Ascension du Seigneur

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (XVI 15-20).

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé[1] ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants[2] : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s'en trouveront bien.[3] »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu[4]. Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle[5]. Le Seigneur travaillait avec eux[6] et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient[7].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Peut-être tel ou tel d'entre vous se dit-il : Moi, j'ai cru ; je serai donc sauvé. C'est vrai, si sa foi se traduit dans la pratique. Car la foi véritable est celle qui ne laisse pas contredire par des actes ce qu'elle affirme par des mots. Voilà qui explique ces paroles de saint Paul sur ces gens qui n'ont la foi qu'en apparence : « Ils font profession de connaître Dieu, mais, par leur conduite, ils le renient » (épître de saint Paul à Tite, I 16). Et saint Jean : « Celui qui dit : Je le connais, et ne garde pas ses commandements est un menteur » (première épître de saint Jean, II 4). C'est donc en examinant notre vie que nous devons mesurer l'authenticité de notre foi. Nous ne sommes véritablement des croyants que si nous réalisons dans nos actes ce que nous promettons dans nos paroles (saint Grégoire le Grand : homélie sur les péricopes évangéliques, XXIX 5).

[2] Ces signes ne sont pas des miracles opérés par les apôtres, mais par ceux de leurs auditeurs qui auront cru en leur prédication ; ces signes ont pour rôle de confirmer la parole des apôtres. Si les apôtres ont le don des miracles, c’est parce qu'ils sont les premiers croyants : « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes » (évangile selon saint Jean, XIV 12). Jésus avait exercé ses disciples les plus intimes à user des pouvoirs de guérison et d'exorcisme (évangile selon saint Matthieu, X 8 ; évangile selon saint Marc, III 15 & VI 13 ; évangile selon saint Luc, IX 1 & X 9). Cependant, les charismes de thaumaturge, d'exorciste, de glossolaie seront accordés à de simp1es fidèles (première épître de saint Paul aux Corinthiens, XII 28-30), voire parfois à des disciples non déclarés (évangile selon saint Marc,IX 38-40). Outre les Onze, d'autres « apôtres » jouiront des mêmes dons, notamment saint Paul et saint Barnabé (Actes des Apôtres, XIV 3, 10). Les prodiges qui accompagneront et confirmeront la prédication des apôtres, ne seront pas toujours opérés par leurs mains, le Saint-Esprit agira plusieurs fois directement dans et par leurs auditeurs (Actes des Apôtres, X 44-46 ; épître de saint Paul aux Galates, III 4-5). Saint Paul chasse les esprits mauvais (Actes des Apôtres, XVI 18) et secoue tranquillement une vipère qui s'était attachée à sa main (Actes des Apôtres, XXVIII 3-5). Corneille et les siens (Actes des Apôtres, X 44-46), les Johannites d'Ephèse (Actes des Apôtres, XIX 6), comme les Corinthiens (première épître de saint Paul aux Corinthiens, XIV) et Paul lui-même (première épître de saint Paul aux Corinthiens, XIV 18), parlent un langage extatique. Par l'imposition des mains, Ananie guérit Paul (Actes des Apôtres, IX 12.17), et Paul guérit le père de Publius (Actes des Apôtres, XXVIII 8). Au dire de Papias, le Justus qui fut en concurrence avec Matthias pour le remplacement de Judas (Actes des Apôtes, I 23), « aurait bu un poison mortel et n'aurait éprouvé aucun désagrément par la grâce du Seigneur » (Eusèbe de Césarée : « Histoire ecclésiastique », III 39).

[3] Chaque jour l’Eglise fait spirituellement ce que les Apôtres ont fait d'une façon visible. Quand, par ses exorcismes, elle empêche le démon d'habiter dans l'esprit des fidèles, ne chasse-t-elle pas les démons ? Ceux qui renonçant au langage du monde savent chanter les saints mystères, célébrer la puissance et les gloires du Créateur, ne parlent-ils pas des langues nouvelles ? Ceux qui par leurs exhortations enlèvent la malice qui est dans les cœurs, ne les délivrent-ils pas des serpents ? Et ceux qui entendant des conseils pernicieux savent y résister, ne boivent-ils pas, sans en être incommodés, un breuvage mortel ? Et ceux qui par leurs exemples affermissent dans le bien les âmes chancelantes, ne guérissent-ils pas les malades par l`imposition de leurs mains ? Ces miracles sont d'autant plus grands qu'ils sont plus spirituels, d'autant plus grands qu'ils relèvent les âmes et non plus les corps, d`autant plus précieux qu'ils produisent la sainteté en ceux-là mêmes qui les accomplissent. C’est pourquoi les méchants peuvent quelquefois opérer des miracles extérieurs, les bons seuls peuvent accomplir ces miracles spirituels. Estimez donc par dessus tout le reste, mes frères, ces miracles de la charité et de la piété (saint Grégoire le Grand : homélies sur les péricopes évangéliques, XXIX 4).

[4] Il repartait ainsi vers le lieu d'où il était, il revenait d'un lieu où il continuait de séjourner : en effet, au moment où il montait au Ciel avec son humanité, il unissait par sa divinité à la fois le Ciel et la terre. Ce que nous avons à remarquer sérieusement dans la solennité d'aujourd'hui, frères très aimés, c'est la suppression du décret qui nous condamnait et du jugement qui nous vouait à la corruption. En effet, la nature à qui s'adressait ces mots : « Tu es terre, et tu retourneras à la terre » (Genèse, III 19), cette nature est aujourd'hui montée au Ciel avec le Christ. Voilà pourquoi, frères très aimés, il nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi au fait que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour ; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Par conséquent, que personne ne néglige le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que cela lui est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant ce jugement. Voilà, mes frères, ce qui doit guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélies sur les péricopes évangéliques, XXIX 10-11).

[5] Le Seigneur a refleuri lorsqu’il est ressuscité du tombeau. Il fructifie lorsqu’il monte au ciel (saint Maxime de Turin : homélie sur l’Ascension).

[6] Il s'en allait en tant qu'homme, et il demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de cette présence restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur coeur ? (Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1).

[7] Si vous voulez comprendre vous aussi vous serez les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l'esprit d'impureté mais craignant le jugement de Jésus-Christ vous avez voulu conserver intacte la pureté de votre âme et de votre corps : vous êtes les témoins de Jésus-Christ. Vous êtes tentés par l’esprit d’avarice qui vous porte à usurper sur les droits du faible mais vous souvenant des préceptes divins vous êtes résolus à prêter votre assistance plutôt qu'à commettre une injustice : vous êtes les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l’esprit de superbe mais voyant votre Sauveur pauvre et humble votre cœur est touché et vous choisissez l'humilité plutôt que l'arrogance : vous êtes les témoins du Christ, non seulement les témoins de ce qu'il a dit mais de ce qu'il a fait (...) Combien chaque jour sont nombreux ces martyrs du Christ qui lui rendent témoignage dans le secret ! (saint Ambroise : commentaire du psaume CXVIII, sermon XX 47-48).