15e dimanche des temps ordinaires

Première lecture

Lecture du livre d'Isaïe (LV 10-11)

Ainsi parle le Seigneur : « la pluie[1] et la neige[2] qui descendent des cieux n'y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ; ainsi, ma Parole[3], qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission[4]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Il faut se souvenir que, dans l'Ancien Testament, l'absence de pluie est une punition de Dieu à cause de l'infidélité des hommes (Deutéronome, XXVIII 24) car Dieu seul est le maître de la pluie (Jérémie, XIV 22), il peut envoyer un prophète pour retenir la pluie ou faire pleuvoir (I Rois, XVII 1).

[2] Dans l'Ancien Testament, la neige est symbole de pureté (Job, IX 30), d'éclat (Lamentations, IV 7), de beauté (Ecclésiastique, XLIII 18) et de blancheur (Psaume LI 9), elle rafraîchit la terre (Proverbes, XXV 13) et la fertilise (Isaïe, LV 10).

[3] L'intérêt de ces deux versets de la deuxième partie du livre d'Isaïe (chapitres XL à 55) appelée le livre de la « Consolation d'Israël », est d'attribuer l'action fécondante de Dieu sur le monde à la Parole de Dieu. Ici le prophète personnifie la Parole de Dieu, au même titre qu'il avait personnifié l'Esprit, au chapitre XI, ou que le livre des Proverbes avait personnifié la Sagesse en son chapitre VIII. Il ne s'agit pas de la Parole créatrice du premier chapitre de la Genèse, mais bien de la Parole prophétique, celle qui intervient dans l'histoire des hommes pour réaliser les desseins de Dieu. Plus particulièrement, il s'agit de la Parole qui guide l'histoire du peuple élu. Dans le cas présent, cette Parole concerne la fin de l'exil et la promesse d'un renouveau, mais la prophétie vise toute l'histoire du salut récapitulée dans le Christ : Jésus sera la Parole incarnée, pour le salut des hommes.

[4] L'acte suprême par lequel Dieu envahit l'histoire humaine est la personne du Christ, Parole de Dieu, expression parfaite de la nature de Dieu et révélation de son dessein. Il résume en lui les diverses manières dont Dieu précedemment s'était adressé à l'humanité, surtout à travers les prophètes de l'Ancien Testament. Ceux-ci avaient traduit en langage humain, soit par la bouche, soit par des gestes, la révélation intérieure qui s'emparait d'eux. Le Christ continue ce langage, mais il crée un fait nouveau considérable. L'homme qui l'accueille, lui, qui croit en lui, qui a contact avec lui devient l'objet de la toute-puissance éclairante et transformante de Dieu lui-même. Le Christ est en personne la plénitude de Dieu et la plénitude de sa Parole. Il ne livre pas des mots de sa bouche, des mots qui se séparent de lui une fois prononcés. Il se livre lui-même, Parole qui éclaire l'esprit, transforme le coeur, divinise l'homme tout entier (R.P. Achille Degeest : « Le Pain du Dimanche » ; Apostolat des Editions, Paris, 1971).