Fête du Baptême du Seigneur

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Luc (III 15-16 & 21-22).

Comme le peuple était dans l’attente, et que tous se demandaient dans leurs cœurs, au sujet de Jean, s’il n'était pas le Christ[1], Jean prit la parole et leur dit à tous : « Pour moi, je vous baptise avec de l'eau[2] ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi[3], et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales[4] ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint[5] et dans le feu[6]. »

Or donc, comme tout le peuple avait été baptisé[7], et que Jésus, baptisé lui aussi[8], était en prière, le ciel s’ouvrit, et l’Esprit Saint descendit[9] sur lui sous un aspect corporel, comme une colombe[10]. Et une voix advint du ciel : « C'est toi, mon Fils, le Bien-aimé ; tu as toute ma faveur.[11] »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Il était si grand qu’il pouvait passer pour le Christ ; certains le croyaient. Il n’avait pas à propager cette idée, il n’avait qu’à l’accepter. Mais cet humble ami de l’époux, rempli d’amour pour l’époux, ne veut point se substituer à l’époux : il rend témoignage à son ami et il montre à l’épouse le véritable époux. Voulant être aimé de l’époux, il a horreur d’être aimé à la place de l’époux... Il préférera rendre témoignage au Christ, s’humilier devant le Christ, que de passer pour le Christ... Et, à cause de cela, il est le plus grand des prophètes, parce qu’il reconnut et montra le Christ quand le Christ fit son entrée dans son royaume (saint Augustin : sermon CCLXXXVIII, 2).

[2] Jean indiquait nettement qu’il n’était pas le Christ, puisqu’il ne conférait qu’un rite extérieur. L’homme étant composé d’un corps et d’une âme, il faut, pour sa sanctification, un rite extérieur et une vertu spirituelle. Pendant que le corps est lavé avec l’eau, les fautes de l’âme sont purifiées par l’Esprit. Et c’est pourquoi, pendant que nous accomplissons un rite extérieur, nous invoquons une grâce supérieure. C’est pourquoi, autre fut le baptême de pénitence, autre fut le baptême de la grâce : celui-là n’avait que l’élément matériel, celui-ci réunit les deux éléments. En s’attribuant le baptême de pénitence, Jean déclarait non seulement par ses paroles, mais par son œuvre qu’il n’était point le Christ. Faire pénitence de ses fautes, c’est l’œuvre de l’homme; faire descendre la grâce, c’est la part de Dieu (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 79).

Ce baptême lavait le corps mais ne purifiait pas l’âme; il n’apportait pas le pardon (saint Grégoire le Grand : homélie VII sur les péricopes évangéliques, 3).

[3] Le rôle des prophètes était d’éloigner du péché ; le rôle propre du Christ était de sauver ceux qui croiraient en lui (saint Hilaire : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, II 2).

[4] Il était si grand qu’il pouvait passer pour le Christ... Mais cet humble ami de l’époux, rempli d’amour pour l’époux, ne veut point se substituer à l’époux : il rend témoignage à son ami et il montre à l’épouse le véritable époux. Voulant être aimé de l’époux, il a horreur d’être aimé à la place de l’époux... Il préférera rendre témoignage au Christ, s’humilier devant le Christ, que de passer pour le Christ... Et, à cause de cela, il est le plus grand des prophètes, parce qu’il reconnut et montra le Christ quand le Christ fit son entrée dans son royaume. Il s’humilia devant celui qui était grand pour être exalté par celui qui était vraiment grand. Prophète, il mérita d’être annoncé par les prophètes (saint Augustin : sermon CCLXXXVIII, 2).

[5] Tandis que l’eau ne lave que l’extérieur, le Saint-Esprit, comme le feu, pénétrera au plus intime de vous-mêmes, il détruira tout ce qui est mauvais (saint Jean Chrysostome : homélie XI sur l’évangile selon saint Matthieu, 4).

[6] Quand il parle du Christ, ce n’est plus que consolation : ce n’est plus la hache qui frappe, l’arbre que l’on coupe et que l’on jette au feu, ni la colère qui approche ; c’est la rémission des péchés, la condonation du châtiment, la justice, la sanctification, la rédemption, l’adoption, le partage de l’héritage, l’effusion du Saint-Esprit. Il indique tout cela dans la parole : « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » Vous serez tous imprégnés de l’Esprit-Saint : tandis que l’eau ne lave que l’extérieur, l’Esprit-Saint comme le feu, pénétrera au plus intime de vous-mêmes, il détruira tout ce qui est mauvais (saint Jean Chrysostôme : homélie XI sur l’évangile selon saint Matthieu, 4).

[7] Dans la religion d’Israël, on connaissait l’immersion comme un moyen de purification légale ; ainsi, le livre du Lévitique commande-t-il l’immersion pour la purification du lépreux qui est guéri (XIV 8), et aussi pour effacer l’impureté sexuelle (XV 16-18), tandis que le Livre des Nombres la commande pour laver l’impureté qui résulte de l’attouchement d’un cadavre (XIX 19). Aux prescriptions de la Loi, les scribes ont ajouté quelques autres bains qui opèrent une pureté légale mais qui n’ont aucun caractère directement moral, même s’ils permettent de passer du domaine profane au domaine sacré ou inversement. Des bassins d’eau pure ou des piscines rituelles permettaient de se purifier. Le Baptême institué par Jean manifeste sa différence d’avec les rites de pureté pharisiens sur un point essentiel : conféré sous le signe de la conversion morale, il reprend l’essentiel de la prédication de l’Ancien Testament pour la placer dans la perspective du Royaume de Dieu qui approche. Quelques paroles prophétiques exprimaient déjà le symbolisme du bain de l’eau en vue de la purification intérieure (Psaume LI 9, Isaïe I 16, Ezéchiel XXXVI 25, Zacharie XIII 1). Le baptême donné par Jean est appelé « un baptême pour la rémission des péchés » ; ce baptême annonce déjà le salut en se substituant en quelque sorte aux rites de pardon de l’Ancienne Alliance. Le baptême conféré par Jean s’accompagne d’une orientation morale (charité, justice, droiture) qui prépare la venue du Royaume de Dieu. Le baptême donné par Jean ne donne la purification intérieure que dans la mesure où Dieu accepte les dispositions intérieures de celui qui le reçoit.

Il y avait chez les juifs des baptêmes par lesquels ils se purifiaient des souillures légales, par exemple s’ils avaient touché un cadavre : ce baptême n’avait rien de commun avec la rémission des péchés, Jean avait institué son baptême pour la pénitence : en le recevant on se reconnaissait pécheur, et on s’engageait à faire pénitence. Ce baptême préparait à la rémission des péchés, mais ne donnait pas le Saint-Esprit (saint Jean Chrysostome : homélie pour le Baptême du Christ).

[8] Il veut recevoir le baptême afin d'ensevelir le vieil Adam dans les eaux. Il relève avec lui le monde qui était comme englouti avec lui (saint Grégoire de Nazianze).

[9] Si l’Esprit Saint descendit sur lui à son baptême, c’était pour le manifester, et non parce qu’il en avait besoin. C’était aussi afin de nous montrer que les dons du Saint-Esprit avaient leur terme et leur centre en lui. Et, en effet, après Jésus-Christ, la prophétie s’arrête, et c’est de Jésus-Christ que procèdent toutes les grâces qui sont répandues sur les fidèles, dans la mesure qu’il détermine lui-même (saint Justin : Dialogue avec Tryphon).

[10] C’était la colombe qui, au jour du Déluge, avait apporté à Noé le rameau d’olivier, annonçant la paix à la terre ; c’est la colombe qui aujourd’hui annonce le vrai libérateur. Elle ne vient plus pour faire sortir une famille de l’arche, mais pour conduire au ciel toute la famille humaine ; au lieu du rameau d’olivier, elle apporte aux hommes l’adoption divine. N’abandonnons jamais la colombe pour suivre le serpent (saint Jean Chrysostome : homélie XII sur l’évangile selon saint Matthieu, 4).

[11] Ce n’est plus l’enfantement virginal annoncé par l’Ange, ni l’étoile conduisant les mages, ni les adorations rendues à l’enfant au berceau, ni le témoignage de celui qui baptise, ni la vertu du baptisé qui nous le révèlent : c’est le Père lui-même, parlant du haut du ciel, et disant « Celui-ci est mon Fils. » Son nom, son nom propre, c’est celui-là, « mon Fils » ; j’ai pu donner ce nom comme surnom à d’autres qui avaient déjà leur nom : son nom propre, c’est celui-là, « mon Fils » (saint Hilaire de Poitiers : De Trinitate).