13e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du premier livre des Rois (XIX 16 & 19-21).

Le Seigneur avait dit au prophète Elie[1] ; « Tu consacreras Elisée[2], fils de Shafate, comme prophète pour te succéder ». Elie s'en alla. Il trouva Elisée, fils de Shafate, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième.

Elie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Elisée quitta ses bœufs, courut derrière Elie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai ». Elie répondit : « Va-t-en, retourne là-bas ! Je n'ai rien fait ». Alors Elisée s'en retourna ; mais il prit la paire de bœufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l'attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Elie[3] et se mit à son service[4].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Elie, dont le nom signifie Yahvé est (mon) Dieu, est originaire de Tishbé en Galaad ; les principaux épisodes de sa vie sont : l'envoi de la sécheresse ; la retraite au torrent de Kerit ; le miracle de la farine et de l'huile chez la veuve de Sarepta ; la résurrection du fils de la veuve ; le massacre des prêtres de Baal sur le mont Carmel ; la rencontre avec Dieu sur l'Horeb ; l'appel d'Elisée ; l'annonce du châtiment d'Achab ; l'annonce de la mort d'Ochozias ; l'enlèvement au ciel sur un char de feu.

[2] Elisée dont le nom signifie Dieu a aidé, fils de Shaphat d'Abel-Mehola est le disciple et le successeur d'Elie. Elisée exerça le ministère prophétique dans le royaume du Nord depuis la fin du règne d’Achab jusqu’à celui de Joas, environ de 855 à 795.

[3] Elie « prend possession » d'Elisée. C'est la signification du jet du manteau. Elisée ne peut plus rien, même les affections humaines passent au second plan. Elisée ne peut plus se dérober. En détruisant sa charrue et ses bœufs, il marque sa renonciation à son premier état. Que le Seigneur nous appelle et nous repoussons à demain ! Est-il pourtant celui que nous aimons ? Si oui, des ruptures sont nécessaires pour vivre avec lui.

[4] Les rédacteurs des Livres des Rois sont soucieux de souligner l'importance du prophétisme dans la vie du peuple d'lsraël. Les prophètes n'on-t-ils pas permis à la foi au Dieu des pères de survivre malgré les menaces d'un paganisme envahissant ? N'ont-ils pas rappelé sans cesse que le Seigneur est le véritable roi de son peuple, et qu'il accorde sûrement sa bénédiction à ses fidèles. Pour mettre en relief ces données de foi, des traditions sur les prophètes, spécialement Elie, Elisée et Isaïe, ont été rassemblées et insérées dans la relecture de l'histoire des rois. Derrière le pittoresque apparent du récit de l'appel d'Elisée par Elie se décèle toute une théologie :

- Par l'appel des différents prophètes qui se succèdent (ici Elisée prend la succession d'Elie), Dieu réalise son projet dévoilé par le prophète Moïse.

- Dieu est à l'origine de l'appel.

- L'appel de Dieu est exigeant et réclame une rupture radicale avec sa vie passée.

- Cependant l'appelé reste libre de « suivre », ou non son « maître ».

Ce petit récit schématique a sans doute servi d'homélie dans les cercles prophétiques du royaume du nord. On comprend que les évangélistes s'en soit servi comme modèle pour les appels des disciples par Jésus.