Pentecôte

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates (V 16-25)[1].

Je vous le dis : vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu ; alors vous n'obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s'opposent à l'esprit, et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair[2]. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. Mais en vous laissant conduire par l'Esprit, vous n'êtes plus sujets de la Loi.

On sait bien à quelles actions mène la chair : débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.

Mais voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Face à tout cela, il n'y a plus de loi qui tienne. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes. Puisque l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Tout au long de ses voyages missionnaires, saint Paul s'est trouvé affronté à la concurrence d'autres missionnaires, chrétiens eux aussi, mais trop attachés aux prescriptions juives. Plusieurs fois saint Paul est contraint de réagir vigoureusement pour protéger les jeunes communautés contre les menées de ces chrétiens-judaïsants qui, par exemple, tenaient la circoncision comme nécessaire au salut. Pour saint Paul, la circoncision ne donne pas une sécurité plus grande et, du reste, le chrétien est libéré par le Christ des contraintes de la Loi juive. La liberté chrétienne est cependant une loi exigeante puisqu'elle est finalisée par l'amour du prochain. L'esprit du Christ permet de vivre cette liberté.

[2] Le Saint-Esprit est la source de la liberté des chrétiens : par sa présence intérieure, le Saint-Esprit fait des chrétiens des hommes qui peuvent en vérité appeler Dieu « Père ». Mais, autant il est vrai que l’Esprit Saint est donné réellement et gratuitement aux chrétiens, autant il est vrai qu'il n'exerce pas son action sur eux d'une façon qui ferait d'eux des instruments passifs (ce qui serait exactement le contraire d’une libération). L'Esprit Saint ne nous libère pas de force, mais demande que nous consentions à son action. Celui qui veut que le Saint-Esprit le conduise, sera capable de résister aux désirs dont la chair est le principe, et qui font accomplir les œuvres mauvaises. Etre libéré de la chair, ne veut pas dire être libéré de la lutte contre la chair, mais avoir le pouvoir de la vaincre. S le croyant n'échappe pas au déchirement qui résulte en lui de l'opposition radicale de la chair à l'Esprit, il est cependant capable de faire le contraire de ce que la chair voudrait qu’il fasse; il est « dans la chair », dans une condition où sa foi peut encore défaillir sous la pression des désirs de la chair, mais l'Esprit, non seulement éclaire sa volonté (ce que la Loi faisait déjà) mais il peut encore la fortifier pour que le croyant accomplisse ce qu'il doit faire, sans contrainte, par amour. Se laisser guider par l'Esprit suffit, mais exige un choix libre et une docilité sans cesse renouvelée aux désirs de l'Esprit. Celui qui croit au Christ sait que son Esprit désire lui faire porter un fruit unique et multiforme : celui d'un amour qui met chacun au service du salut de tous, et qui lui fait trouver dans ce service la joie parfaite et la vraie liberté.