21 août

Saint Pie X,
Pape


Biographie

Lettre encyclique Ad diem illum laetissimum

Prière à la Vierge Marie

Première encyclique : E Supremi Apostolatus



Biographie

Joseph-Melchior Sarto, né à Riese (province de Trévise) le 2 juin 1835 et baptisé à la paroisse Saint-Matthieu le lendemain. Après deux ans dans la petite école de Riese, il poursuit ses études primaires à Castelfranco de Vénitie. Il reçoit sa première communion à Riese, aux Pâques 1847 (6 avril).

Il prend la soutane, le 19 septembre 1850, et entre au séminaire de Padoue, le 13 novembre 1850, où il reste neuf ans. Tonsuré à la cathédrale d'Asolo, le 20 septembre 1851, il reçoit les deux premiers ordres mineurs en novembre 1856 et les deux autres le 6 juin 1857 ; ordonné sous-diacre le 19 septembre 1857, diacre, le 27 février 1858, il reçoit l'ordination sacerdotale dans la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858, célèbre sa première messe, le lendemain, à Riese et, le 29 novembre 1858, prend son poste de vicaire à Tombolo. Nommé curé de Salzano le 21 mai 1867, il quitte sa paroisse le 16 septembre 1875 pour devenir chanoine de Trévise.

Directeur du séminaire et chancelier épiscopal (28 novembre 1875). Primicier de la cathédrale le 12 juin 1879, il est, à la mort de l'évêque, élu par le chapitre vicaire capitulaire (27 novembre 1879).

Nommé à l'évêché de Mantoue en septembre 1884, il est sacré à Rome, dans l'église Saint-Apollinaire, le 23 novembre 1884, et entre à Mantoue le 18 avril 1885. Créé cardinal du titre de Saint-Bernard des Thermes au Consistoire secret du 12 juin 1893, il est trois jours après promu patriarche de Venise où il ne peut entrer que le 24 novembre 1894 puisque le gouvernent italien n'a donné son exequatur que le 5 septembre 1894.

Elu pape le 4 août 1903, il prend le nom de Pie X, il est couronné le 9 août 1903 ; Pie X meurt au Vatican le 20 août 1914, sa dépouille est déposée dans les Grottes Vaticanes le 23 août 1914. L'héroïcité de ses vertus fut proclamée le 3 septembre 1950, Pie XII le béatifie le 3 juin 1951 et le canonise le 29 mai 1954.



Lettre encyclique Ad diem illum laetissimum
sur la dévotion à la Très Sainte Vierge
donnée par Pie X le 2 février 1904.

Certes, Nous traversons une époque funeste, et nous avons le droit de pousser cette plainte du Prophète : Il n'est plus de vérité, il n'est plus de miséricorde, il n'est plus de science sur la terre. La malédiction et le mensonge et l'homicide et le vol et l'adultère débordent de partout (Osée IV 1-2). Cependant, du milieu de ce qu'on peut appeler un déluge de maux, l'oeil contemple, semblable à un arc-en-ciel, la Vierge très clémente, arbitre de paix entre Dieu et les hommes. Je placerai un arc dans la nue et il sera un signe d'alliance entre moi et la terre (Genèse IX 13). Que la tempête se déchaîne donc, et qu'une nuit épaisse enveloppe le ciel : nul ne doit trembler, la vue de Marie apaisera Dieu et il pardonnera. L'arc-en-ciel sera dans la nue, et à le voir je me souviendrai du pacte éternel (Genèse IX 16). Et il n'y aura plus de déluge pour engloutir toute chair (Genèse IX 16). Nul doute que si Nous Nous confions, comme il convient, en Marie, surtout dans le temps que nous célébrons avec une plus ardente piété son Immaculée Conception, nul doute, disons-Nous, que Nous ne sentions qu'elle est toujours cette Vierge très puissante qui, de son pied virginal, a brisé la tête du serpent (Office de l'Immaculée Conception).



Prière à la Vierge Marie

Vierge très-sainte,
qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère,
Vierge immaculée dans votre corps, dans votre âme,
dans votre foi et dans votre amour,
de grâce, regardez avec bienveillance les malheureux
qui implorent votre puissante protection.
Le serpent infernal,
contre lequel fut jetée la première malédiction,
continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d'Eve.
Ah ! vous, ô notre Mère bénie, notre Reine et notre Avocate,
vous qui avez écrasé la tête de l'ennemi
dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières,
et, - nous vous en conjurons unis à vous en un seul coeur -
présentez-les devant le trône de Dieu,
afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches
qui nous sont tendues,
mais que nous arrivions tous au port du salut,
et qu'au milieu de tant de périls,
l'Eglise et la société chrétienne chantent encore une fois
l'hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix.

Saint Pie X



Début de la première encyclique de Pie X
E Supremi Apostolatus - 4 octobre 1903

Aux patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires en paix et en communion avec le siège apostolique

Au moment de vous adresser pour la première fois la parole du haut de cette chaire apostolique où Nous avons été élevé par un impénétrable conseil de Dieu, il est inutile de vous rappeler avec quelles larmes et quelles ardentes prières Nous Nous sommes efforcés de détourner de Nous la charge si lourde du Pontificat suprême. Il Nous semble pouvoir, malgré la disproportion des mérites, Nous approprier les plaintes de saint Anselme, quand en dépit de ses oppositions, et de ses répugnances, il se vit contraint d'accepter l'honneur de l'épiscopat. Les témoignages de tristesse qu'il donna alors, Nous pouvons les produire à Notre tour, pour montrer dans quelles dispositions d'âme et de volonté, Nous avons accepté la mission si redoutable de pasteur du troupeau de Jésus-Christ. « Les larmes de mes yeux m'en sont témoins, écrivait-il, ainsi que les cris, et pour ainsi dire que les rugissements que poussait mon cour dans son angoisse profonde. Ils furent tels que je ne me souviens pas d'en avoir laissé échapper de semblables en aucune douleur avant le jour où cette calamité de l'archevêché de Cantorbéry vint fondre sur moi. Il ne purent l'ignorer, ceux qui, ce jour-là, virent de près mon visage. Plus semblable à un mort qu'à un homme vivant, j'étais pâle de consternation et de douleur. A cette élection, ou plutôt à cette violence, j'ai résisté jusqu'ici, je le dois en vérité, autant qu'il m'a été possible. Mais maintenant, bon gré mal gré, me voici contraint de reconnaître que les desseins de Dieu sont contraires à mes efforts, de telle sorte que nul moyen ne me reste d'y échapper. Vaincu moins par la violence des hommes que par celle de Dieu, contre qui nulle prudence ne saurait prévaloir, après avoir fait tous les efforts en mon pouvoir pour que ce calice s'éloigne de moi sans que je le boive, je ne vois d'autre déterminaton à prendre que celle de renoncer à mon sens propre, à ma volonté, et de m'en remettre entièrement au jugement et à la volonté de Dieu. »

Certes, Nous non plus ne manquions pas de nombreux et sérieux motifs de Nous dérober au fardeau. Sans compter que, en raison de Notre  petitesse, Nous ne pouvions à aucun titre Nous estimer digne des honneurs du Pontificat, comment ne pas Nous sentir profondément ému en Nous voyant choisi pour succéder à celui qui, pendant les vingt-six ans, où peu s'en faut, qu'il gouverna l'Eglise avec une sagesse consommée, fit paraître une telle vigueur d'esprit et de si insignes vertus, qu'il s'imposa à l'admiration des adversaires eux-mêmes et, par l'éclat de ses ouvres immortalisa sa mémoire ?

En outre, et pour passer sous silence bien d'autres raisons, Nous éprouvons une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l'humanité à l'heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaillle, en ce moment et bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s'aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu'aux molles, l'entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c'est à l'égard de Dieu, l'abandon et l'apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : « Voici que ceux qui s'éloignent de Vous périront. » A un si grand mal, Nous comprenions qu'il Nous appartenait, en vertu de la charge pontificale à Nous confiée, de porter remède.  Nous estimions qu'à Nous s'adressait cet ordre de Dieu : « Voici qu'aujourd'hui, je t'établis sur les  nations et les royaumes pour arracher et pour détruire, pour édifier et pour planter » ; mais pleinement conscient de Notre faiblesse, Nous redoutions d'assumer une ouvre hérissée de tant de difficultés, et qui pourtant n'admet pas de délais.

Cependant, puisqu'il a plu à Dieu d'élever Notre bassesse jusqu'à cette plénitude de puissance, Nous puisons courage en « Celui qui nous conforte » ; et mettant la main à l'ouvre, soutenu de la force divine, Nous déclarons que Notre but unique dans l'exercice de Notre pontificat est de « nous restaurer dans le Christ » afin que « le Christ soit tout et en tout. »

Il s'en trouvera sans doute qui, appliquant aux choses divines la courte mesure des choses humaines, chercheront à scruter Nos pensées intimes et à les tourner à leurs vues terrestres et à leurs intérêts de parti. Pour couper court à ces vaines tentaitives, Nous affirmons en toute vérité que Nous ne voulons être et que, avec le secours divin, Nous ne serions rien d'autre, au milieu des sociétés humaines, que le ministre de Dieu qui Nous a revêtu de son autorité. Ses intérêts sont Nos intérêts ; leur consacrer Nos forces et Notre vie, telle est Notre résolution inébranlable. C'est pourquoi, si l'on nous demande une devise traduisant le fond même de notre âme,Nous ne donnerons jamais que celle-ci : « Restaurer toutes choses dans le Christ. »

 

Voulant donc entreprendre et poursuivre cette grande ouvre, Vénérables Frères, ce qui redouble Notre ardeur, c'est la certitude que vous Nous y serez de vaillants auxiliaires. Si Nous en doutions, Nous semblerions vous tenir, et bien à tort, pour mal informés ou indifférents, en face de la guerre impie qui a été soulevée et qui va se poursuivant presque partout contre Dieu. De nos jours, il n'est que trop vrai, « les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés » contre leur Créateur ; et presque commun est devenu le cri de ses ennemis : « Retirez-vous de nous. » De là, en la plupart, un rejet total de tout respect de Dieu. De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n'est tenu de sa souveraineté. Bien plus, il n'est effort ni artifice que l'on ne mette en ouvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu'à sa notion.

Qui pèse ces choses a droit de craindre qu'une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement le fils de perdition dont parle l'Apôtre n'ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l'audace et si grande la rage avec les quelles on se rue partout à l'attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d'un effort obstiné à anéantir tout rapport de l'homme avec la Divinité ! En revanche, et c'est là au dire du même apôtre, le caractère propre de l'Antéchrist, l'homme, avec une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s'élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C'est à tel point que, impuissant à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend de recevoir les adorations de ses semblables. « Il siège dans le temple de Dieu, où il se montre comme s'il était Dieu lui-même. » Quelle sera l'issue de ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut mettre en doute. Il est loisible assurément, à l'homme qui veut assurer sa liberté, de violer les droits et l'autorité suprême du Créateur ; mais au Créateur reste toujours la victoire. Et ce n'est pas encore assez dire : la ruine plane de plus près sur l'homme justement quand il se dresse plus audacieux dans l'espoir du triomphe. C'est de quoi Dieu lui-même nous avertit dans les Saintes Ecritures : « Il ferme les yeux, disent-elles, sur les péchés des hommes », comme oublieux de sa puissance et de sa majesté ; mais bientôt, après ce semblant de recul, « se réveillant ainsi qu'un homme dont l'ivresse a grandi la force, il brise la tête de ses ennemis, afin que tous sachent que le roi de toute la terre, c'est Dieu, et que les peuples comprennent qu'ils ne sont que des hommes. »

Tout cela, Vénérables frères, nous le tenons d'une foi certaine et nous l'attendons. Mais cette confiance ne nous dispense pas, pour ce qui dépend de nous, de hâter l'ouvre divine, non seulement par une prière persévérante : « Levez-vous, Seigneur, et ne permettez pas que l'homme se prévale de sa force », mais encore, et c'est ce qui importe le plus, par la parole et par les ouvres, au grand jour, en affirmant et en revendiquant pour Dieu la plénitude de son domaine sur les hommes et sur toute créature, de sorte que ses droits et son pouvoir de commander, soient reconnus par tous avec vénération et pratiquement respectés.

Accomplir ces devoirs, n'est pas seulement obéir aux lois de la nature, c'est travailler à l'avantage du genre humain. Qui pourrait, en effet, Vénérables Frères, ne pas sentir son âme saisie de crainte et de tristesse à voir la plupart des hommes, tandis qu'on exalte par ailleurs et à juste titre les progrès de la civilisation, se déchaîner avec un tel acharnement les uns contre les autres, qu'on dirait un combat de tous contre tous ? Sans doute, le désir de la paix est dans tous les cours, et il n'est personne qui ne l'appelle de tous ses voux. Mais cette paix, insensé qui la cherche en dehors de Dieu ; car, chasser Dieu, c'est bannir la justice ; et, la justice écartée, toute espérance de paix devient une chimère. « La paix est l'ouvre de la justice. » Il en est, et en grand nombre, Nous ne l'ignorons pas, qui poussés par l'amour de la paix, c'est-à dire de la tranquilité de l'ordre, s'associent et se groupent pour former ce qu'ils appellent le parti de l'ordre. Hélas ! vaines espérances, peines perdues ! De partis d'ordre capables de rét