5e dimanche des temps ordinaires

Epître

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XV 1-11)[1]

Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Evangile, vous l'avez reçu, et vous y restez attachés ; vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé ; autrement, c'est pour rien que vous êtes devenus croyants. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures, et il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore vivants, et quelques uns sont morts - ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. En tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis. Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile : je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi. Bref, qu'il s'agisse de moi ou des autres, voilà notre message, et voilà votre foi.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Saint apôtre Paul transmet l'Evangile qu'il a reçu, auquel il joint son témoignage. Ainsi se construit la tradition vivante à laquelle saint Paul invite les chrétiens corinthiens à se tenir avec fermeté. Evangile et tradition vivante se conjuguent en un credo dynamique relié par la grâce à l'Ecriture et à l'histoire. Au commencement, le Christ. Mort puis ressuscité, accomplissant les Ecritures, il est apparu aux témoins de base : Pierre, les Douze, les Cinq-Cents. Quant à saint Jacques, seul l’évangile apocryphe aux Hébreux nous indique qu'il a eu une rencontre particulière avec le Christ ressuscité. En concluant par les Apôtres, saint Paul se situe dans leur lignée. Parce que, sur le chemin de Damas, lui aussi, il a rencontré le Christ ressuscité, il est solidaire des autres témoins oculaires, selon l'expression de saint Luc. Comme le prophète Isaïe (dont a tout à l’heure lu le récit de la vocation), Paul a été purifié de son péché, de son aveuglement. La grâce de cette purification a fait du persécuteur un apôtre. Quel que soit le chemin qui conduit au Christ, c'est le même Evangile, le même credo. Que les Corinthiens soient bien conscients de cette unité fondamentale, et qu’ils ne se déchirent pas, les uns pour Pierre, ceux-ci pour Apollos, ceux-là pour Paul. Il faut tenir à l'essentiel (I Corinthiens III 1-13) : le Christ ressuscité. Le témoignage de saint Paul n’a de valeur que parce qu'il s’inscrit dans la ligne de la tradition. Même avorton, même le dernier de la liste, ce qui accrédite sa parole, ses écrits, c'est sa solidarité avec les Apôtres. Il a « reçu », il a « transmis » selon le langage rabbinique : « Moïse reçut la Torah et la transmit à Josué ; Josué aux Anciens ; ceux-ci aux prophètes ; ceux-ci aux hommes de la Grande Synagogue... » (Traité Pirqé Abot). Les Corinthiens qui, dans la continuité, ont reçu et transmis, seraient vains s’ils ne restaient dans la fidélité. Il y a trois registres, trois histoires qui se sont imbriqués : moi, vous, et Lui. Paul, les Corinthiens, le Christ, c'est l'Évangile, le salut en marche selon les Ecritures.