Fête de la Transfiguration du Seigneur

Evangile (année C)

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (IX 28-36).

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne[1] pour prier.

Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante[2]. Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire[3]. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.

Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : Maître, il est heureux que nous soyons ici. Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. Il ne savait pas ce qu'il disait[4]. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre[5] ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là[6].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Tous ceux qui veulent contempler Dieu ne doivent pas s'arrêter dans les jouissances de la terre, mais aspirer aux choses d'en-haut ; qu'il faut chercher Dieu, non dans les bas-fonds de ce siècle, mais dans le royaume de Dieu (St Rémi d'Auxerre).

[2] Il voulait prémunir ses disciples contre le scandale de la Croix ; et en leur faisant apparaître un rayon de sa gloire cachée, les empêcher d'être troublés par les humiliations de cette Passion à laquelle il se portait volontairement. Avec une sagesse non moins haute, il constituait l'espérance de son Eglise, de façon que le Corps du Christ connût quelle transformation devait se faire en lui, et que les membres se missent à espérer cette gloire dont il disait en parlant des splendeurs de son avènement : Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de mon Père (Saint Léon le Grand, sermon LI 3).

[3] Il voulait leur montrer qu'il avait pouvoir sur la vie et sur la mort, qu'il commandait au ciel et à la terre ; et c'est pour cela qu'il fait venir près de lui celui qui n'était pas encore mort et celui qui était mort depuis tant d'années. Quels beaux exemples apportaient aussi ces deux hommes, pour encourager les apôtres à pratiquer la doctrine qu'il leur avait prêchée, la doctrine du sacrifice ! L'un et l'autre avaient su sacrifier leur vie pour la retrouver. L'un et l'autre avaient su résister avec fermeté et constance aux tyrans, l'un à Pharaon, l'autre à Achaz, et cela pour un peuple ingrat et indocile. Tous deux avaient vécu dans la pauvreté. Tous deux avaient accompli de grands prodiges. Jésus veut les donner en modèle à ceux qu'il établit les chefs du peuple nouveau ; il veut que dans le gouvernement des âmes ils aient le zèle d'Elie et la douceur de Moïse. Sans doute Elie avait fait tomber le feu du ciel sur les prévaricateurs, et un jour ses apôtres s'en souvenant lui diront : Voulez-vous que nous fassions descendre le feu du ciel sur vos adversai-res ?Mais il leur rappellera qu'ils sont appelés à une justice plus parfaite (Saint Jean Chrysostome : homélie LVI sur l'Evangile selon saint Matthieu, 2).

[4] Il se trompait, car avant de jouir de cette gloire, il faut travailler, il faut pâtir. Si tu étais resté avec ton maître sur la montagne, ô Pierre, les promesses qui t'ont été faites n'auraient pas sorti leur effet: tu n'aurais pas été l'introducteur au royaume des cieux, le ciel n'aurait pas été ouvert au larron, la tyrannie de la mort n'aurait pas été détruite, l'enfer n'aurait pas rendu sa proie, les patriarches n'auraient pas été délivrés des enfers, la nature humaine n'aurait pas été revêtue de l'immortalité. Le Seigneur a pour toi des desseins plus grands que ceux que tu formes toi-même : il t'a proposé, non à la construction de trois tentes, mais à la construction de l'Eglise universelle. Ce que tu voulais faire, ce sont tes disciples qui le feront et qui construiront sur cette montagne trois temples en l'honneur du Christ, de Moïse et d'Elie (Saint Jean Damascène : Homélie sur la Transfiguration, 16).

[5] Voilà que la nuée leur devient à tous quatre une seule demeure (Saint Augustin : sermon LXXIX).

[6] Et maintenant, ô Pierre, toi qui désirais demeurer sur la montagne de la Transfiguration, il faut descendre ; toi qui voulais demeurer dans ce doux repos, il faut prêcher, exhorter, reprendre à temps et à contretemps ; il faut travailler, suer, souffrir ; il faut que par ton travail accompli dans la charité, tu établisses en ton âme cette blancheur et cette beauté qui apparaissent dans les vêtements de ton maître (Saint Augustin : sermon LXXVIII 6).