons aujourd'hui et pour la dernière fois de cette année liturgique, un passage de ce grandiose exposé théologique où l'Eglise du premier siècle a su transposer toute la symbolique venue de l'Ancien Testament en une contemplation du chemin que Jésus nous ouvre vers Dieu. Aux théophanies visibles et terrifiantes, comme celle du Sinaï, a succédé la communion du chrétien, dans la foi, à l'Eglise céleste. Si on lisait le texte complet (avec les versets 20, 21 et du verset 24 à la fin du chapitre dont on nous a privés) on évoquerait la terreur des interdits protégeant sous peine de mort le Lieu sacré et celle des châtiments ou encore le rôle du sang sacrificiel. Or nous avons toujours besoin de réapprendre que Dieu est un feu dévorant et qu'il faut envisager avec lui soit de tout gagner, soit de tout perdre : « prenez garde de repousser Celui qui parle. Car si ceux-là n’échappèrent pas, qui repoussaient celui qui rendait des oracles sur terre, à combien à plus forte raison n’échapperons-nous pas, si nous nous détournons de Celui des cieux. Celui dont la voix jadis ébranla la terre a fait maintenant cette promesse : «Encore une fois, moi je secouerai non seulement la terre, mais aussi le ciel.» Encore une fois, ces mots l’indiquent : les choses ébranlées vont être changées, parce que créées, pour que demeurent celles qui sont inébranlables. C’est pourquoi, puisque nous recevons un Royaume inébranlable, ayons de la reconnaissance, et par elle rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et crainte; car notre Dieu est un feu dévorant ».