33e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre des Proverbes (XXXI 10-13.19-20 & 30-31)[1].

Qui trouvera une femme vaillante ? Son prix l’emporte de loin sur les perles. En elle se confie le cœur de son mari, et les profits ne lui manqueront pas . Elle lui fait du bien et non du mal tous les jours de sa vie. Elle se procure de la laine et du lin, et travaille de ses mains allègres. [ Elle est pareille aux vaisseaux d’un commerçant : elle amène de loin sa provende. Elle se lève qu’il fait encore nuit, elle donne la nourriture à sa maisonnée et leur tâche à ses servantes. Elle pense à un champ et l’acquiert, du fruit de ses mains elle plante une vigne. Elle sangle ses reins fortement et affermit ses bras pour le travail. Elle sent que ses affaires prospèrent, sa lampe ne s’éteint pas la nuit.] Elle met les mains à la quenouille et ses doigts saisissent le fuseau. Elle tend main au pauvre et ouvre ses bras à l’indigent.[ Elle ne craint pas la neige pour sa maisonnée, car toute sa maisonnée a double vêtement. Elle se fait des couvertures de lin fin et de pourpre est son vêtement. Son mari est connu aux Portes, quand il siège avec les anciens du pays. Elle fait du linge fin et le vend, et elle livre des ceintures au marchand. Force et splendeur la revêtent, et elle se rit du jour à venir. Elle ouvre la bouche avec sagesse, et un enseignement fidèle est sur sa langue. Elle surveille la marche de sa maisonnée, et elle ne mange pas le pain de l’oisiveté. Ses fils se lèvent et la proclament heureuse, son mari fait aussi son éloge : « Bien des filles se sont montrées vaillantes, mais toi, tu les surpasses toutes ! » ] Trompeuse la grâce et vaine la beauté ! la femme qui craint le Seigneur, c’est elle qui sera louée. Donnez-lui du fruit de ses mains, et qu’aux Portes ses œuvres disent sa louange !


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] On a procédé à une telle saignée dans ce passage du Livre des Proverbes qu’à peine nous est offerte la moitié de ce beau poème qui chante la tâche de la mère de famille. On a beau nous dire que ce passage a été raccourci pour une meilleure lecture en assemblée liturgique, gardant le plus net et le plus compréhensible, nous pouvons nous demander si le censeur n’a pas plutôt obéi à des raisons idéologiques. On a ici pris la traduction de la Bible Osty-Trinquet et mis entre crochets les morceaux enlevés. Cet éloge de la femme vaillante termine le Livre des Proverbes qui représente un genre littéraire très typique au Moyen-Orient où par des procédés très liés au langage, la sagesse populaire et la sagesse religieuse sont exprimées en phrases courtes, vivantes, parfois ironiques. Comme souvent dans les petits peuples, voire les clans, la sagesse est un attribut du chef, du roi. Elle est nécessaire à son autorité et à sa fonction. Le Livre des Proverbes est ainsi attribué symboliquement à « Salomon, fils de David, roi d'lsraël » (Proverbes, I 1). Dans la mesure où la foi religieuse des juifs faisait du roi le légat de Dieu lui-même, la sagesse est celle de Dieu. Le livre est donc à entendre humainement, populairement, et religieusement. L'éloge de la femme vaillante est ainsi à prendre au sens premier : « Son prix l’emporte de loin sur les perles. », et au sens religieux : « la femme qui craint le Seigneur, c’est elle qui sera louée. » (Proverbes, XXXI 30). Ce dernier verset donne une clef pour l'ensemble. La « femme vaillante », recherchée comme la sagesse (voir le Livre Job, XXVIII 12), est celle qui agit selon le plan de Dieu sur chaque personne, selon sa place et les responsabilités de sa situation. On peut aussi comparer avec l'opposition entre Sagesse et Folie, au (Proverbes, IX 1-6 & 13-18). La femme vaillante, comme la Sagesse travaille et prépare les repas ; la Folie s'assied à la porte de la maison et parle.