3 mai

Saint Philippe et saint Jacques le Mineur,
apôtres

Sommaire :

St Philippe

St Jacques le Mineur



St Philippe

Saint Philippe naquit à Bethsaïde, sur les bords du lac de Tibériade, comme les saints Pierre et André. Saint Clément d'Alexandrie, suivant une tradition ancienne, l'identifie au jeune homme qui demande la permission d'aller enterrer son père avant de suivre Jésus qui répond de laisser les morts ensevelir les morts[1].

Selon l'évangile de saint Jean, on peut supposer qu'il fut d'abord un disciple du Baptiste avant d'être appelé par Jésus à qui il conduit Nathanaël[2] (Barthélemy) ; c'est à lui que Jésus s'adresse avant la première multiplication des pains[3] et c'est à lui que se présentent les païens approcher le Seigneur[4] ; enfin, pendant la Cène, il demande à Jésus de montrer le Père[5].

La tradition nous apprend qu'il prêcha aux Scythes et qu'il mourut très vieux à Hiérapolis (Phrygie) où, selon Eusèbe de Césarée qui cite Polycrate, il fut enterré. Clément d'Alexandrie prétend qu'il mourut de mort naturelle alors que d'autres disent qu'il fut martyrisé sous Domitien ou sous Trajan (lapidé puis crucifié).

L’apôtre Philippe est généralement représenté jeune ; il porte souvent la croix de son supplice et, parfois, des pains qui rappellent son rôle de la multiplication des pains. Parce qu’il porte un nom grec et qu’il est natif de Bethsaïde, on l’associe à André.



[1] Evangile selon saint Matthieu, VII 22 ; évangile selon saint Luc, IX 60.

[2] Evangile selon saint Jean, I 43-51.

[3] Evangile selon saint Jean, VI 5-7.

[4] Evangile selon saint Jean, XII 21-22.

[5] Evangile selon saint Jean, XIV 7-12.



St Jacques

Saint Jacques, dit le Mineur, fils d'Alphée et frère de Jude, originaire de Nazareth, était un parent du Seigneur et fut le premier évêque de Jérusalem, à la demande expresse de Jésus si l'on en croit saint Jérôme et saint Epiphane.

Il fut favorisé d'une apparition spéciale du Sauveur ressuscité dont saint Paul se fait l'écho[6], et dans laquelle, selon saint Clément d'Alexandrie, lui fut communiqué de manière particulière le don de science.

Evêque de Jérusalem, il jouit d'un prestige particulier et d'une autorité considérable : c'est à lui que saint Pierre veut que l'on annonce d'abord sa délivrance[7] ; c'est lui qui contrôle la doctrine et la mission de Paul[8] ; c'est lui qui au concile de Jérusalem, résume le discours de Pierre et règle ce qui doit être observé lors de la conversion des païens[9] ; c'est encore chez lui que Paul, lors de son dernier voyage à Jérusalem, rend compte de sa mission[10]. Il est enfin l'auteur de l'épître de saint Jacques.

L'historien juif Flavius Josèphe et Eusèbe de Césarée mentionnent son martyre par lapidation[11]. Recopiant Hégésippe, Eusèbe de Césarée et saint Jérôme écrivent : « Il a toujours conservé sa virginité et sa pureté entière. Nazaréen, c'est-à-dire consacré à Dieu dès sa naissance, il ne coupa jamais ses cheveux ni sa barbe, n'usa ni de vin, ni bains, ni d'huile pour oindre ses membres, ne porta point de sandales, n'usa pour ses vêtements que du lin. Ses prostrations à terre dans la prière étaient si fréquentes que la peau de ses genoux s'était endurcie comme celle du chameau. Son éminente sainteté lui valut le surnom de Juste par excellence. » Hégésippe dit que Jacques fut enterré près du Temple, sur le lieu même de son martyre (précipité du Temple, puis lapidé et achevé par un foulon qui lui fracasse le crâne). Il est souvent figuré en évêque de Jérusalem ; son attribut est le bâton de foulon, instrument de son supplice.

Si l’on ne sait pas grand chose du culte que l’on rendit primitivement à saint Philippe, en revanche, on sait que l’on montrait à Jérusalem, au IV° siècle, la chaire épiscopale de saint Jacques que l’on vénéra plus tard à l’église de la Sainte-Sion. Au VI° siècle, une église de Jérusalem passait pour avoir été construite sur l’emplacement de la maison de saint Jacques. Les plus importantes reliques des corps de saint Philippe et de saint Jacques dont on célèbre aujourd'hui la translation, sont à Rome, dans la crypte de la basilique des Saints-Apôtres.

De nombreuses églises disent posséder des reliques de saint Jacques le Mineur, telle la cathédrale Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Zoïle de Compostelle, l’église des Jésuites d’Anvers, Saint-Etienne de Forli, la cathédrale de Langres, Saint-Corneille de Compiègne ... Avec des reliques de saint Jacques, Saint-Sernin de Toulouse afffirme posséder des reliques de saint Philippe dont la cathédrale d’Autun dit avoir hérité de Cluny une partie du chef dont le reste fut distribué entre Notre-Dame de Paris et la cathédrale de Troyes. Florence assure avoir un bras de saint Philippe.

Les traces parisiennes du culte de saint Philippe et de saint Jacques, dont on célèbre aujourd'hui la translation des reliques à Rome, dans la basilique des Saints-Apôtres, semblent assez tardives. L'abbaye Saint-Maur-des-Fossés possédait dans son trésor une partie du chef de saint Philippe rapportée de Constantinople vers 1245, comme l'attestait un acte conservé dans les archives.

D'autre part, le duc Jean de Berry, oncle du roi Charles VI, avait donné aux chanoines de Notre-Dame de Paris une relique du chef de saint Philippe. Etant malade dans son hôtel de Nesle, il demanda que cette relique lui fût apportée en procession, le premier mai, par les chanoines revêtus de chapes de soie, tenant chacun un rameau de bois vert et l'église semée d'herbe verte. Il y avait à Notre-Dame une chapelle Saint-Philippe et Saint-Jacques.

Sans que l'on s'explique comment, la chapelle de l'hôpital Saint-Jacques-du-Haut-Pas, devenue église succursale pour les habitants du faubourg (1566), d'abord mise sous le patronage de saint Jacques le Majeur, passa, lors de sa reconstruction, sous celui des saints apôtres Jacques, fils d'Alphée, et Philippe ; la première pierre fut posée le 2 septembre 1630 par Gaston d'Orléans, en présence de Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris. C'est là que seront inhumés l'abbé de Saint-Cyran et la duchesse de Longueville.

Dans le quartier alors misérable du Roule, il y avait un hospice qui appartenait aux employés de la Monnaie[12],  dont la chapelle, dédiée à saint Philippe et à saint Jacques le Mineur, restaurée en 1636 et 1642, fut érigée en église paroissiale le 1° mai 1699. Erigé en faubourg en 1722, le Roule qui était alors « de tous les faubourgs de Paris (…) le plus négligé et le plus malpropre » fut peu à peu nettoyé puis, à partir de 1750, transformé par la construction de beaux hôtels dont celui de la marquise de Pompadour.

qui deviendra le palais de l’Elysée. L'église paroissiale qui menaçait ruine fut détruite en 1739 pour faire place à une nouvelle église ; en attendant, le culte se faisait dans une grange. Le 14 août 1741, Louis XV donna un terrain de l’ancienne pépinière du Roule, en face de l’ancienne église, pour y construire une église, un presbytère et un cimetière. Ce premier projet fut abandonné au profit d’un nouvelle construction sur l’emplacement de l’ancienne église. Si les plans furent dressés par Jean-François Chalgrin en 1765, la construction de Saint-Philippe-du-Roule ne commença qu’en 1774 et dura une dizaine d’années. Le maître-autel fut consacré le 30 avril 1784. Maintenue comme paroisse après la Constitution civile du Clergé (1791), Saint-Philippe-du-Roule fut fermée en 1793, puis mise à la disposition des Théophilanthropes, et enfin rendue au culte catholique le 8 juin 1795. Cette église qui avait été agrandie en 1845 et consacrée le 13 novembre 1852, fut vidée de la plupart de ses tableaux entre 1960 et 1970.



[6] Première épître de saint Paul aux  Corinthiens, XV 7.

[7] Actes des Apôtres, XII 12-17.

[8] Epître de saint Paul aux Galates, I 19 & II 9.

[9] Actes des Apôtres, XV.

[10] Actes des Apôtres, XXI 18-19.

[11] C’était à la Pâque, le 10 avril 62.

[12] Au début du XIII° siècle, les officiers et les employés de la Monnaie avaient fondé au hameau du Roule une léproserie. Autorisée en 1216 par l’évêque de Paris (Pierre de Nemours) la léproserie était dirigée par huit frères dont la nomination était partagée entre l’évêque et les ouvriers de la Monnaie (arrêt du Parlement de 1392, confimé par une ordonnance de Charles IX datée du 19 novembre 1562).