4e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (IV 21-30).

Dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l'Ecriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit ». Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »[1] Mais il leur dit : « Sûrement vous aller me citer le dicton : Médecin, guéris-toi toi-même ’. Nous avons appris tout ce qui s'est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays ! »[2] Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis, aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays[3]. En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Elie n'a été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien vers une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Elisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien »[4].

A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux[5]. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville[6], et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin[7].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » (évangile selon saint Marc, VI 2-3)

L'envie est fréquente entre habitants d'un même pays. On se souvient de l'enfance de celui que l'on juge, comme si on n'avait pas passé soi-même par cet âge (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, XIII 57).

L'envie entre donc dans le cœur et les met en opposition avec le Christ (saint Jean Chrysostome : homélie XLIX sur l’évangile selon saint Matthieu).

Il avaient admiré sa sagesse, ses œuvres, sa parole ; mais ils ont connu ses parents, et cette proximité les empêche de reconnaître sa divinité. Un épais nuage devant le soleil, la nuit elle-même n'amènent pas autant de ténèbres dans le ciel que l'envie dans une âme (saint Pierre Chrysologue : sermon XLVIII).

[2] Elle n'avait pas été jugée indigne de recevoir le Fils de Dieu descendant sur terre et par cette passion de l'envie elle se rend indigne des œuvres de celui qui était l'un de ses enfants. Afin que l'on ne se regarde pas comme obligé de se défaire de l'amour de son pays, il montre le vrai motif pour lequel il n'a pas accompli de miracles dans son pays. Celui qui aimait tous les hommes ne pouvait pas ne pas aimer ses concitoyens ; mais leur envie fit obstacle à son amour (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 45).

Insensés qui chassent celui qui leur apportait le salut ! J. -C., qui a enseigné à ses Apôtres par son exemple à se faire tout à tous, ne repousse aucun de ceux qui ont bonne volonté, mais il ne s'empare de personne malgré lui ; il ne résiste point à ceux qui le chassent, et il ne fait jamais défaut à ceux qui l'appellent (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 49).

[3] Ils étaient insensés de ne pas comprendre que s'il était réellement le fils de Joseph, la bassesse de son extraction ne faisait que le relever davantage et relever la grâce qui était en lui (saint Jean Chrysostome : homélie XLIX sur l’évangile selon saint Matthieu).

[4] L'objection, reproduite plus tard, notamment par Celse, prouve que Jésus-Christ s'élevait au-dessus des conditions de la nature humaine, et était vraiment le Dieu annoncé par les prophètes. L'illustration de la naissance, le rang de la famille, la faculté des parents riches de donner à leurs enfants une éducation brillante, une patrie illustre, tout cela sert beaucoup à la grandeur d'un homme. Mais celui qui, placé dans des conditions défavorables, peut percer malgré tous les obstacles, remplir la terre du bruit de son nom, et qui arrive à ce résultat par lui-même, par ses œuvres, et avec une entière certitude, celui-là ne mérite-t-il pas l'admiration ? Comment cet homme élevé pauvre, en dehors des études où l'on apprend la science de persuader, a-t-il osé promulguer de nouveaux dogmes, imposer au genre humain une doctrine qui, tout en gardant les prophéties, détruisait les rites juifs, et la religion des Grecs ? Comment cet homme sans aucune préparation a-t-il pu révéler sur le jugement de Dieu, sur le châtiment du vice et la récompense de la vertu, une doctrine propre à gagner non seulement les simples, mais encore beaucoup d'intelligences élevées ?... Notre Jésus à qui on fait honte de la pauvreté de sa mère, de sa fuite en Egypte, a remué le monde par son nom plus qu'aucun grand homme. Parmi les grands hommes, il en est peu qui soient grands par plusieurs côtés à la fois ; l'un est célèbre par sa sagesse, l'autre par ses vertus militaires, d'autres par d'autres qualités ; Jésus s'est rendu admirable et par sa sagesse, et par ses miracles, et par l'autorité avec laquelle il commandait. Il s'est fait des adhérents, non comme un tyran qui s'impose, ni comme un chef de voleurs qui arme ses compagnons contre d'autres hommes, ni comme un riche qui gagne les cœurs par ses largesses : il s'est montré le vrai docteur, enseignant aux hommes ce qu'ils doivent penser de Dieu, quel culte ils sont tenus de lui rendre, et quelle morale ils doivent pratiquer pour se rapprocher de lui (Origène : « Contre Celse », I 29 & 30).

[5] Insensés qui chassent celui qui leur apportait le salut ! J. -C., qui a enseigné à ses Apôtres par son exemple à se faire tout à tous, ne repousse aucun de ceux qui ont bonne volonté, mais il ne s'empare de personne malgré lui ; il ne résiste point à ceux qui le chassent, et il ne fait jamais défaut à ceux qui l'appellent (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 49).

[6] C'était un homme qui apparaissait d'humble condition aux Juifs sans intelligence ; or maintenant c'est un Dieu véritable qui nous est prêché (...) Maintenant les rois et les princes l'adorent comme le Fils de Dieu, vrai Dieu lui-même, qui a glorifié et glorifie ceux qui l'adorent en esprit et en vérité, même s'il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d'argile, il les rend de fer, les place au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d'altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s'est montré totalement homme, en n'offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s'est fatigué ; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché. Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n'aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s'il avait été présent, s'il l'avait vu lui-même et entendu prêcher. il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l’aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l’aurait blasphémé (Syméon le Nouveau Théologien : Catéchèses, XXIX).


Syméon le Nouveau Théologien, aristocrate né en 949 à Galate, fut, à Constantinople, sénateur et chambellan, puis moine de Stotidios (977) et de Saint-Mamas. Prêtre (980), higoumène (981), il réforme le monastère dont les moines se révoltent (995-998). Les choses étant rentrées dans l’ordre, Syméon, contesté par le patriarche, démissionne (1005). Exilé par le patriarche Serge dans la région de Scutari où il mourut (1022), il y écrivit une grande partie de son œuvre.

[7] On comprendra, quand il subira sa passion, qu’il la subit volontairement ; en ce moment, il ne veut qu’une chose, que ces malheureux reviennent à résipiscence, que devant leur impuissance, ils cessent de vouloir ce qu’ils ne peuvent accomplir (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc IV 56).