Solennité de la Nativité - Messe de la nuit

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Marc (XIII 33-37).

En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre - Ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. - Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine[1]. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David[2] appelée Bethléem[3], car il était de la maison et de la descendance de David[4]. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte[5].

Or, pendant qu'ils étaient là[6], arrivèrent les jours où elle devait enfanter[7]. Et elle mit au monde son fils premier-né[8] ; elle l'emmaillota[9] et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune[10].

Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux[11]. L'Ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière[12]. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit : « Ne craignez pas[13], car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire[14]. »  Et soudain il y eut avec l'ange  une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté[15]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] En se faisant inscrire dans l'humanité, il établit sa communion avec tous, et il apporte la sainteté à tous (Origène : homélie XI sur l’évangile selon saint Luc).

[2] Dieu avait promis à David de faire naître de son sang le roi éternel : cette venue dans la cité de David montre la réalisation de cette promesse (saint Irénée : « Adversus hæreses », III 2).

[3] Bethléem signifie « la maison du pain. » C'est lui qui a dit : « Je suis le pain vivant descendu du ciel. » A l’avance, le lieu où le Sauveur devait naître s'appelait « la maison du pain », parce que c'était là que devait apparaître dans la chair celui qui venait nourrir les âmes de ses élus (saint Grégoire le grand : homélie VIII sur les péricopes évangéliques).

[4] Il veut naître à Bethléem, non pour y prendre la couronne de ses ancêtres, mais pour nous apporter les dons qu’annonce ce nom (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Luc).

[5] Un nouveau peuple se forme, le peuple des âmes ; on y est inscrit par la foi ; tout ce qui formait la cohésion du peuple ancien est détruit. Ce recensement nouveau ne viendra pas imposer des exactions, au contraire, il viendra les enlever. Ce n'est plus un peuple que l'on dénombre, c est tout l'univers, car tous les hommes sont invités à faire partie du peuple du Christ ; l’âge n’y fait rien : les enfants encore au berceau peuvent devenir des membres de ce peuple. Il n'y a dans ce recensement rien de dur , ni qui puisse exciter la défiance : c'est la foi seule qui y amène ; les recenseurs du Christ ont l’ordre de laisser de côté le glaive, de se présenter sans bâton, de ne point demander d'or, et toutefois, c'est a ces recenseurs que l'univers appartient. Et pour bien établir qu il s agit du recensement du Christ plutôt que de celui d'Auguste, c'est l'univers tout entier qui est invité à se faire inscrire. Et Auguste, malgré sa puissance ne régnait pas sur tout l'univers. Jésus-Christ seul avait pouvoir sur tout l'univers. C’est à Dieu qu'appartient la terre et tous ceux qui l’habitent (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 36 & 37).

[6] Il naît au milieu d'un voyage, dans un voyage qui ramène ses parents à leur lieu d'origine ; car il est, par le mystère de son Incarnation, la voie par laquelle nous retournons à la patrie (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Luc).

[7] Il a choisi le jour le plus court de 1'année pour rappeler que le Verbe de Dieu s'était rapetissé. Il a choisi le jour à partir duquel les autres jours commencent à grandir, car il fera grandir toutes choses (saint Augustin : sermon CXCII 3).

[8] Il sort du sein de sa mère, mais sa lumière resplendit au plus haut des cieux. Il est couché dans une caverne, mais il est environné d’une lumière toute céleste. C'est une femme mariée qui l’enfante, mais elle l’a conçu étant vierge ; elle était mariée quand elle l'a conçu, mais elle est demeurée vierge en l'enfantement (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 43).

[9] Elle enveloppa de langes celui qui est vêtu de lumière. Celui qui revêt la nature d'un si riche vêtement, est donc enveloppé de pauvres langes, et il accepte cela afin de pouvoir nous rendre notre premier vêtement d’innocence. Celui par qui toutes choses ont été faites, voit ses mains et ses pieds liés de bandelettes, afin de fortifier nos mains pour toute œuvre bonne et de diriger nos pieds dans les voies de la paix (saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Luc)

[10] Ainsi, celui qui a créé toute la terre ne trouve pas de place à l’hôtellerie. Celui qui est le maître du monde naît comme un voyageur et un étranger ; et il accepte cette humiliation pour faire de nous les habitants du ciel (saint Augustin : sermon CXXIV).

[11] L’enfance de Jésus ne fait point sentir ses consolations aux bavards, les larmes de Jésus ne sont point le partage des folâtres, ses langes ne consolent point ceux qui se montrent dans des vêtements superbes, sa crèche et son étable ne consolent point ceux qui aiment les premières places. C’est aux bergers qui veillent sur leurs troupeaux, la nuit, qu’est donnée la joie de la lumière nouvelle (saint Bernard : sermon V sur la Nativité, 5).

[12] Pourquoi est-ce pendant leur veille que l'ange apparaît aux bergers et qu'une clarté divine les enveloppe ? Parce que ceux qui savent veiller avec sollicitude sur le troupeau des fidèles sont, plus que les autres, honorés de visions célestes. Pendant qu'ils veillent tendrement sur leur troupeau, la grâce de Dieu les inonde d'une plus éclatante lumière (saint Grégoire le Grand : homélie VIII sur les péricopes évangéliques).

[13] On ne sait plus aimer quand on craint ; la crainte est plus dure à l’homme que la mort : Caïn, après le meurtre de son frère, désirait la mort pour échapper à la crainte. La crainte assiégeant l’homme de toutes parts, l’avait détourné du culte du Créateur et l’avait asservi au culte des idoles. dieu, voyant donc que la crainte écrasait l’homme, voulut le ramener à lui par l’amour (saint Pierre Chrysologue : sermon CXLIV).

[14] Il a été enveloppé de langes afin que vous fussiez délivré des liens de la mort ; il s'est mis dans la crèche afin de pouvoir vous amener à ses autels : il est venu sur terre afin de vous conduire au ciel. Sa pauvreté devient donc ma richesse, et la faiblesse de mon Dieu devient ma force ; il a voulu connaître l'indigence pour pouvoir donner à tous avec plus d'abondance. Les vagissements de cet enfant obtiennent mon pardon, et ses larmes lavent mes souillures. Je dois donc plus, ô Seigneur Jésus, à ces humiliations par lesquelles vous m'avez racheté, qu’à ces œuvres par lesquelles vous m'avez créé. Car, que m'aurait servi de naître, si je n’avais été racheté ? Cependant ne croyez pas que la divinité soit emprisonnée dans ce corps. Autre chose est la chair, et autre chose est la divinité. La faiblesse, il l'a prise à cause de nous : en lui-même il n’est que puissance. Il a pris pour vous la pauvreté ; en lui-même tout est richesse. Ne vous arrêtez pas aux apparences qui frappent vos sens ; considérez avant tout votre rédemption. Vous voyez qu'il est dans les langes, mais vous ne voyez pas ce qu'il est dans le ciel. Vous entendez les vagissements de l'enfant ; n’entendez-vous pas aussi les mugissements du bœuf qui reconnaît son maître ? (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 41 & 42).

[15] Un ange annonce qu'un roi nous est né et les chœurs des anges, en écho à sa voix, chantent joyeusement : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Avant la naissance de notre Rédempteur, nous avions perdu l'amitié des anges. La première faute et nos péchés quotidiens nous avaient éloignés de leur éclatante pureté. Et parce que nos péchés nous avaient rendus étrangers à Dieu, les anges, qui sont des sujets de Dieu, nous considéraient comme exclus de leur société. Mais dès que nous avons reconnu notre Roi, les anges nous ont reconnus comme concitoyens. Et puisque le Roi du Ciel a consenti à revêtir notre chair terrestre, les anges ne méprisent plus notre infirmité... Ils n'osent plus mépriser comme inférieure à la leur cette nature qu'ils honorent, la voyant élevée au-dessus d'eux dans la personne du Roi du Ciel ; et ils ne dédaignent plus de considérer l'homme comme un compagnon, depuis qu'ils adorent au-dessus d'eux un Homme-Dieu (saint Grégoire le Grand : homélie VIII sur les péricopes évangéliques).