Fête de la Sainte Famille

Première lecture

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage[1] (III, 2-6 & 12-14)[2]

Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l'autorité de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.

Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l'abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le livre de Sirac le Sage (ou Siracide) est connu, au moins depuis le III° siècle, dans l'Eglise latine sous le titre d’« Ecclésiastique », nom qui lui a été probablement attribué parce qu’il servait alors à l'instruction des catéchumènes et des néophyptes ; l'intitulé de l'Eglise grecque est : « Sagesse de Jésus fils de Sirach ». Il s'agit d'un ouvrage écrit en hébreux, vers 190-180 avant le Christ, que le petit-fils de l'auteur emporta en Egypte durant la 38° année du roi Ptolémée (132 av. J.-C.) et qu’il traduisit en grec pour les juifs d'Alexandrie où il s’était fixé. L’auteur, Jésus fils (ben) de Sirac, né à Jérusalem où il était un des notables ; il appartenait au groupe des sages et des scribes qui étudiaient la loi de Moïse et les traditions. Sirac, maître de sagesse qui jouissait d’une autorité reconnue auprès des chefs du peuple et de ses compatriotes, désirait communiquer à ses contemporains les fruits de ses expériences. Cet ouvrage qui ne comporte pas de plan proprement dit, est un ensemble de considérations générales sur la sagesse, avec des conseils de sagesse pratique. Il n’y a pas de vrai sagesse en dehors du Peuple de Dieu. Ce texte n'étant pas admis dans le canon juif, encore qu'il est souvent cité dans des écrits rabbiniques, on n'a longtemps ignoré l'original en hébreux bien que saint Jérôme le connût ; des manuscrits du XII° ou du XIII° siècle, retrouvés au Caire (1896-1900), dans les grottes de Qumrân (1951-1958) et dans les fouilles de Massada (1964), permirent de reconstituer les deux tiers du texte. Les églises protestantes le rangent parmi les apocryphes.

[2] Cette lecture est empruntée à l'enseignement d'un maître de sagesse de Jérusalem, plutôt conservateur qui fait le bilan de la tradition, alors que certains esprits se laissent gagner par le prestige de la civilisation hellénistique au détriment des coutumes ancestrales. Dans toute société, qui veut rester stable, les vertus familiales font partie de l'héritage à transmettre. La liturgie ne présente ici qu'un extrait d'un texte plus développé que les biblistes intitulent habituellement « Devoirs envers les parents ». Plus que le livre des Proverbes, le livre de Ben Sirac le Sage aime regrouper ses enseignements par thèmes. Une première partie traite d'une manière générale des devoirs des enfants envers les parents, avec une place primordiale réservée au père : les deux verbes-clés sont « glorifier » et « honorer ». Cette attitude est récompensée : pardon des fautes, prière exaucée, longs jours, joie dans ses propres enfants... Les deux mentions du Seigneur qui encadrent le passage, attestent qu'il ne s'agit pas d'une morale purement humaine. La deuxième partie aborde un point particulier : le soutien du père dans sa vieillesse. C'est une des œuvres de miséricorde auxquelles le Judaïsme donne du relief, et dont le rappel n'est pas inutile à notre époque. Ce texte qui n'épuise pas tout le contenu des vertus familiales, reste au plan d'une morale pratique, voire utilitaire, sanctionnée par des récompenses. Lus comme un commentaire du Décalogue (Exode, XX 12 ; Deutéronome, V 16), ces conseils sont un moyen d'accès à la véritable Sagesse, que Ben Sirac assimile à la Loi du Dieu Très-Haut (Sirac, XXIV 23-34).