5ème dimanche de Pâques

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (IX 26-31)[1]

Après sa conversion, Paul vint à Jérusalem. Il cherchait à entrer dans le groupe des disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne pouvaient pas croire que lui aussi était un disciple du Christ. Alors Barnabé[2] le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta ce qui s'était passé : sur la route, Paul avait vu le Seigneur qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Paul allait et venait dans Jérusalem avec les Apôtres, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Les frères l'apprirent ; alors ils l'accompagnèrent jusqu’à Césarée[3], et le firent partir pour Tarse. L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l'assistance de l'Esprit Saint.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Contrairement à ce que suggère les premier mots de ce texte, la première démarche de saint Paul, après sa conversion, ne fut pas de monter à Jérusalem, mais de s'initier à la foi chrétienne « avec les disciples de Damas » (Actes des Apôtres, IX 19), puis de prêcher dans les synagogues (Actes des Apôtres, IX 20-22). Il ne vint à Jérusalem qu’après avoir prêché en Arabie, et être revernu à Damas (épître de saint Paul aux Galates, I 17) d’où il dut s’échapper pour n’être pas tué (Actes des Apôtres, IX 25 ; deuxième épître de saint Paul aux Corinthiens, XI 32-33). Sa montée à Jérusalem, quelques années après sa conversion, est un besoin de reconnaissance par l'Eglise-mère. Grâce à l'introduction de Barnabé, il se fait reconnaître par les apôtres. Ce petit passage préfigure ce que sera le destin de saint Paul dans la primitive Eglise : celui d'un homme solitaire. D'un côté, il aura à subir la persécution de ses frères juifs qui le pourchasseront jusqu'au bout pour avoir déserté sa première foi ; de l'autre, il se heurtera à l'hostilité de la tendance judéo-chrétienne de l'Eglise qui comprendra mal les ouvertures de Paul vers le monde païen et cherchera à les combattre. Celui qui persécutait les chrétiens quand il était un juif fervent, prêchait passionnément pour qu'on quittât le judaisme afin d'adhérer totalement à Jésus. Le passage d'aujourd'hui, dans sa brièveté, dit l'essentiel : Paul a été converti brutalement et totalement retourné en voyant, ressuscité et vivant, ce Jésus qu’il persécutait. On se souviendra qu'il est dit plus haut, dans les Actes des Apôtres, que Paul était craint et célèbre à Jérusalem comme persécuteur des chrétiens, alors que Barnabé, au contraire, était un chrétien renommé pour avoir donné tous ses biens à l'Eglise (Actes des Apôtres, IV 36 s). Prêcher « au Nom de Jésus », c'est affirmer que Jésus sauve. Paul en concluait que passer encore par le culte du Temple et les observances juives était désormais inutile et néfaste (Actes des Apôtres, XIII 38). Affirrner cela lui vaudra d'être constamment persécuté à mort par les tenants du judaïsme. Cette fois-ci, il leur échappe en rentrant dans sa ville natale, Tarse.

[2] Barnabé était un juif de la tribu de Lévi, né dans l’île de Chypre où une importante colonie juive s’était installée à l’époque d’Alexandre le Grand. Il reçut dans sa jeunesse une culture hellénique. Il vint à Jérusalem et fit partie de la première communauté chrétienne : « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé - ce qui veut dire fils de consolation - lévite originaire de Chypre, possédait un champ ; il le vendit, apporta l’argent et le déposa au pied des apôtres » (Actes des Apôtres, IV 36-37). Dès lors, tout au long de ses courses apostoliques, il vécut du travail de ses mains (première épître de Saint Paul aux Corinthiens, IX 6). Certaines traditions affirment que Barnabé étudia la torah à l’école de Gamaliel, à Tarse où il rencontra Saul qui devint saint Paul. Toujours est-il que c’est Barnabé qui présenta Paul à Jérusalem : « Barnabé l’ayant pris avec lui, le mena aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur qui lui avait parlé et avec quel courage il avait à Damas prêché le nom de Jésus » (Actes des Apôtres IX 27). Les apôtres envoyèrent Barnabé à Antioche où il fit venir Paul. Ensuite, ils furent envoyés ensemble à Chypre puis en Galatie méridionale (Pergé, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé) d’où ils revinrent à Antioche. Ils furent encore ensemble au concile de Jérusalem dont, avec Jude-Barsabbas et Silas, ils portèrent les décisions à Antioche. Alors que Paul partait avec Silas pour son second voyage, Barnabé, accompagné de Jean-Marc, retournait à Chypre où, d’après les traditions il mourut martyr.

[3] Il s’agit de la Césarée maritime (l’actuelle Qaisarye), port situé sur la côte méditerranéenne, à trente-six kilomètres au sud de Haïfa. Fondée au quatrième siècle avant Jésus Christ par le roi phénicien de Sidon, elle était alors appelée Straton ou Tour de Straton. Devenue romaine sous Pompée, Auguste, trente ans avant Jésus Christ, la donna au roi Hérode qui mit douze ans à la rebâtir à la manière grecque ; Hérode appela le port Sébastos (équivalent grec d’Auguste) et en fit le plus important de son royaume. Après la mort d’Hérode, Césarée échut à son fils Archélaüs qui la perdit lors de son exil (six ans après Jésus Christ) où elle devint la capitale de la Palestine romaine, siège officiel du procurateur, centre de l’administration romaine et base de cantonnement des troupes.