4e dimanche de l'Avent

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (I 26-38).

L'Ange Gabriel[1] fut envoyé par Dieu[2] dans une ville de Galilée, appelée Nazareth[3], à une jeune fille, une vierge[4], accordée en mariage[5] à un homme de la maison de David, appelé Joseph[6] ; et le nom de la jeune fille était Marie.

L'Ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce[7], le Seigneur est avec toi[8]. »

A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'Ange lui dit alors : « Sois sans crainte[9], Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donnera le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David[10] son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob[11], et son règne n'aura pas de fin. » Marie dit à l'Ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L'Ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu[12]. Et voici qu'Elisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait  la femme stérile . Car rien n'est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l'Ange la quitta[13].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Ce n'est pas un ange quelconque, c'est l'Archange Gabriel qui est envoyé : il convenait que pour annoncer le mystère qui est le sommet de toutes choses, un des anges les plus élevés fût envoyé. Gabriel, veut dire : « la force de Dieu » ; il fallait que la force de Dieu annonçât ce Dieu des vertus qui venait détruire l'empire des esprits mauvais (saint Grégoire le Grand : homélie XXXIV).

On croit que Gabriel était l’archange à qui la Vierge avait été confiée depuis sa naissance et que seul il connut le dessein de Dieu à son égard (saint Bernard : traité sur le Baptême, XXI).

[2] Les Anges viennent vers nous, mais ils ne viennent pas d'eux-mêmes, ni pour nous donner des ordres en leur nom personnel ; ils sont avant tout occupés à l'adoration de Dieu et quand ils viennent vers nous, c'est là pour eux une occupation accessoire (saint Basile : commentaire d’Isaïe, VI 185).

Pour l'œuvre de cette réparation qui devait faire sentir ses effets partout, il convenait qu'il y eût le concours de la triple hiérarchie divine, angélique et humaine (saint Albert le Grand : Somme théologique, IV 7).

[3] Nazareth (en grec Nazara) qui n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament, est un village de Galilée situé à vingt-quatre kilomètres au sud-ouest de Tibériade.

[4] Il y a de l'affinité entre les anges et les vierges. Vivre dans la chair en-dehors de la chair, n'est plus une vie selon la terre, mais une vie selon le ciel (saint Jérôme : sermon sur l’Assomption).

Si vous voulez savoir ce que c'est qu'une vierge, vous l'apprendrez par celle-ci : vous l'apprendrez par son maintien, par sa modestie, par les paroles qui lui sont dites, par le mystère qui s'accomplit en elle. Elle était seule dans la partie la plus retirée de la maison et un ange seul pouvait pénétrer jusqu’à elle (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 8).

[5] Hors des mariages relevant de catégories particulières, comme celui de Samson, les Israélites distinguaient deux temps dans le mariage : l’accordaille qu'on appelle les fiançailles, et le mariage.

Les fiançailles réglaient l'accord entre les deux familles qui se liaient au paiement du mohar qui était un don fait par le futur mari à la famille se sa fiancée. La fiancée n'était pas encore l’épouse, mais son statut était modifié par ces accordailles. Toute infidélité était sévèrement punie, car elle portait atteinte à des droits acquis. Les fiançailles pouvaient durer assez longtemps, et dans ce cas, le fiancé était dispensé de service militaire. Les fiançailles prenaient fin, soit par la rupture du contrat entre les deux familles (le mohar était restitué), soit par la tradition de la jeune fille à son mari qui prenait alors sa fiancée chez lui ; cependant il suffisait que le père ait mis à sa disposition une chambre où il pût retrouver celle qui était désormais sa femme. Au moment où elle quittait la protection paternelle, la jeune fille recevait une bénédiction, avec des souhaits pour sa fécondité.

Les fiançailles de Joseph et de Marie s'expliquent en fonction de ces institutions. Marie a éte fiancée à Joseph. Celui-ci ne l'a pas encore prise chez lui, ou d'une manière plus générale ils n'ont pas encore habité ensemble, lorsqu'il s'aperçoit qu'elle est enceinte. Il peut rompre le contrat et songe à le faire discrètement, mais une intervention surnaturelle le fait changer d'avis.

[6] Il fallait donc que la bienheureuse Marie eut un époux qui fût le témoin le plus assuré de son intégrité et le nourricier très fidèle de notre Seigneur et Sauveur (saint Bède le Vénérable : Homélie pour l'Avent, I 3).

[7] Il convenait que cette Vierge à qui le Père se disposait à donner son Fils unique, ce Fils engendré de son cœur, égal à lui et qu'il aime comme lui-même, qu'il voulait lui donner de sorte qu'il fût naturellement un seul et même Fils, commun à Dieu et à la Vierge, il convenait que cette Vierge fût ornée de la plus haute sainteté qui se puisse concevoir après celle de Dieu (saint Anselme de Cantorbery : « De conceptu virginali et originali peccato »).

[8] L’Ange ne dit pas le « Seigneur est en vous », mais « le Seigneur est avec vous. » Dieu qui est partout, est présent d’une façon particulière dans les créatures raisonnables, et plus intime encore dans les bons. Il l’est dans les créatures sans raison mais elles ne l’embrassent pas. Les créatures raisonnables l’embrassent par l’intelligence, et les bons l’embrassent avec le cœur. Combien cette union fut grande en Marie : c’était non seulement la volonté, mais la chair de Marie que Dieu s’unissait, de façon à produire de la substance de Dieu et de celle de Marie un seul être, le Christ (saint Bernard : Homélie III Missus est, 4).

[9] On ne sait plus aimer quand on craint ; la crainte est plus dure à l’homme que la mort : Caïn, après le meurtre de son frère, désirait la mort pour échapper à la crainte. La crainte assiégeant l’homme de toutes parts, l’avait détourné du culte du Créateur et l’avait asservi au culte des idoles. dieu, voyant donc que la crainte écrasait l’homme, voulut le ramerner à lui par l’amour (saint Pierre Chrysologue : sermon CXLIV).

[10] Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d'Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s'incarner dans la race de David. Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l'entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont l'Apôtre dit : Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (saint Bède le Vénérable : Homélies pour l'Avent, I 3).

[11] La maison de Jacob désigne l'Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit de ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit de ceux qui, nés charnellement d'une autre nation, sont renés dans le Christ par le baptême dans l'Esprit. C'est sur cette maison de Jacob qu'il régnera éternellement. Oui, il règne sur elle sur la terre, lorsqu'il gouverne le cœur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui ; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste ; il règne dans l'avenir, lorsque, une fois achevé l'état de l'exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu'ils n'ont rien à faire d'autre que de chanter ses louanges (saint Bède le Vénérable : Homélie pour l'Avent, I 3).

[12] Pour l'œuvre de cette réparation qui devait faire sentir ses effets partout, il convenait qu'il y eût le concours de la triple hiérarchie divine, angélique et humaine (saint Albert le Grand).

[13] Comment aborder ce mystère, mes lèvres sont souillées ? Mais puisque Dieu est venu sur terre pour me sauver et sanctifier, je m'adresserai à l'Ange pour lui demander de me dire quelque chose de la cause de sa joie et de mon salut : « créature de Dieu, antérieur à nous par la création, proche de Dieu par la contemplation, qui êtes à l'abri du péché, dans la gloire pour toujours, je ne diminue pas votre joie en vous demandant la participation à votre science. » O Saint Ange de Dieu, envoyé à la Vierge d'Israël, à la Mère de mon Dieu, qui vous hâtez de venir à celle qui par sa virginité est la gloire de la terre, dites-nous s'il peut y avoir une pureté plus grande, plus vraie, plus semblable à celle des anges que la fécondité d'une vierge. Une vierge dont la pureté est augmentée par sa fécondité, n'est-elle pas supérieure aux anges dont une partie s'est laissé déchoir de la noblesse où Dieu l'avait créée ? Les autres maintenant sont confirmés en grâce pour toujours. Cette pureté de la Vierge est éternelle ; cette femme est un vase de sainteté, elle est le temple du Saint-Esprit (saint Ildefonse).