17e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du premier Livre des Rois (III 5.7-12)[1]

A Gabaon[2], pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon[3]. Il lui dit : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai. » Salomon répondit : « Seigneur, mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi à la place de David mon père ; or, je suis un tout jeune homme[4], incapable de se diriger, et me voilà au centre du peuple que tu as élu ; c'est un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut ni l'évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur[5] attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; comment sans cela gouverner une telle masse ? » Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c'est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l'art d'être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n'en a eu avant toi et que personne n'en aura après toi. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Le roi Salomon est resté beaucoup plus célèbre par sa sagesse que par sa richesse. L'auteur du livre des Rois nous dit que cette sagesse n'était pas le fruit de son travail, mais un don de Dieu, qui l'a aimé avec prédilection en faveur de tout son peuple. Fils de David et de Bethsabée, la femme d'Urie, Salomon a été choisi par son père pour lui succéder comme roi, de préférence à Adonias (fils de Haggit), l’aîné des survivants de ses quatre fils. Il a reçu de lui des recommandations : « sois fort, montre-toi un homme! marche selon ses lois. » L'enjeu de sa fidélité est grand, car la promesse faite à David d'une dynastie durable (II Samuel, VII) est liée à sa docilité à Dieu (I Rois, II 1-4). Dieu lui parle, en songe. Dieu qui l'a choisi veut l'aider, mais il prend l'initiative de l'éprouver, pour lui donner l'occasion d'expliciter sa foi. « Demande-moi ce que tu veux » : comme si Salomon allait commander à Dieu ! En fait, en priant, I'homme se met en attitude de dépendance vis-à-vis de Dieu, pour accueillir son don. L'essentiel est que la demande exprime un désir qui corresponde à la volonté de Dieu. Salomon reconnaît l'amour de Dieu pour son père et pour lui et lui rend grâce pour cette initiative gratuite. Il est dans la vraie attitude du croyant qui fait mémoire des dons de Dieu. Il reconnaît en même temps son inexpérience de jeune homme et son incapacité à gouverner un peuple immense. Il ne demande qu'une chose : l’habileté pour manœuvrer au milieu des obstacles, pour mener une politique efficace, et enfin le discernement moral, pour respecter et faire respecter les exigences de l'Alliance.

[2] Gabaon est une ville sacerdotale du territoire de Benjamin. Depuis les fouilles menées de 1956 à 1962 au village d'el-Jib, on localise Gabaon au sud de cette localité, à six kilomètres au nord-ouest des faubourgs de Jérusalem. Avant le retour des Israélites en Palestine, Gabaon, ville amorite ou hivvite, aurait constitué une tétrapole avec Kephira, Béérot et Qiriyat-Yéarim. Lié à Israël par un traité de vassalité, Gabaon devint le site d'un sanctuaire yahviste, la montagne de Yahvé à Gabaon dont parle le deuxième livre de Samuel, le plus grand haut-lieu où Salomon alla sacrifier et où Dieu lui apparut en songe, tandis que les livres des Chroniques disent qu'on y avait conservé la Tente du Rendez-vous.

[3] Second fils de David et de Bethsabée, Salomon, né à Jérusalem, fut porté au pouvoir, contre son demi-frère Adonias, par une conjuration de palais animée par sa mère, le prophète Nathan, le prêtre Sadoq et le chef de la garde personnelle de David (Benayahu). Désigné par David, il est sacré à Gihôn où il reçut l'onction des mains de Sadoq ; Benayahu exécuta Adonias, Joab et Shimei.

[4] Selon Josèphe, Salomon avait quatorze ans lors de son avènement, mais la tradition rabbinique lui en donne douze.

[5] Il faut ici entendre cœur au sens bibliblique d'intelligence.