19e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre de la Sagesse[1] (XVIII 6-9)[2].

La nuit de la délivrance pascale avait été connue d'avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais pour nous donner ta gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le livre de la Sagesse ainsi appelé par la tradition latine de la Vulgate, d’après saint Jérôme, fut intitulé, dans la Septante : « Sagesse de Salomon » ; c’est l’un des cinq livres sapientiaux de l’Ancien Testatement. Il est pratiquement sûr que ce livre fut écrit en grec par un juif qui se donnait pour le roi Salomon, mais qui vivait à Alexandrie. Comme il utilise la traduction des Septantes qui n’ont guère achevé leur traduction avant le début du troisième siècle avant Jésus-Christ, on ne peut regarder le Livre de la Sagesse comme antérieur à cette date ; par ailleurs, comme il ignore tout des idées de Philon qui vécut entre 20 avant Jésus-Christ et 54 après Jésus-Christ, on ne peut le dater après la dernière moitié du premier siècle avant Jésus-Christ ; enfin, comme il se situe dans une période où les juifs d’Alexandrie sont soumis à des tracas qui ne commencèrent à que sous Ptolémée VII Physcon (146-117) et surtout sous Ptolémée VIII (117-81), il faut dater le Livre de la Sagesse de cette époque ou, au plus tard, de la dernière moitié du premier siècle avant le Christ.

[2] Depuis la fin du dixième chapitre, l'auteur du Livre de la Sagesse développe une relecture des événements de l'Exode. Alors que les impies croyaient tenir en leurs mains la nation sainte (Sagesse, XVII 2), la situation se retourna contre eux. Alors que les Egyptiens avaient voulu exterminer les petits enfants (Sagesse, XVIII 5-6), pensant avoir réduit à néant le peuple hébreu, ce furent leurs premiers-nés qui furent exterminés. L'eau de la Mer des Roseaux fut également rougie du sang de ceux qui s’y noyèrent en poursuivant les Hébreux. La délivrance pascale consiste en un renversement de situation : la ruine des ennemis d'un côté, et le salut des justes de l'autre. Les justes sont dans la main de Dieu, et rien de mal ne peut leur arriver de façon définitive. Les Pères ont vu cette victoire d'avance, les patriarches ont eu cette prescience de l'Exode. L'auteur du Livre de la Sagesse pense qu'Abraham a vu d'avance cette nuit de délivrance. D'ailleurs, Jésus s'exprimera de la même manière: « Abraham a vu mon jour et s'est réjoui » (évangile selon saint Jean, VIII 56). Il y a une continuité dans l'histoire du salut due à l'action de la Sagesse. La Pâque est son œuvre. Il est intéressant de noter que cette alliance est consacrée par un juste sacrifice qui a une triple conséquence : un accord commun du peuple sur la Loi divine ; un partage pour le meilleur et pour le pire ; une louange unanime en lien avec la tradition des Pères. La Pâque est ici un repas pris à la maison, en secret, le sacrifice familial de l'agneau pascal. C'est la Nuit où Dieu accomplit les promesses faites aux Pères : Dieu donne sa gloire et le peuple est dans la joie. On voit bien le contraste entre les « fidèles descendants des justes » bénis de Dieu, à l'abri de la détresse dans leurs maisons, et ceux qui sont au dehors dans la mort et l'angoisse : lumière pour ceux qui sont dans la maison, ténèbres et obscurité pour ceux qui n'en sont pas.