Fête de la Sainte Famille

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (II 41-52).

Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque[1]. Lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume de la fête.

Une fois les jours accomplis[2], comme ils s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Croyant qu’il était dans la caravane, ils firent une journée de chemin[3], puis ils le recherchèrent parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.

Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le Temple[4], assis au milieu des docteurs de la Loi[5], les écoutant et les interrogeant[6] ; tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela, Vois ! ton père[7] et moi nous te cherchons[8], tourmentés ». Il leur répondit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas la parole qu'il leur avait dite.

Il descendit avec eux et vint à Nazareth ; et il leur était soumis[9]. Sa mère gardait fidèlement toutes ces choses dans son cœur[10]. Quant à Jésus, il avançait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] La Loi obligeait tous les hommes ayant atteint l’âge de puberté à se rendre au Temple trois fois par an, pour les fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles (Exode, XXIII 14-17 & XXXIV 23 ; Deutéronome, XVI 16) ; cependant l’éloignement autorisait à ne faire au Temple qu’une seule visite annuelle. Comme les femmes et les jeunes enfants n’étaient pas liés par ce précepte, c’est donc par piété et non par obéissance à la Loi que Marie et Jésus accompagnèrent Joseph à Jérusalem.

[2] La fête des Azymes qui durait 7 jours, finissait par une grande solennité (Exode, XII 15; Lévitique, XXIII 5; Deutéronome, XVI 1).

[3] Il y avait ordinairement 4 étapes de Jérusalem à Nazareth dont la première, la plus courte, était d’environ 3 heures ; il suffisait pour la parcourir de partir après midi. La tradition a placé le premier arrêt de la caravane à el-Bireh, à 3 heures de marche de Jérusalem.

[4] Apprenez-donc où l'ont découvert ceux qui le cherchaient, afin que vous aussi, le cherchant avec Marie et Joseph, vous puissiez le découvrir. A force de le chercher, dit l'évangéliste, ils le trouvèrent dans le Temple. Non pas n'importe où, mais dans le Temple, et là, en outre, au milieu des docteurs de la Loi qu'il écoutait et interrogeait. Vous aussi, cherchez Jésus dans le Temple de Dieu, cherchez-le dans l'Église, cherchez-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple et n'en sortent jamais. Si vous cherchez ainsi, vous le trouverez. Mais si quelqu'un se dit un maître, et ne possède pas Jésus, il n’est maître que de nom, et on ne peut trouver au~près de lui Jésus, qui est le Verbe et la Sagesse de Dieu (Origène : homélies sur l’évangile selon saint Luc, XVIII 2).

[5] Les docteurs de la Loi formaient une catégorie de scribes plus spécialement adonnés à l’étude et à l’exégèse de la Loi.

[6] Ils le trouvent assis au milieu des docteurs, et non seulement assis, mais les interrogeant et les écoutant. Maintenant encore Jésus est ici : il nous interroge et il nous écoute parler. Et « tous étaient dans l’admiration. » A propos de quoi ? Non de ses interrogations, bien qu'elles fussent admirables, mais « de ses réponses. » Dans la sainte Ecriture, répondre ne désigne pas un simple dialogue, mais un enseignement. Que la loi divine te l'apprenne : « Moise parlait, et Dieu lui répondait par sa voix » (Exode XIX 19). Tantôt Jésus interroge, tantôt il répond et, nous l'avons dit, bien que son interrogation soit admirable, sa réponse l'est bien davantage. Pour que nous puissions l'entendre, nous aussi, et qu'il nous propose des questions qu'il résoudra lui-même, supplions-le et cherchons-le avec beaucoup d’efforts et de douleur, et alors nous pourrons trouver celui que nous cherchons (Origène : homélies sur l’évangile selon saint Luc, XVIII 4).

[7] Joseph n'eut aucune part dans la naissance de Jésus, si ce n'est par le service et l’affection. C'est à cause de ce service fidèle que l'Ecriture lui donne le nom de Père (Origène : Leviticum XII 4).

>Certains prétendent que Joseph ne doit pas être appelé « Père de Jésus », parce qu'il n'eut aucune part à sa naissance. Ce serait donc que la passion ferait les pères plus que l'affection. Et cependant nous voyons que dans les naissances où seule la passion a eu part, l'enfant, celui que l'on appelle naturel, est moins l'enfant de son père que celui qui est né d'un mariage légitime où régnait une affection chaste. Si cette affection seule, si le seul contact des âmes sans aucun mélange de passion aboutissait à des naissances, de telles naissances seraient d'autant plus joyeuses et plus parfaites que la paternité serait plus chaste et l'affection plus grande ... Marie fut mère dans sa chasteté, Joseph fut père en participant à la même vertu (saint Augustin : sermon LI, 9 & 26).

[8] Ce n'est pas pour rien qu'il est écrit : « Moi et ton père, nous te cherchions tout affligés. » Celui qui cherche Jésus ne doit pas chercher avec négligence, mollement, par intermittence, ainsi que certains le cherchent et qui, à cause de cela, ne peuvent le trouver. Quant à nous, disons : « Nous te cherchons tout affligés. » Et quand nous lui aurons parlé ainsi, il répondra à notre âme qui se fatigue à le chercher dans la douleur : « Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être » (Origène : homélies sur l’évangile selon saint Luc, XVIII 5).

[9] Qui donc ? A qui était-il soumis ? - Dieu, aux hommes ! Dieu à qui sont subordonnés les anges, à qui obéissent les Principautés et les Puissances. Il était soumis à Marie ; non seulement à Marie, mais encore à Joseph, à cause de Marie. Double motif d'étonnement dont on ne saurait dire le plus étonnant : ou l'immense bonté du Fils, ou la suréminente dignité de la mère. Double cause de stupéfaction, double merveille ! Un Dieu obéit à une femme : humilité sans précédent ; une femme a autorité sur Dieu, incomparable élévation ! Apprends, ô homme, à obéir ; apprends, terre et cendre, à te soumettre ! En parlant de ton Créateur, l'Evangile déclare : « Il leur était soumis », c'est-à-dire, sans aucun doute, à Marie et à Joseph. Rougis donc, superbe ! Dieu s'humilie et toi tu te dresses ; Dieu se soumet aux hommes, et toi, tu veux dominer sur d'autres hommes : tu veux passer avant ton Créateur ! (saint Bernard : « Super Missus est homeliæ », I 8).

Si Jésus, le Fils de Dieu, se soumet à Joseph et à Marie, moi, je ne serais pas soumis à l'évêque, que Dieu m’a donné pour père ? Je ne serais pas soumis au prêtre, préposé par 1e choix du Seigneur ? Joseph, je pense, comprenait que Jésus lui était supérieur tout en lui étant soumis et, sachant que celui qui lui était soumis était plus grand que lui, le commandait avec crainte et mesure. Que chacun s'en rende compte : souvent un homme de moindre valeur est placé au-dessus de gens meilleurs que lui ; il arrive quelquefois que l'inférieur ait plus de valeur que celui qui paraît lui commander. Quand celui qui est elevé en dignité aura compris cela, il ne s'enorgueillira pas à la pensée d'être supérieur, mais il saura que son inférieur est meilleur que lui, tout comme Jésus soumis à Joseph (Origène : homélies sur l’évangile selon saint Luc, XX 4).

[10] Elle conservait dans son cœur toutes les paroles de son fils, non pas comme celles d'un enfant de douze ans, mais celles de Celui qui avait été conçu par l'Esprit-Saint et qu’elle voyait croître « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et les hommes » (Origène : homélies sur l’évangile selon saint Luc, XX 6).