17e dimanche des temps ordinaires

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Matthieu (XIII, 44-52).

Jésus disait à la foule ces paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor[1] caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau[2]. Dans sa joie, il va vendre

tout ce qu'il possède[3] et il achète ce champ[4]. » Ou encore : « Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur[5], il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle[6].

Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon et on rejette ce qui ne vaut rien[7]. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Avez-vous compris tout cela ? - Oui, lui répondirent-ils. Jésus ajouta : C'est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien[8]. »

Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le vrai trésor, c'est celui-là en qui sont renfermés tous les trésors de la sience et de la sagesse de Dieu ; c'est le Verbe de Dieu caché sous la chair de l'homme (saint Jérôme : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu).

Ce trésor, c'est Jésus-Christ qui est caché dans toute l'Ecriture ; car il était annoncé par les figures et les prophéties : c'est pourquoi les hommes ne pouvaient le connaître qu'après l'accomplissement de ces choses (...) Quand les Juifs lisent les Ecritures, elles ne sont pour eux que des énigmes ; mais pour les chrétiens c'est le trésor enfoui dans un champ, trésor révélé par la Croix, manifestant la sagesse de Dieu, enrichissant l'homme tout entier, nous donnant l'entrée dans le royaume du Christ, préparant l'héritage de la sainte Jérusalem, annonçant à l'homme que l'homme en aimant Dieu arrivera si haut qu'il verra Dieu (saint Irénée : « Adversus haereses », IV 26).

[2] Aussitôt que l'âme l'a trouvé, elle le cache avec soin. Elle veut le dérober, non pas aux attaques de démons qui voudraient nous le ravir, mais aussi aux dangers de la louange. Il faut craindre les voleurs et à cause de cela ne pas faire étalage de ses richesses : non que le prochain ne doive pas voir nos oeuvres bonnes, afin d'en glorifier Dieu, mais en ce sens que nous ne devons pas agir en vue de la louange ; et quand nous faisons le bien, il faut que nous gardions, dans le secret de notre coeur, l'intention par laquelle nous cherchons à plaire à Dieu (saint Grégoire le Grand : homélie XI sur les péricopes évangéliques).

[3] Les richesses célestes ne peuvent être possédées sans un certain détriment des richesses de ce monde (saint Hilaire : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu XIII 7).

[4] Il convient de savoir qu'il faut se dépouiller de tout pour accueillir l'Evangile, mais qu'il faut encore le faire avec joie. Qu'il le sache bien, celui qui renonce à tous les biens de la terre, c'est un gain qu'il s'assure, non une perte qu'il subit. Remarque combien la prédication de l'Evangile passe inaperçue dans le monde, et que, de même, le monde ne voit pas les nombreux biens qui en sont la récompense. Si tu ne vends pas tout ce que tu possèdes, tu ne pourras pas te procurer ces biens ; si tu ne les cherches pas avec ardeur, tu ne les trouveras pas (saint Jean Chrysostome : homélie XLVII sur l’évangile selon saint Matthieu, 2).

[5] La perle qui est née d'une chair vivante, dans cette coquille nacrée, toute lumineuse, paraît elle-même une substance vivante, toute remplie de lumière. Ainsi dans la chair toute lumineuse de Jésus resplendit le Verbe divin. Sous l'action de la divinité plus puissante que celle de la foudre, la chair de Jésus fut formée de la substance de Marie (Saint Clément d'Alexandrie : fragment).

[6] Deux conditions sont donc nécessaires : le renoncement aux biens du monde et un solide courage. Il s'agit, en effet, d’un négociant en quête de perles fines qui, en ayant trouvé une de grand prix s'en va vendre tout ce qu'il possède pour l'acheter. La vérité est une, elle ne se divise pas. De même que le possesseur de la perle connaît sa richesse, alors que souvent, au moment où il la tient dans ses mains, les assistants ne s’en doutent pas, à cause de la petitesse de la perle, de même, ceux qui sont instruits de l'Evangile connaissent leur bonheur, alors que les infidèles, ignorant ce trésor, n'ont aucune idée de notre richesse (saint Jean Chrysostome : homélie XLVII sur l’évangile de S. Matthieu, 2).

[7] Il ne faut pas nous abandonner à la confiance et croire que nous sommes assurés du salut parce que nous avons cru à la Parole (saint Jean Chrysostome : homélie XLVII sur l'évangile selon saint Matthieu).

[8] Tu le vois, loin de mépriser l'Ancien Testament, Jésus en fait l'éloge et le qualifie de trésor. Par conséquent, tous ceux qui ne connaissent pas les divines Ecritures ne sauraient être des propriétaires qui tirent de leur trésor du neuf et du vieux, eux qui ne possèdent rien par eux-mêmes ne reçoivent rien des autres et se laissent, sans s'en rendre compte, mourir de faim... Apprenons par là nous tous qui négligeons la lecture de l'Ecriture Sainte, le dommage que nous subissons, les biens dont nous nous privons. Quand donc pourrons-nous agir correctement avec nos frères, nous qui ne connaissons même pas les lois destinées à régler nos rapports avec eux ? Mais les riches, ces hommes en proie à la folie des biens de la terre, ne cessent de secouer leurs vêtements pour qu'ils ne soient pas rongés par les mites. Et vous, quand l'oubli, plus funeste que les mites, dévore votre âme, vous ne vous secouez pas ? Vous ne daignez pas lire les Saints Livres pour chasser le mal, orner votre cœur, admirer sans cesse l'image de la vertu ? (saint Jean Chrysostome : homélie XLVII sur l'évangile selon saint Matthieu).