26 août

Saint Césaire d'Arles


Biographie

Sermon sur la décence requise à l’église

Le concile d'Orange

Sermon VI

Sermon XIII

Sermon LIV



Biographie

Né sur le territoire burgonde, à Chalon-sur-Saône, en 470 ou 471, de parents catholiques et probablement gallo-romains, Césaire fut admis à l'âge dix-huit ans dans les rangs du clergé de Chalon par l'évêque Silvestre (484 - 526). Deux ans plus tard, il partit pour le monastère de Lérins où, sous l’abbé Porcarius, il mena une vie si austère, sous le regard critique des autres moines, que sa santé se détériora et qu'il dut quitter le couvent pour se retirer en Arles. Au monastère de Lérins, il avait été l’élève de Julien Pomère (mort après 498), prêtre originaire de Mauritanie qui écrivit un excellent ouvrage d’édification à l’usage des clercs : De vita contemplativa.

Reçu dans le clergé d'Arles par l'évêque Eone qui l'ordonna diacre, puis prêtre (499) avant de lui confier la direction d'un monastère. C’est à l’usage de ses moines d’Arles qu’il rédigea la Regula ad monachos pour leur rappeler leurs principales obligations.

En 503, après la mort d'Eone, il fut élu évêque d'Arles. Il obtint du pape Symmaque la primatie des Gaules et, à ce titre, convoqua ou présida plusieurs conciles dont celui d’Arles (524), de Carpentras (527), d’Orange et de Vaison (529), de Marseille (533).

La plus importante de ces assemblées épicopales reste le deuxième concile d'Orange (529) qui condamna le semi-pélagianisme et, abandonnant la doctrine de la volonté salvifique particulière de Dieu et de l’irrésistibilité de la grâce, se prononça pour un augustinisme modéré ; les canons du deuxième concile d’Orange furent approuvés par le pape Boniface II (531) et reçurent ainsi force de loi dans l'Eglise universelle.

Son épiscopat connut successivement deux dominations ariennes : celle des Wisigoths, sous Alaric II, jusqu’en 507, puis celle des Ostrogoths, sous théodoric et ses successeurs, jusqu’en 536. Césaire, catholique et burgonde, fut naturellement suspect aux rois hérétiques et dut aller se justifier tant à Bordeaux (505) qu’à Ravenne (513), mais à chaque fois, il revint après avoir gagné la confiance du Roi. A partir de 536, il est sous la domination franque et son influence grandit ; bien qu’il n’y assista pas, les conciles d’Orléans (533, 538 et 541) et de Clermont (533) adoptèrent ses idées et promulguèrent sa législation.

En 513, saint Césaire d’Arles fonda, aux Aliscamps, sous le patronage de saint Jean, le premier monastère de femme que l’on connaisse en Gaule et qui, en 524, fut transféré à l’intérieur des murs d’Arles. Il confia la direction de ce monastère à sa sœur, l’abbesse Césarie, et en rédigea la Regula sanctarum virginum, inspirée des coutumes liturgiques de Lérins, de la règle de saint Augustin et des écrits de Cassien : il impose la stricte clôture aux moniales qui, sachant lire et écrire, on le droit exclusif d’élire leur abbesse et échappent à toute juridiction épiscopale, ce qui fut approuvé par une bulle du pape Hormisdas (mort en 523). On se souvient que cette règle fut adoptée par sainte Radegonde pour son monastère de Poitiers. Le but de cette règle est l'union au Christ par la prière perpétuelle dans l'attente de sa venue eschatologique. Les principaux moyens utilisés à cet effet sont classiques : la clôture à vie, la désappropriation des biens personnels, la communauté d'existence, matérialisée par le dortoir commun, la pauvreté du vêtement, le travail manuel ; l'effort se porte avant tout sur la prière liturgique, la méditation, la lectio divina et le jeûne ; ce qui inclut pratique des vertus, notamment le pardon mutuel et l'obéissance. L'abbesse, elle doit veiller au salut de ses soeurs, se préoccuper des biens nécessaires à leur subsistance, accueillir les visiteurs avec bonté et répondre aux lettres de tous les fidèles. Elle doit aussi faire observer la discipline et les moindres articles de la règle. Les moniales, elles, éliront à l'unanimité comme abbesse une personne sainte et spirituelle, capable de faire respecter la règle du monastère et apte à adresser la parole aux visiteurs

Après quarante années d'épiscopat où il fut peut-être le plus grand prédicateur de l’ancienne Eglise latine, il mourut le 27 août 543. La vie de saint Césaire d’Arles fut composée par Cyprien de Toulon, avec d’autres de ses amis et de ses élèves.

On conserve aujourd’hui 238 sermons de saint Césaire dont beaucoup furent jadis attribués à saint Augustin ou à d’autres auteurs. Il écrivit le traité De mysterio Sanctæ Trinitatis contre les ariens et deux autres contre les pélagiens dont le Capitula sanctorum Patrum, recueil d’extraits de saint Jérôme, de saint Ambroise et de saint Augustin, présenté au concile d’Orange de 529. Outre les deux règles monastiques, on possède aussi une admonestation aux évêques suffragants d’Arles sur leur devoir d’assurer la prédication de la parole divine, et six lettres (trois aux religieuses, une aux moines sur l’humilité, une au pape Symmaque et une à l’évêque Ruricius de Limoges).



Sermon LXXVIII : sur la décence requise à l’église

Voilà quelques jours, j'ai donné un conseil, voire une recommandation, dans mon affection paternelle, aux personnes qui ont mal aux pieds ou qui souffrent d'une infirmité corporelle : durant les longues « Passions » des martyrs ou durant les leçons plus longues que d'ordinaire, les personnes incapables de se tenir debout étaient autorisées à s'asseoir et à écouter humblement, en silence et avec attention. Or voici que certaines de nos filles s'imaginent qu'elles doivent faire de même, tout en étant en parfaite santé. Dès que l'on commence à lire la Parole de Dieu, beaucoup d'entre elles, sinon toutes, s'étendent comme si elles étaient au lit : et plût au ciel qu'elles ne fassent que s'étendre et écouter en silence et avidement la Parole divine ; mais elles bavardent entre elles, au point de ne rien entendre et d'empêcher les autres d'écouter. Aussi, vénérables filles, je vous en prie et vous le demande dans ma sollicitude paternelle : quand on lit les leçons ou quand on prêche la parole de Dieu, que personne ne se couche par terre (à moins qu'une très grave infirmité ne l'y oblige) et qu'alors on ne s'allonge pas, mais qu'on s'assoie plutôt, tout en écoutant attentivement et avec intérêt la prédication.

Je vous le demande, mes frères et mes sœurs, dites-moi, est-ce la parole de Dieu ou le corps du Christ qui vous paraît avoir le plus de prix ? Si vous voulez répondre correctement, vous devez dire que l'une n'a pas moins de valeur que l'autre. Avec quel soin ne veillons-nous pas, lorsque que le corps du Christ nous est donné, que rien n'en tombe de nos mains par terre : veillons donc, avec un soin égal, que la parole de Dieu qui nous est dispensée ne périsse dans notre cœur, pendant que nous sommes distraits ou que nous bavardons. Sont pareillement coupables celui qui aura écouté distraitement la parole de Dieu et celui qui aura laissé tomber par terre le corps du Christ, par négligence.

Si, au moment où commence la prédication, l'on distribuait des pierres précieuses, des boucles d'oreilles ou des bracelets d'or, j'aimerais bien savoir si nos filles voudraient se tenir debout pour les recevoir ? Sans nul doute, elles recevraient avec avidité et passion les bijoux qui leur seraient offerts. Quant à nous, nous ne pouvons, ni ne devons d'ailleurs offrir des joyaux matériels et c'est la raison pour laquelle on ne nous écoute pas volontiers. Mais il n'est pas juste qu'en administrant aux gens des dons spirituels, nous soyons jugés inutiles. L'auditeur bien disposé à la parole de Dieu saura qu'il reçoit des pendants d'oreilles envoyés du paradis, notre patrie. Le fidèle, exhorté à donner aux pauvres, s'il ouvre ses mains pour distribuer l'aumône, saura qu'il reçoit du Christ des bracelets en or. Notre chair sensuelle se pare pour peu de temps de bijoux matériels et nos yeux charnels s'y complaisent pour leur propre ruine ou pour celle des autres qui les convoitent : de même, l'âme sainte, grâce aux homélies sacrées, est parée comme avec les perles spirituelles et éternelles que sont les bonnes œuvres, afin de parvenir ornée et heureuse à l'amitié du céleste époux et au banquet nuptial ; ainsi on ne lui dira pas ce qui est écrit dans l'évangile : « Ami, comment es-tu entré ici n'ayant pas d'habits nuptiaux ?[1] » ni, parce qu'elle est pauvre et dépourvue de bijoux véritables : « Liez-lui mains et pieds et jetez-le dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents[2] », mais, au contraire, l'âme sainte aura un accueil enviable à cause de la parure de ses bonnes œuvres : « Courage, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur.[3] »

Je vous en supplie, mes filles, prêtez grande attention à ce que nous allons dire. Quand une mère souhaite parer de ses propres mains sa fille et que celle-ci, dédaigneuse des ornements offerts, se penche en avant et bouge de-ci de-là, agitée, de sorte que sa mère ne peut arriver à ses fins, la fille ne se fait-elle pas à bon droit gronder ou corriger ? Imaginez-vous donc que je suis une mère pour vos âmes et que je souhaite vous faire tellement belles que nulle tache ou ride ne puisse être trouvée en vous devant le tribunal du juge éternel. Et non seulement je souhaite procurer à vos âmes des joyaux, mais encore des médicaments: je m'efforce de recoudre les déchirures, de rapiécer les accrocs, de guérir les blessures, de laver les souillures, de réparer les dommages et d'orner de perles spirituelles les parties saines. Si vous offrir tout ceci ne m'ennuie pas, pourquoi voulez-vous recevoir à contre-cœur ? Les bijoux terrestres et matériels nous coûtent très cher, si personne ne s'offre pour nous les acheter : combien plus les joyaux de l'âme. Or, nous les avons cherchés, non sans peine, pour les offrir gracieusement à vos âmes ; n'est-il pas juste que vous les receviez en toute charité ? Nous qui vous procurons des perles originaires du paradis, notre patrie, nous n'en voulons aucune rétribution, si ce n'est que vous écoutiez patiemment et volontiers nos instructions et que vous vous efforciez, selon vos moyens et avec l'aide de Dieu, à les mettre en pratique.

Frères très chers et vénérables filles, nous ne vous parlons pas ainsi parce que nous vous voyons accueillir de mauvais cœur la parole divine; grâce à Dieu, je me réjouis et j'exulte, plus qu'on ne peut imaginer et dire, en voyant votre docilité Cependant, désireux de vous voir mieux faire, nous nous permettons de vous rappeler même les recommandations que vous mettez en pratique, je le sais. Et puisque tous les fidèles, hommes et femmes, ne sont pas présents aux vigiles, je vous le demande, fils et filles, de rapporter fidèlement aux absents ce qui vous a été dit : vous serez récompensés non seulement pour vos efforts, mais également pour avoir amendé autrui.

Saint Césaire d'Arles



[1] Evangile selon saint Matthieu, XXII 12.

[2] Evangile selon saint Matthieu, XXII 13.

[3] Evangile selon saint Matthieu, XXV 21.



Le concile d'Orange

Canon 1. Quiconque dit que par la faute de la prévarication d'Adam, l'homme n'est pas amoindri en tout son être, c'est-à-dire en son corps et en son âme, mais croit que le corps seul est soumis à la corruption, tandis que la liberté de l'âme demeure intacte, trompé par l'erreur de Pélage, il se met en contradiction avec l'Ecriture qui dit : L'âme qui aura péché périra ; et : Ignorez-vous que, si vous vous livrez à quelqu'un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez ? et : On est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre.


Canon II. Quiconque affirme que la prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul et non à sa descendance, ou enseigne que seule la mort du corps, qui est la punition du péché, mais non le péché lui-même, qui est la mort de l'âme, a été transmise par un seul homme à tout le genre humain, celui-là ne rend pas justice à Dieu et se met en contradiction avec l'Apôtre qui a dit : Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché, la mort ... et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché.


Canon III. Quiconque dit que la grâce peut être conférée à la suite de la prière de l'homme, mais que ce n'est pas la grâce qui fait qu'elle soit demandée par nous, contredit le prophète Isaïe ainsi que l'Apôtre qui le cite : J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas et je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas.


Canon IV. Quiconque prétend que c'est Dieu qui attend notre volonté pour nous purifier de nos péchés, et nie que ce soit l'inspiration et l'infusion du Saint-Esprit en nous qui fait que nous voulions être purifiés, celui-là résiste au Saint-Esprit lui-même qui a dit par la bouche de Salomon : La volonté est préparée par Dieu, et aussi à l'Apôtre qui, dans un salutaire enseignement, affirme que : C'est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir.


Canon V. Quiconque dit que l'augmentation et le commencement de la foi, ainsi que l'attrait vers la croyance, par lequel nous croyons en celui qui justifie l'impie et parvenons à la régénération su saint Baptême, sont en nous, non par un don de la grâce, c'est à dire par une inspiration du Saint-Esprit corrigeant notre volonté en l'amenant de l'infidélité à la foi, de l'impiété à la piété, mais bien par notre nature, celui-là se montre adversaire des enseignements apostoliques, car le bienheureux Paul a dit : Nous avons confiance que celui qui a commencé en nous la bonne oeuvre, l'achèvera jusqu'au jour de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et encore : Il nous a été donné à l'égard du Christ non seulement de croire en lui mais aussi de souffrir pour lui. Et encore : C'est par la grâce que vous avez été sauvés par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous ; c'est le don de Dieu.

- Donc, ceux qui disent que la foi par laquelle nous croyons en Dieu est un effet de la nature sont obligés d'admettre que tous ceux qui sont étrangers à l'Eglise du Christ sont d'une certaine façon des fidèles.


Canon VI. Quiconque dit que la miséricorde est conférée sans une grâce de Dieu, en raison de notre foi, de notre vouloir, de notre désir, de nos efforts, de notre travail, de nos prières, de nos veilles, de nos aspirations, de nos recherches, de notre assiduité à frapper, et que ce n'est pas l'infusion et l'inspiration du Saint-Esprit en nous qui fait que nous croyons, que nous voulons et que nous devenons capables de faire toutes ces choses comme il convient ; quiconque fait dépendre l'aide de la grâce de l'humilité et de l'obéissance humaine et n'admet pas que c'est par le don de la grâce que nous devenons obéissants et humbles, celui-là résiste à l'Apôtre disant : Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et : C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis.


Canon VII. Quiconque affirme pouvoir par la seule force de nature concevoir, comme il convient, une bonne pensée visant le salut de la vie éternelle, ou la choisir, ou donner son assentiment à la salutaire prédication de l'Evangile, sans l'illumination et l'inspiration du Saint-Esprit, qui donne à tous la suavité de l'assentiment à la vérité de la foi, celui-là est trompé par un esprit d'hérésie et ne comprend pas la parole de Dieu déclarant dans l'Evangile : Sans moi vous ne pouvez rien faire, ni celle de l'Apôtre : Ce n'est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes, mais notre aptitude vient de Dieu.


Canon VIII. Quiconque prétend que les uns peuvent parvenir à la grâce du baptême par un effet de la miséricorde, les autres par le libre arbitre, dont il est avéré qu'il est vicié en tous ceux qui sont nés de la prévarication du premier homme, démontre qu'il est étranger à la vraie foi.

Il affirme, en effet, que ce libre arbitre n'a pas été affaibli en tous par le péché du premier homme, ou bien il croit qu'il a été lésé de telle manière que certains hommes puissent encore par eux-mêmes, sans révélation divine, acquérir le mystère du salut éternel.

Le Seigneur lui-même enseigne que cette doctrine est contraire à la vérité, lui qui témoigne qu'aucun homme ne peut venir à lui si le Père ne l'attire point ; comme il a également dit à Pierre : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car la chair et le sang ne te l'ont pas révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. L'Apôtre dit aussi : Nul ne peut dire : Seigneur Jésus, si ce n'est en l'Esprit Saint.


Canon IX. C'est par un don de Dieu que nous avons de bonnes pensées, et que nous préservons nos pas des faussetés et de l'injustice, car chaque fois que nous faisons le bien, c'est Dieu qui fait en nous et avec nous que nous le fassions.


Canon X. Les régénérés et les saints doivent eux aussi toujours implorer l'aide de Dieu afin de pouvoir parvenir à une bonne fin, et pouvoir persévérer dans le bien.


Canon XI. Nul ne peut consacrer dignement quoi que ce soit à Dieu, s'il n'a reçu de lui ce qu'il veut lui consacrer, ainsi qu'il est écrit : Ce que nous avons reçu de ta main, nous te le donnons.


Canon XII. Dieu nous aime tel que nous serons par sa grâce, non tel que nous sommes par notre mérite.


Canon XIII. La liberté de la volonté qui a été affaiblie dans le premier homme ne peut être réparée que par la grâce du baptême : une chose perdue ne peut être rendue que par celui qui a pu la donner. C'est pourquoi la Vérité elle-même dit : Si le Fils nous a délivrés, alors vous êtes vraiment libres.


Canon XIV. Aucun malheureux ne peut être délivré de quelque misère que ce soit, si la miséricorde de Dieu ne le prévient ainsi que le dit le psalmiste : Que la compassion vienne au-devant de moi ; et : Mon Dieu, sa miséricorde viendra au-devant de moi.


Canon XV. L'état d'Adam, tel que Dieu l'avait formé, a été changé, mais en pis, par son iniquité ; l'état du fidèle, tel que le péché l'a établi, est changé, mais en mieux, par la grâce de Dieu. Le premier de ces changements est l'oeuvre du premier pécheur ; le second, selon le Psalmiste est l'oeuvre de la droite du Très-Haut.



Sermon VI

Quant à vous, mes frères, je vous demande instamment, vous tous qui savez vos lettres, de relire fréquemment la sainte Ecriture, et vous qui ne les savez pas, d'en écouter la lecture avec une oreille attentive. Car la lumière de l'âme et sa nourriture éternelle ne sont pas autre chose que la parole de Dieu, sans laquelle l'âme ne peut jouir de la vue ni même de la vie : notre corps meurt, faute d'absorber des aliments ; de la même façon, notre âme périt, faute de recevoir la parole de Dieu.

Saint Césaire d'Arles



Sermon XIII

Nous devons savoir qu'il n'est pas suffisant pour nous d'avoir reçu le nom de chrétiens, si notre conduite n'est pas chrétienne ; car le Seigneur a dit lui-même dans l'Evangile : A quoi sert de me dire : Seigneur ! Seigneur ! si vous ne faites pas ce que je dis ? (Luc VI 46) Tu aurais beau te dire mille fois chrétien et te signer sans arrêt de la croix du Christ, si tu ne fais pas l'aumône selon tes moyens, si tu ne veux pas avoir la charité, la justice et la chasteté, le nom de chrétien ne pourra t'être d'aucune utilité. C'est une grande chose que le signe du Christ, la croix du Christ : voilà pourquoi cette marque extérieure doit signifier quelque chose de grand et de précieux. A quoi sert de prendre pour ton cachet une bague en or, si c'est pour y inclure de la paille pourrie ? A quoi sert d'imprimer sur nos fronts et nos lèvres le signe du Christ, si, à l'intérieur de notre âme, nous cachons des péchés et des fautes ? Celui qui pèche en pensée, en parole, en action, sans vouloir se corriger, chaque fois qu'il se signe, au lieu d'atténuer son péché, il l'aggrave.

Saint Césaire d'Arles



Sermon LIV

Si Dieu veut que nous confessions nos péchés, ce n'est pas que lui-même ne pourrait les connaître ; mais c'est parce que le diable souhaite trouver de quoi nous accuser devant le tribunal du Juge éternel : aussi voudrait-il que nous pensions plutôt à excuser nos péchés qu'à les accuser. Notre Dieu, au contraire, parce qu'il est bon et miséricordieux, veut que nous les confessions en ce monde, pour que nous ne soyons pas confondus à cause d'eux, ensuite, dans l'autre. Si donc nous confessons, lui, il épargne ; si nous avouons, lui, il pardonne.

Saint Césaire d'Arles