6ème dimanche de Pâques

Première lecture

Lecture du livre des Actes des Apôtres (VIII5-8 & 14-17)[1]

Philippe[2], l'un des Sept[3], arriva dans une ville de Samarie[4], et là il proclamait le Christ. Les foules, d'un seul cœur, s'attachaient à ce que disait Philippe, car tous entendaient parler des signes qu'il accomplissait, ou même ils les voyaient. Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits mauvais, qui les quittaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et d'infirmes furent guéris. Et il y eut dans cette ville une grande joie.

Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que les gens de Samarie avaient accueilli la parole de Dieu. Alors ils leur envoyèrent Pierre et Jean. A leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les Samaritains afin qu'ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l'Esprit n'était encore venu sur aucun d'entre eux ; ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils recevaient le Saint-Esprit[5].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] La Samarie est, après Jérusalem et toute la Judée (Actes des Apôtres, I 8), la troisième étape de l’évangélisation ; c’est un seuil important, quand on sait la coupure qui existait entre les les Juifs et les Samaritains (évangile selon saint Jean, IV 9), que franchit le diacre Philippe. C’est en pleine ville que Philippe proclame le Christ que les Samaritains avaient un jour refusé de recevoir (évangile selon saint Luc, IX 52) bien qu’ils attendissent eux-mêmes le Messie (évangile selon saint Jean, IV 25). Les signes qui accompagnent la prédication du diacre Philippe reproduisent ceux qui avaient accompagné la prédication de Jésus : libération des possédés et guérison des infirmes. Ainsi naît une nouvelle Eglise qu’il s’agit de faire reconnaître par la première Eglise, celle de Jérusalem. Pour ce faire, les apôtres envoient Pierre et Jean pour qu’ils confirment dans la foi ces nouveaux baptisés, et pour qu’ils authentifient le travail de Philippe. Leur prière et le geste de l’imposition des mains (VI 6) obtiennent le don du Saint-Esprit qui fait la pleine communion ecclésiale.

[2] Philippe est l’un des sept premiers diacres (Actes des Apôtres, XXI 8). Après la persécution qui suivit le martyr d’Etienne, il dut quitter Jérusalem pour la Samarie où nous le voyons prêcher. Les Actes des Apôtres qui racontent comment il baptisa un haut fonctionnaire de la reine d’Ethiopie (VIII 28-40), assurent qu’il était marié et père de « quatre filles vierges qui prophétisaient »(XXI 9) : Hermione, Charitine, Iraïs et Eutychiane, selon un ménologue grec. C’est chez lui que saint Paul habite à Césarée (XXI 8-14). Des traditions grecques affirment qu’il mourut évêque de Tralles (Lydie) dont il avait fondé l’Eglise. D’autres traditions lui font faire un voyage en Abyssinie, et fonder l’Eglise d’Arabie. Les Latins disent qu’il mourut à Césarée où, au temps de saint Jérôme on montrait sa maison. Les Latins célèbrent sa fête le 6 juin.

[3]Il s’agit des sept diacres institués par les Apôtres (Actes des Apôtres, VI 1-7) : Etienne, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas.

[4] Il s’agit de Sébaste qui avait été construite à l’emplacement de l’antique ville de Samarie par Gabinius, proconsul de Syrie (vers 55 avant Jésus-Christ), puis agrandie, fortifiée et embellie par Hérode le Grand qui l’avait reçue d’Auguste.

[5] Les apôtres, pour accomplir la volonté du Christ, communiquèrent aux néophytes, par l'imposition des mains, le don de l'Esprit qui porte à son achèvement la grâce du Baptême. C'est pourquoi dans l'Epître aux Hébreux prend place, parmi les éléments de la première instruction chrétienne, la doctrine sur les baptêmes et aussi sur l'imposition des mains. L'imposition des mains est à bon droit reconnue par la tradition catholique comme l'origine du sacrement de la Confirmation qui perpétue, en quelque sorte, dans l'Eglise, la grâce de la Pentecôte (Paul VI : constitution apostolique « Divinæ consortium naturæ »).