28e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Matthieu (XXII 1-14).

Jésus disait en paraboles[1] : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils[2]. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce[3] les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir[4]. Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : Voilà : mon repas[5] est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés[6] ; tout est prêt : venez au repas de noce[7]. Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce[8] ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville[9]. Alors il dit à ses serviteurs[10] : Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez[11], invitez-les au repas de noce. Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent[12], les mauvais comme les bons[13], et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce[14], et lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce[15] ? L'autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents[16]. Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le mot parabole traduit l'hébreu « Mashal » recouvre des sens variés, depuis la sentence jusqu'à la comparaison. La parabole est une comparaison concrète destinée à faire comprendre un enseignenent abstrait. Elle se rapporte à un genre littéraire déjà nettement fixé au premier siècle de notre ère : la littérature rabbinique en contient de nombreuses qui sont en étroit rapport avec les paraboles évangéliques. Une étude attentive montre que l'on peut y découvrir la pensée de Jésus et souvent ses propres expressions. Dans la parabole, Jésus est original, tout en demeurant fidèle au genre littéraire ; le message qu'on y trouve est celui de l'Evangile. « Le Fils de Dieu, qui voyait le fond des cœurs, répondait souvent aux pensées secrètes de ceux qui l'écoutaient, comme il paraît par plusieurs endroits de l’Evangile. Après avoir ouï qu'il se choisirait un autre peuple, il n'y avait rien de plus naturel que de rechercher en soi-même les causes les plus générales qui feraient abandonner les Juifs, et les moyens qu'il aurait pour remplir sa maison. C'est ce qu'il explique par la parabole suivante : Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fait à son fils un festin de noces. Jésus-Christ était l'Epoux de cette noce : Celui qui a l'épouse est l'époux (évangile selon saint Jean, III 29), disait saint Jean-Baptiste en parlant de lui. C'est lui qui était venu pour épouser son Eglise, la recueillir par son sang, la doter de son royaume, la faire entrer en société de sa gloire. Il fait un grand festin quand il donne sa sainte parole pour être la nourriture des âmes ; et qu'il se donne lui-même à tout son peuple comme le pain de la vie éternelle » (J.-B. Bossuet : « Méditations sur l’Evangile », la dernière semaine, XXXI° jour).

[2] Votre charité sait quel est ce roi et quel est son fils. C'est celui dont le psalmiste disait : « Donnez, ô Dieu, votre justice au fils du roi » (Psaume LXXI 11). Dieu le Père mariait son Fils quand dans le sein de la Vierge il l'unissait à la nature humaine (...) quand il l'unissait par le même mystère à l'Eglise (saint Grégoire le Grand : homélie XXXVIII sur les péricopes évangéliques, 2).

[3] Il y a cetle différence entre les joies des sens et celles de l'esprit que celles-là, quand on ne les possède pas, excitent de violents désirs, et le dégoût quand on les possède ; au contraire les joies spirituelles n’attirent pas quand on ne les possède pas, et quand on les possède, elles enflamment les désirs et on veut les posséder plus abondantes (…) Il était bien de nature à exciter nos désirs. Pour qu'au banquet du Seigneur il n'y eût point d'indifférents, l'agneau unique a été immolé (…) Avec une libéralité infinie, il nous offre lui-même des choses qu'il aurait dû nous laisser désirer longtemps ; il aurait fallu qu'il nous laissât prier et non qu'il nous priât : il a voulu nous donner des choses que nous n'osions espérer (saint Grégoire le Grand : homélie XXXVII sur les péricopes évangéliques, 1, 2 & 3).

[4] Ceux qui étaient invités, et qui refusaient de venir, étaient les Juifs qu'il avertit par lui-même, et qu'il fit avertir par ses apôtres que l'heure du festin était venue, qu'ils vinssent promptement, ou qu'ils en appelleraient d'autres. Cela regardait les Juifs, mais cela nous regarde aussi. Nous sommes à présent les invités ; et nous devons apprendre ce qui empêche les hommes de venir à ce céleste festin. La cause la plus générale, c'est l'occupation, et, pour ainsi dire, l'enchantement des affaires du monde (J.-B. Bossuet : « Méditations sur l’Evangile », la dernière semaine, XXXI° jour).

[5] Le repas est la science de la sainteté de Dieu, l’expression des mystères célestes de la venue future du Fils ; quand l'homme mange ces paroles, c'est-à-dire les entend, il acquiert la vie éternelle. La parole, par bien des caractères se rapproche d'un aliment. Celui qui met en sa bouche une bouchée de pain ou une autre nourriture, la broie d'abord avec ses dents pour l'envoyer dans l'estomac. Ainsi en est-il du mot ; nous l'entendons, nous le méditons dans la bouche de l'intelligence ; comme avec des dents (c'est-à-dire des réflexions) nous le broyons. Il nous faut voir ce qu’il dit, l’origine de ce dont il parle, et pourquoi il en parle. Nous ne percevons pas la saveur de la nourriture tant que nous ne l'avons pas mâchée ; la parole que nous entendons, si nous ne l'avons pas mâchée en la travaillant en nous, nous ne pouvons pas en comprendre la portée. La manne que l'on mangeait dans le désert jouait le rôle du mot. C'est pour cela qu'elle s'appelait manne, ce qui en hébreu signifiait : « Qu'est cela ? » (Exode, XVI 15). Toutes les fois que nous entendons un mot, il nous stimule à rechercher le nom même de la chose : « Qu'est-ce que nous entendons ? » Et comme la nourriture une fois mâchée est envoyée dans l'estomac, le mot lui aussi, après que nous l'avons bien travaillé, nous le confions à notre mémoire comme à un estomac. La nourriture ne sert à rien si elle n'a pas d'abord été mâchée, puis envoyée dans l'estomac. Les mots, de même, sont inefficaces pour le salut, s'ils n'ont pas été confiés à l'intelligence et à la mémoire. La nourriture n'est d'aucune utilité si, une fois mangée, l'estomac la rejette. Les mots de même, si nous les entendons et les oublions sur-le-champ. La nourriture qui reste dans l'estomac donne des forces. La parole qui demeure dans la mémoire est source de salut. Chez les Juifs, sont purs les animaux qui font revenir la nourriture et la ruminent (Deutéronome, XIV 16). Ils mâchent leur nourriture, la font passer dans le ventre, puis la font revenir du ventre et la ruminent. Un homme spirituel et saint est un homme qui entend un mot, le travaille, et une fois qu'il l'a compris, le confie au ventre de sa mémoire ; puis, de nouveau, le rappelle de sa mémoire, le rumine et le retravaille. Est impur devant Dieu l'homme qui, jamais, ne rappelle à son cœur ni ne repasse en son esprit ce qu'il a entendu. Celui qui mange au festin spirituel a l’esprit empli, l’intelligence dilatée ; il est nourri dans la vérité, il s’engraisse dans la foi ; c’est ainsi qu’il entre à l’intime de la volonté de Dieu et, puisqu’il y demeure, il acquiert la vie éternelle. Celui qui s’est éloigné du festin de la parole a l’esprit vide, l’intelligence retrécie. Loin de la vérité, il défaille ; loin de la foi, il se consumme. Il s’éloigne de toutes les volontés de Dieu pour aller en bas, et à la fin, il tombe dans la mort (« Opus imperfectum in Matthæum », XLI, 5).

L’Opus imperfectum qui signifie « l’œuvre inachevée », est un commentaire grec de l’évangile selon saint Matthieu qui a probablement été écrit au cours du V° siècle, puis traduit en latin. Au Moyen Age, fort répandu et cité en Occident, l’Opus imperfectum in Matthæum fut généralement attribué à saint Jean Chrysostome (mort le 14 septembre 407). Après qu’Erasme qui en fit la première édition complète, réfuta avec succès la paternité de saint Jean Chrysostome (1530), l’Opus imperfectum in Matthæum fut attribué à l’évêque Jean de Jérusalem (mort en 417), à l’évêque arien des Goths, Maximin (mort vers 430), ou à Timothée, prêtre arien de Constantinople (mort en 518) qui, soutiennent certains, n’aurait été qu’un traducteur. Le texte latin anonyme qui nous a été transmis mutilé, mais plein d’idées originales, souvent allégoriques, fut attribué à une quelconque évêque arien d’Italie du nord ou d’Illyrie. Quoi qu’il en fût, l’auteur qui était arien, écrivait après la mort de l’empereur Théodose (395) dont il parle comme le premier persécuteur des ariens, et après le commentaire de saint Jérôme sur l’évangile selon saint Matthieu (398) qu’il utilise.

[6] Dans les aliments qui sont offerts à nos âmes, on trouve tout : leur vertu nourrissante est figurée par la viande des bœufs, leur élévation par la chair des oiseaux, leur varité, leur richesse, par la multitude des mets préparés. On sent bien quand une parole est creuse et quand une parole est nourrie : à la table de notre roi il n'y a que des aliments parfaits (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XVII 22).

[7] Dans le festin qui nous est préparé, nous trouvons les mérites de ces opulentes victimes qui sont les martyrs, eux qui ont donné leur sang pour la gloire de Dieu ; nous trouvons l'abondante doctrine de ces docteurs qui pour nourrir après eux d'autres âmes, se sont nourris du pain céleste (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XXII 4).

[8] Jésus ne rapporte pas les affaires extraordinaires qui surviennent dans la vie. C'est le train commun des affaires qui occupe et qui enchante les hommes, de manière qu'ils ne se donnent pas le loisir de penser à leur vocation, ni d'écouter Jésus-Christ qui les appelle à son festin (…) Les uns ont résisté ouvertement à la prédication de l'Evangile ; mais la cause la plus générale de le rejeter, fut la négligence, causée par l'occupation des affaires de la vie (…) Ceux-là ne méprisaient pas ouvertement la parole ; mais occupés des soins du monde, ils allaient et venaient, sans songer à rien qu’à leurs affaires (…) On venait dire aux Juifs, aux Romains, à tout le monde : Une grande chose est arrivée à Jérusalem ; la vérité s'y est manifestée ; et la voie a été ouverte pour le bonheur de la vie future. Que m'importe ? chacun passait son chemin et allait à ses affaires (…) chacun avait son plaisir ou son petit intérêt (…) Où trouverons-nous des larmes pour déplorer notre aveuglement et notre faiblesse ? (J.-B. Bossuet : « Méditations sur l’Evangile », la dernière semaine, XXXI° jour).

[9] Quand il invitait aux noces, il prenait le nom d'homme-roi, il se mettait au niveau des hommes ; maintenant qu'est arrivée l'heure de la justice, il n'est plus que roi (...) Ces armées ne sont-elles pas ces armées romaines qui, sous Vespasien et Titus, tuèrent tant de Juifs et brûlèrent la cité coupable du meurtre de Jésus-Christ ? (saint Jérôme).

[10] Après lui, les serviteurs envoyés, c'est encore les Apôtres qui sont venus dire au monde que le festin du Christ était prêt, et vous savez quel festin ! (saint Augustin : sermon CXII 1).

[11] Dès le commencement Dieu avait préparé les noces de son Fils ; dans son immense bonté, il avait par ses serviteurs invité d'abord des convives de prédilection, puis, quand ils ne voulurent pas venir, il envoya d'autres serviteurs faire de nouvelles invitations, et ils refusèrent encore. Alors, de toutes les voies, c'est-à-dire de toutes les nations, il fit venir des invités au festin de son Fils (saint Irénée de Lyon : « Adversus haereses », IV 36).

[12] Après le dédain orgueilleux des riches, il s'est tourné vers les païens ; il fait entrer bons et méchants, pour faire grandir les bons, pour améliorer les dispositions des méchants (...) Il invite pauvres, infirmes, aveugles. Cela montre que l'infirmité physique n'écarte personne du Royaume, et celui que son corps ne pousse pas au péché est moins souvent coupable ; ou bien que l'infirmité des péchés est guérie par la miséricorde du Seigneur, si bien que, puisqu'on est racheté non par ses œuvres, mais par sa foi, si l'on se glorifie, ce sera dans le Seigneur (...) Il fait donc chercher des invités nouveaux, aux débouchés des chemins car « la Sagesse crie aux carrefours » (Proverbes, I 20). Il envoie sur les places, car dit aux pécheurs de quitter les voies larges pour le chemin étroit qui conduit à la vie (évangile selon saint Matthieu, VII 13). Il envoie sur les routes et le long des haies, car atteignent le Royaume des Cieux ceux qui, détachés des convoitises présentes, se hâtent vers les biens à venir ; engagés sur la voie de la bonne volonté qui, comme la haie sépare les cultures des friches et empêche les bêtes d'entrer, ils savent distinguer le bien et le mal et opposer le rempart de la foi aux tentations du péché (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, VII 202-203).

[13] Dans l'Eglise de la terre, jamais les méchants ne seront sans les bons, ni les bons sans les méchants ; celui-là n'est pas bon qui ne sait pas supporter les méchants ; celui-là n'est pas bon qui n'a pas été exercé par la malice des méchants (saint Grégoire le Grand : homélie XXXVIII sur les péricopes évangéliques).

Tous ceux qui n'ont pas voulu venir au banquet sont mauvais ; mais parmi ceux qui sont venus tous ne sont pas bons (saint Augustin : sermon XL 1).

[14] Comme ces serviteurs, les apôtres s'en vont partout, et rassemblent tous ceux qui veulent venir, sachant que l'acceptation de l'invitation, la robe nuptiale dont ils se revêtiront en échange de leurs vêtements usés et souillés, les rendront bons (Origène : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XVII 23).

C'est la grâce resplendissante du Saint-Esprit, et cette innocence céleste que nous avons obtenue par l'aveu de nos fautes, et que nous devons porter avec nous dans le royaume des cieux (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, XXII 7).

C'est la charité unie à la foi (saint Augustin : sermon XL 9).

Ces œuvres qu'accomplit le chrétien en obéissant à l'Evangile en même temps qu'à la Loi et qui forment le vêtement de l'homme nouveau (saint Jérôme).

[15] Mes frères, tâchons de trouver ce qui appartient à certains fidèles et manque aux méchants : c'est précisément cela qui sera le vêtement de noce. Seraient-ce les sacrements ? On voit qu'ils sont communs aux méchants et aux bons. Serait-ce le baptême ? Certes, personne n'arrive à Dieu sans le baptême, mais tous ceux qui le reçoivent n'arrivent pas jusqu'à Dieu. Je ne puis donc penser que le baptême, j'entends le sacrement seul, soit le vêtement de noce, car je le vois porté par les méchants comme par les bons. Serait-ce l'autel, ou ce que nous y recevons ? On voit que beaucoup viennent y prendre leur nourriture, et pourtant ils mangent et boivent leur condamnation. Qu'est-ce donc ? Le jeûne ? Les méchants jeûnent aussi. La fréquentation de l'église ? Les méchants y vont aussi (…) Quel est ce vêtement de noce ? Voici ce que dit l’Apôtre : « Le but de cette prescription, c’est l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère » (I Timothée, I 5). Voilà le vêtement de noce. Il n'est pas n'importe quel amour, car on voit souvent des hommes malhonnêtes en aimer d'autres (…) mais on ne trouve pas chez eux « l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère. » Cet amour est le vêtement de noce. « J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, dit l'Apôtre, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante…. J'aurais beau être prophète, connaître tous les mystères et toute la science, et avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien (I Corinthiens, XIII 1-2 ). J'aurais beau avoir tout cela, dit-il, sans le Christ je ne suis rien (…) La prophétie n'est-elle rien ? Et la science des mystères n'est-elle rien ? Si, elles ont de la valeur ; mais quand bien même je les posséderais, sans l'amour je ne suis rien. Que de biens sont inutiles, si un seul bien vient à manquer ! Si je n'ai pas l'amour (…) j'aurais beau confesser le nom du Christ jusqu'à verser mon sang, jusqu'à livrer mon corps aux flammes, cela ne servirait à rien, puisque je puis agir ainsi par amour de la gloire. Il peut donc arriver, en effet, que ces œuvres soient privées de l'amour et de la piété, qui les auraient rendues fécondes, et qu'elles soient frappées de stérilité par le désir de la gloire. Aussi l'Apôtre les mentionne-t-il avec les autres. Ecoute ce qu'il en dit : « J'aurais beau distribuer toute ma fortune en aumônes, j'aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne sert à rien » (I Corinthiens, XIII 3). Voilà le vêtement de noce. Examinez-vous : si vous l'avez, vous prendrez place avec confiance au banquet du Seigneur (saint Augustin : sermon XL, 1 & 5-6).

[16] « Liez-lui les pieds et les mains », dit le roi : ôtez-lui la liberté dont il a fait un si mauvais usage ; « jetez-le dans les ténèbres extérieures. » Il a voulu entrer dans l'intérieur de la maison avec des dispositions funestes, chassez-le : plus il a voulu entrer au dedans, plus il le faut pousser dehors. Mais qu'y trouvera-t-il, le malheureux ? Loin de la maison de Dieu, où la lumière réside, où la vérité se manifeste, où Jésus-Christ luit éternellement, où les saints sont comme des astres : qu'y trouvera-t-il ? sinon les ténèbres d'un éternel cachot. Voilà ces ténèbres extérieures dont Jésus-Christ parle si souvent. Là sera pleur et grincement de dents. Au lieu des chastes délices de la sainte table, il y aura un pleur éternel. La rage contre soi-même, contre sa témérité, contre les lâches confesseurs qui nous auront trop facilement introduits au banquet sacré, sera poussée jusqu’au grincement de dents. Avoir été appelé et mis au nombre des amis par le Sauveur, fera la partie la plus cruelle et la plus vive de notre supplice. La voix de l'époux et de l'épouse cessera : toute la joie sera bannie de ce triste lieu : la désolation sera éternelle (J.-B. Bossuet : « Méditations sur l’Evangile », la dernière semaine, XXXIII° jour).