Mercredi des cendres

Première lecture

Lecture du livre de Joël (II, 12-18)

Parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre cœur, avec jeûnes, des pleurs et des lamentations ! Déchirez votre cœur et non pas vos vêtements, et revenez vers le Seigneur, votre Dieu ; car il est compatissant et miséricordieux, lent à la colère, riche en fidélité et renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait se raviser et renoncer au châtiment, et laisser après lui une bénédiction : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu. Pour le Seigneur votre Dieu, sonnez du cor dans Jérusalem, prescrivez un jeûne sacré, convoquez une réunion solennelle ; rassemblez le peuple, convoquez l'assemblée, réunissez les vieillards, rassemblez les enfants et les nourrissons à la mamelle ! Que le nouvel époux quitte sa chambre et la jeune épousée son pavillon nuptial ! Qu'entre le vestibule et l'autel, pleurent les prêtres, ministres du Seigneur, et qu'ils disent : Epargne ton peuple, Seigneur, ne livre pas ton héritage à l'opprobre pour qu'il devienne la fable des nations ; pourquoi dirait-on parmi les païens : Où donc est leur Dieu ? » Et le Seigneur s'est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.


Textes liturgiques © ALEF, Paris


[1] Le livre de Joël a été écrit, au début du IV° siècle avant Jésus-Christ, à l'occasion d'une invasion de sauterelles qui déferle sur la Judée, transformant le pays en désert (I, 4 & II 3-5) au point qu'il ne reste même plus de quoi offrir l'oblation et la libation quotidiennes du temple (I 9). Pour conjurer la catastrophe le prophète demande un jeûne officiel, car Dieu peut mettre un terme à la calamité. Dieu peut, à cause de la pénitence de son peuple, lui rendre sa bénédiction et lui redonner assez de richesses pour maintenir l'oblation et la libation quotidiennes (II 14) ; il suffit que le jeûne manifeste l’unanime conversion intérieure (II 13) de son peuple (vieillards, enfants, nourrissons, époux, prêtres). Le prophète Joël décrit la réponse de Dieu à ce jeûne comme un retour à l'ère paradisiaque (II 19-26). La catastrophe et le jeûne officiel deviennent ainsi le symbole des purifications et des souffrances qui feront entrer le peuple, au jour du jugement, dans l'ère définitive du bonheur (IV 18-21). Ainsi donc, en même temps que Joël définit les conditions d'un jeûne agréable à Dieu (jeûne général et intérieur), il lui donne sa dimension eschatologique : il est le gage du bonheur et de la vie avec Dieu.