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6ème dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres (X 25-26, 34-35, 44-48)[1] Quand Pierre arriva à Césarée[2] chez Corneille[3], centurion de l'armée romaine[4], celui-ci vint à sa rencontre et, de jetant à ses pieds, il se prosterna[5]. Mais Pierre le releva et lui dit : « Reste debout. Je ne suis qu'un homme, moi aussi. » Puis il s'adressa à ceux qui étaient là : « En vérité, je le comprends. Dieu ne fait pas de différence entre les hommes : mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. » Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint s'empara de tous ceux qui écoutaient la Parole[6]. Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l'Esprit Saint. Car on les entendait dire des paroles mystérieuses et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Pourrait-on refuser l'eau du baptême à ces gens qui ont reçu l'Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l'ordre de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux. Textes liturgiques © AELF, Paris [1] Ce passage des Actes des Apôtres expose un événement décisif du livre et de l'histoire de l'Eglise primitive : l'admission d'un païen au Baptême sans qu’il soit question d'appartenance au culte juif. Or cette religion venant de la Loi de Dieu était encore pratiquée normalement par les chrétiens de Jérusalem, puisqu'ils étaient israélites. Les règles rituelles d'alors imposaient aux fidèles juifs voulant rester « purs » de nombreux interdits alimentaires ou sociaux en plus de la circoncision, de la pratique sabbatique et des lois cultuelles ; par exemple l’interdiction d'entrer chez un païen car cela rend impur. Il fallut donc toute une vision et des paroles célestes pour que saint Pierre se sentît obligé par Dieu de ne pas appliquer les règles juives de « pureté » (rituelle) et d'entrer dans la maison d'un non-juif. « Vous savez comme il est illicite pour un juif de frayer avec un étranger ou de l’approcher, mais Dieu m’a montré à moi qu’il ne faut appeler aucun homme souillé ou impur. Voilà pourquoi, sans discuter, je suis venu à votre appel » (versets 28 & 29). [2] Il s’agit de la Césarée maritime (l’actuelle Qaisarye), port situé sur la côte méditerranéenne, à trente-six kilomètres au sud de Haïfa. Fondée au quatrième siècle avant Jésus Christ par le roi phénicien de Sidon, elle était alors appelée Straton ou Tour de Straton. Devenue romaine sous Pompée, Auguste, trente ans avant Jésus Christ, la donna au roi Hérode qui mit douze ans à la rebâtir à la manière grecque ; Hérode appela le port Sébastos (équivalent grec d’Auguste) et en fit le plus important de son royaume. Après la mort d’Hérode, Césarée échut à son fils Archélaüs qui la perdit lors de son exil (six ans après Jésus Christ) où elle devint la capitale de la Palestine romaine, siège officiel du procurateur, centre de l’administration romaine et base de cantonnement des troupes. [3] Corneille, « centurion de la cohorte appelée Italique. Il était pieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, faisait au peuple d’abondantes aumônes et priait Dieu constamment. Il vit clairement dans une vision, vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu entrer chez lui et lui dire : Corneille ! Les yeux fixés sur l’ange et saisi de peur, il dit : Qu’y a-t-il Seigneur ? L’ange lui répondit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémorial devant Dieu. Et maintenant, envoie des hommes à Joppé et fais venir un certaint Simon, qui est surnommé Pierre ; il loge chez un certaint Simon, corroyeur, qui a une maison près de la mer. Quand fut parti l’ange qui lui parlait, Corneille appela deux de ses domestiques et un soldat pieux, de ce qui lui étaient attachés, et après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé » (Actes des Apôtres, X 1-8). Des traditions dont les Constitutions apostoliques, assurent que Corneille fut évêque de Césarée où il succéda à Zachée. Les églises d’Orient fêtent saint Corneille le 13 septembre, et les églises d’Occident le fêtent le 2 février. [4] Un centurion (ou centenier) est un officier subalterne qui commande la plus petite unité de l’infanterie romaine, composée de soixante à cent hommes. Certaines légions ou cohortes de l’armée romaine sont surnommées « italique » pour rappeler que leur recrutement s’est fait en Italie. [5] Cette prostration n’est certainement pas de la part de Corneille un acte d’adoration, car il croit au vrai Dieu et n’ignore pas que lui seul doit être adoré. Il s’agit plutôt d’une marque de respect envers celui que Dieu lui-même envoie, s’inspirant d’usages orientaux auxquels les Romains ne se pliaient pas ordinairement. [6] La nouveauté est que Dieu a envoyé son Fils pour nous communiquer tous ses dons de Vie par son Esprit. Est-ce, en continuation de tous les privilèges d'Israël, un don réservé à ce peuple choisi ? On le pensait à Jérusalem, mais Dieu, ici, dit le contraire. L'Esprit « tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole » (verset 44), les parents et amis (païens) de Corneille (verset 24), en raison de leur foi en la Parole, donc en Jésus. Signe de l'Esprit : le don de « parler en (nouveaux) langages » pour louer Dieu. |