Pâques - Messe du jour - Annee C

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Jean (XX, 1-9).

Après la mort de Jésus, le premier jour de la semaine[1], Marie Madeleine[2] se rendit au tombeau de grand matin, alors qu'il faisait encore sombre[3]. Elle vit que la pierre avait été enlevée du tombeau[4]. Elle courut donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis.[5] »

Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau[6]. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il vit que le linceul[7] était resté là ; cependant il n'entra pas[8]. Simon-Pierre, qui le suivait, arriva à son tour. Il entra dans le tombeau, et il regarda le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place[9].

C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l´Ecriture, il fallait que Jésus ressuscitât d'entre les morts[10].


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Dans l´Ancien Testament la semaine est une suite continue de sept jours, désignée par le septième, le sabbat ; les Juifs n´ont pas attribué de nom particulier aux six premiers jours de la semaine qu´ils ont simplement numérotés ; à partir de l´époque hellénistique, le sixième jour de la semaine (vendredi) est appelé le « jour de la préparation ». Le sabbat étant le samedi, le premier jour de la semaine est donc le dimanche.

[2] Elle est la plus aimante et à cause de cela elle est la plus active (saint Augustin : « De consensu evangelistarum », III 12).

La femme qui de bonne heure s´était portée à la faute, vient, quoique tardivement, recevoir son pardon. Ayant au matin causé la perte d´Adam, au soir elle cherche le Christ. Celle qui au paradis a été incroyante, se hâte de venir puiser la foi au tombeau. Elle vait puisé la mort dans la vie, et maintenant elle va puiser la vie dans la mort (saint Pierre Chrysologue : sermon LXXIV).

[3] Il ne s´agit plus d´oindre les pieds ou la tête de Jésus, elle veut oindre de parfums précieux son corps tout entier. Vous aussi, si vous avez de la piété, ne vous contentez pas d´être bons et généreux envers vos parents et vos amis, envers ceux qui vous ont fait du bien ou dont vous espérez quelques biens : les païens eux-mêmes font cela ; mais suivant le conseil de saint Paul, appliquez-vous à faire du bien à tous, de sorte que pour Dieu vous ne refusiez à personne, même à un ennemi, aucun service matériel ou spirituel. Il est certain que, si vous le voulez, vous êtes riches en parfums, et vous pouvez, de vos parfums, oindre tout le corps du Christ, c´est-à-dire son Eglise. C´est peut-être à ce dessein que Jésus ne voulut pas recevoir en son tombeau ce parfum qui était tout préparé, voulant le recevoir en son corps vivant. Car il est vivant ce corps qui se nourrit du pain vivant descendu du ciel. L´Eglise lui est un corps plus cher que celui qu´il a livré à la mort pour elle. Et c´est ce corps vivant qu´il désire voir entouré d´hommages, de soins et de parfums (saint Bernard : sermon XII sur le Cantique des cantiques, 6 & 7).

[4] On sait d'après le récit de l'évangéliste Matthieu qu'un ange descendit du ciel et vint rouler la pierre à l'entrée du sépulcre. Il ne s'agissait pas de dégager la voie pour laisser sortir le Seigneur, mais de dévoiler aux hommes, par l'ouverture et le vide du sépuicre, qu'il était ressuscité. Le retournement de la pierre a aussi un sens mystique : il signifie la révélation des mystères divins, enfermés jadis et caches par la lettre de la Loi ; car la Loi est écrite sur la pierre. C'est vrai pour chacun d'entre nous : lorsque nous accepté la foi en la passion et en la résurrection du Seigneur, son sépulcre, qui nous était auparavant fermé, s'est trouvé ouvert pour nous (saint Bède le Vénérable : sermon IV après l´octave de Pâques).

[5] Marie cherchait dans le tombeau le Créateur de l´univers que, physiquement, elle avait vu mort. Comme elle ne le trouve plus, elle le croit volé (saint Grégoire le Grand : homélie XXII sur les péricopes évangéliques, 2).

[6] Pierre partit et courut au tombeau. Et, se penchant, il ne vit que les bandelettes (évangile selon saint Luc, XXIV 12).

[7] Il y avait là une preuve évidente que le corps de Jésus n'avait pas été dérobé. Celui qui l'aurait dérobé n'aurait pas pris la précaution de le dépouiller de ces linges, de ces linges que l'embaumement faisait adhérer au corps. On n'aurait pas pris la précaution de plier les linges avec tant de soin, et de mettre à part le suaire qui avait enveloppé la tête. Tout cela avait été fait avec un grand calme (saint Jean Chrysostome : homélie LXXXV sur l´évangile selon saint Jean, 4).

[8] La Synagogue représentée par Jean est la première au tombeau de Jésus, mais elle n'y entre pas : elle a reçu les commandements de la Loi, elle a reçu les prophéties relatives à l'Incarnation et à la Passion, mais elle n'a pas voulu croire en celui qui était mort pour nous. Simon Pierre vient et pénètre dans le tombeau, car l'Eglise qu'il représente, l'Eglise qui vient après la Synagogue, a reconnu la véritable grandeur de celui qui était mort pour nous ; elle a cru qu'il était vivant et qu'il était Dieu (saint Grégoire le Grand : homélie XXII sur les péricopes évangéliques, 2).

[9] La présence des linges contredisait l´hypothèse de l´enlèvement imaginé par Marie-Madeleine ; dans le cas d´un enlèvement, on aurait emporté le cadavre tel qu´il se trouvait, avec les bandelettes et le suaire.

[10] Nous entrons nous aussi dans le sépulcre et n'y trouvons pas le Seigneur, lorsque repassant dans notre esprit attentif le déroulement de l'Incarnation et de la passion, nous nous remémorons qu'il est ressuscité et ne doit plus désormais se laisser voir dans sa chair mortelle. Cependant les Juifs et les païens croient bien que notre Rédempteur est mort, mais ils en font un sujet de moquerie ; ils continuent toujours à refuser de croire au triomphe de sa véritable résurrection. C'est comme si pour eux le sépuicre demeurait encore fermé par la pierre. Ils ne peuvent pas entrer, pour revenir à Dieu en voyant que le corps du Seigneur a été ôté parce qu'il est ressuscité. La dureté de leur manque de foi les empéche de constater que l'on ne peut trouver mort sur la terre celui qui, après avoir coupé l'accès à la mort, a déjà pénétré les hauteurs des cieux (saint Bède le Vénérable : sermon IV après l´octave de Pâques).