5 août Dédicace de Sainte Marie-Majeure Sommaire : Depuis sa fondation, « Santa Maria Maggiore » est la principale basilique de Rome et de toute la Chrétienté consacrée au culte de la Vierge Marie. Si l'image de la Vierge qu'on y vénère et que la légende attribue au saint évangéliste Luc, est dite « Salus Populi Romani » (Salut du Peuple Romain), le pape Eugène III (1145-1153), dans une inscription qu'il fit mettre au-dessus du portail de l'église, invoquait Marie « comme via, vita, salus, totius gloria mundi » (voie, vie, salut, gloire du monde entier). Une très belle légende médiévale raconte que le saint pape Libère (352-366) construisit une église au sommet de l'Esquilin, sur le lieu où la neige était tombée, dans la nuit du 4 au 5 Août, pour indiquer au patricien Giovanni, à son épouse et au Pontife lui-même l'emplacement sur lequel devait s'élever une basilique dédiée à la Vierge. La basilique actuelle fut, en réalité, construite au cinquième siècle par le pape Sixte III (432-440), au lendemain de la définition dogmatique de la maternité divine de Marie par le concile d'Ephèse (431) contre l'hérésie nestorienne qui admettait qu'on appelât Marie « Mère du Christ-homme », mais non pas « Mère de Dieu. » Les pèlerins peuvent encore admirer les magnifiques mosaïques commandées par Sixte III pour illustrer la très haute dignité de Marie Mère de Dieu : celles qui se trouvent de chaque côté de la nef centrale, au-dessus des colonnes, représentent des scènes de l'Ancien Testament, tandis que celles de l'arc triomphal montrent certains épisodes de l'Enfance du Christ, représenté comme Dieu aux côtés de sa Mère ; au centre, on voit l'inscription apposée par Sixte III : « Xystus episcopus plebi Dei » (Sixte, évêque, au peuple de Dieu). Dès cette époque, l'église fut appelée basilique de Santa Maria et aussi dite, à partir du sixième siècle, ad Præsepe (de la Crèche), puis ad Nives (des Neiges) ou Liberiana, à partir du douzième siècle où l'on commença de l'intituler Santa Maria Maggiore, pour indiquer qu'il s'agit de la plus vénérable et de la plus précieuse des églises consacrées à la Sainte Vierge. La structure intérieure de la basilique, à trois nefs séparées par une élégante colonnade, n'a pratiquement pas subi de changements au cours des temps, encore que le pape Nicolas IV (1288-1292), pour agrandir le presbyterium, fit démolir l'abside que Sixte III avait adossée à l'arc triomphal, et en fit construire une autre, sept mètres plus loin, dont la décoration fut confiée à Giacomo Torriti qui réalisa la merveilleuse mosaïque représentant, au centre, le Couronnement de la Vierge et, dans la partie inférieure, la scène de la Dormition. Après la mort de Nicolas IV, les cardinaux Giacomo et Pietro Colonna commandèrent la décoration de la façade extérieure à Filippo Rusuti qui, en mosaïque, représenta les principaux épisodes de la légende de la neige. Au quinzième siècle, le cardinal Guillaume d'Estouteville (1412-1483), archevêque de Rouen, fit couvrir d'une voûte les deux nefs latérales ; un peu plus tard, le pape Alexandre VI Borgia (1492-1503) fit réaliser, au-dessus de la nef centrale, par Antonio da Sangallo le Vieux, un splendide plafond à caissons qui fut doré avec le premier or venu d'Amérique, offert au Pape par les monarques espagnols. Sixte Quint (1585-1590) fait aménager devant la basilique une place en étoile et commande à Domenico Fontana (1543-1607) l'aménagement de l'oratoire de la Crèche, placé sous l'autel majeur où le pape célèbre ordinairement la première messe de Noël : le reliquaire des bois de la Crèche sera offert par le roi Philippe III d'Espagne et la reine Marguerite. A la fin du seizième siècle, le cardinal Domenico Pinelli (1587-1611), archiprêtre de la basilique, commanda, pour les espaces qui sont entre les fenêtres de la nef centrale, les fresques des scènes de la vie de la Vierge. Sous le pontificat de Benoît XIV (1740-1758), l'architecte Ferdinando Fuga, chargé de restaurer toute l'église, donna son emplacement définitif au maître-autel dont il édifia le baldaquin. A l'intérieur de la basilique, de nombreuses chapelles s'ouvrent le long des deux nefs latérales, sans altèrer l'harmonie de l'édifice. Sur la droite, Sixte V (1585-1590) fit construire une chapelle grandiose (la Sixtine) où il fit transporter par Domenico Fontana la chapelle médiévale de la Crèche ; il y fit mettre son tombeau et celui de Pie V. En face, à gauche, Paul V Borghèse (1605-1621), fit édifier une chapelle très richement décorée (la Pauline) pour recevoir l'image de la Vierge dite Salus Populi Romani ; il y fit mettre son tombeau et celui de Clément VIII Aldobrandini. C'est aussi à Paul V, que l'on doit l'agrandissement du baptistère et de la sacristie, au-dessus desquels l'architecte Flaminio Ponzio construisit des logements pour les chanoines. La façade extérieure de l'abside, ½uvre de Carlo Rainaldi, qui recouvre celle de Nicolas IV, fut réalisée sous le pontificat de Clément X Altieri (1670-1676). La façade principale fut créée par Ferdinando Fuga sur ordre de Benoît XIV Lambertini. Un nouveau portail remplaça celui d'Eugène III, précédemment restauré par Grégoire XIII Boncompagni (1572-1585). Dans la loge supérieure on conserva les mosaïques de F. Rusuti (XIII-XIVe siècle) qui, autrefois, ornaient l'extérieur de la façade. C'est à Ferdinando Fuga qu'on doit l'aménagement du périmètre extérieur de la basilique et la construction, à gauche du portail, d'une deuxième série de logements canoniaux, symmétrique à celle de Flaminio Ponzio. Le tout forme une sorte d'écrin précieux qui renferme le joyau qu'est la basilique paléochrétienne de Sixte III, scintillante mais sobre, conçu comme un appel, permanent et sensible, à la prière. La Vierge Salus Populi Romani, vénérée sur le maître-autel de la Chapelle Pauline qui est, selon la légende, attribuée à saint Luc, est assurément un tableau très ancien dont il est impossible de préciser la datation. Selon une tradition séculaire, le saint pape Grégoire le Grand aurait, en 590, ordonné une procession de l'effigie sacrée jusqu'à la basilique Saint-Pierre pour implorer la fin de l'épidémie de peste qui sévissait alors dans la ville. Dieu entendit cette supplique et le fit savoir par un signe : l'archange saint Michel, rengainant une épée ensanglantée, apparut au sommet du mausolée d'Hadrien, tandis que les ch½urs angéliques chantaient le Regina Cæli ; depuis, le mausolée est appelé le Château Saint-Ange. L'image sacrée fut honorée dans un des deux ciboriums érigés dans la nef centrale, près de l'autel papal, jusqu'à ce qu'elle fût transférée solennellement (27 janvier 1613) dans la chapelle construite par le pape Paul V Borghese. Dès le Moyen-Age, les Papes et les fidèles eurent une dévotion toute spéciale pour cette image que, souvent, à l'occasion de grandes calamités ou d'importantes fêtes mariales, on portait en procession à travers les rues de la ville, comme cela se fit encore assez récemment. C'est devant cette précieuse images que Pie V fit faire les actions de grâces après la bataille de Lépante (1571), ce qu'ordonna aussi Innocent XI Odescalchi (1676-1689) après la délivrance de Vienne (1683) et Clément XI Albani (1700-1721) après la victoire de Peterwardein (1716). C'est devant elle encore que, le 6 juin 1987, Jean-Paul II inaugura avec la récitation du Rosaire, retransmise dans le monde entier, l'Année Mariale extraordinaire, en préparation du troisième millénaire de la naissance de Notre Sauveur. Nous vous saluons, Marie, Mère de Dieu, trésor sacré de tout l'univers, astre sans déclin, couronne de la virginité, sceptre de la foi orthodoxe temple indestructible, demeure de l'incommensurable, Mère et Vierge, cause de qui est appelé béni, dans les saints évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur. Nous vous saluons, vous qui avez contenu dans votre sein virginal celui que les cieux ne peuvent contenir ; vous par qui la Trinité est glorifiée et adorée sur toute la terre ; par qui le ciel exulte ; par qui les anges et les archanges sont dans la joie ; par qui les démons sont mis en déroute ; par qui le tentateur est tombé du ciel ; par qui la créature déchue est élevée au ciel ; par qui le monde entier captif de l'idolâtrie est parvenu à la connaissance de la vérité ; par qui le saint baptême est accordé à ceux qui croient, avec l'huile d'allégresse ; par qui, sur toute la terre,les Eglises ont été fondées ; par qui les nations païennes sont amenées à la conversion. Et que dirai-je encore ? C'est par vous que la lumière du Fils unique de Dieu a brillé pour ceux qui demeuraient dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort ; c'est par vous que les prophètes ont annoncé l'avenir, que les Apôtres proclament le salut aux nations, que les morts ressuscitent, et que règnent les rois, au nom de la sainte Trinité. Y-a-t-il un seul homme qui puisse célébrer dignement les louanges de Marie ? Elle est mère et vierge à la fois. Quelle merveille ! Merveille qui m'accable ! Qui a jamais entendu dire que le constructeur serait empêché d'habiter le temple qu'il a lui-même édifié ? Osera-t-on critiquer celui qui donne à sa servante le titre de mère ? Voici donc que le monde entier est dans la joie. Qu'il nous soit donné de vénérer et d'adorer l'unité, de vénérer et d'honorer l'indivisible Trinité en chantant les louanges de Marie toujours Vierge, c'est-à-dire de la sainte Église, et celles de son Fils et de son Epoux immaculé : car c'est à lui qu'appartiennent la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
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