Solennité de la Nativité - Messe de la nuit

Epître

Lecture de la lettre de saint Paul à Tite[1], (II, 11-14)2.

La grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes. C'est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus-Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s'est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Tite, né dans le paganisme, serait, selon une ancienne tradition, de la race royale de Minos, roi de Crète. Cette même tradition ajoute qu’il aurait fait de solides études en lettres profanes quand il aurait entendu une voix mystérieuse lui ordonnant de quitter son pays et de sauver son âme, ajoutant que la science profane lui serait peu utile pour son salut. Après un an d’attente, la même voix lui aurait dit de lire les Ecritures des Hébreux. Son oncle, proconsul de Crète, ayant appris la naissance du Messie d’Israël, l’aurait envoyé à Jérusalem où il aurait connu le Seigneur qui l’aurait compté parmi ses soixante-douze disciples. Témoin de la Passion, de la Résurrection et de l’Ascension, il aurait été consacré par les Apôtres et adjoint à saint Paul. Plus probablement, on pense que Tite, né païen, fut converti par saint Paul qui, quatorze ans plus tard, l’ayant retrouvé à Antioche, l’emmène jusqu’à Jérusalem où il assiste au fameux « concile » qui rejette la circoncision des païens. Il accompagne ensuite saint Paul dans ses voyages et lui sert de messager, singulièrement vers les communautés de Corinthe et d’Ephèse. Après la première captivité de saint Paul, il aborde en Crète avec l’Apôtre qui l’y laisse jusqu’à ce qu’il l’envoie en Dalmatie. Après le martyre de saint Paul, Tite revient en Crète où, disent les byzantins, il meurt dans un âge très avancé (quatre-vingt-quatorze ans). Le corps de saint Tite resta dans la cathédrale de Gortyne jusqu’à ce que la cité fût détruite par les musulmans (823) ; on ne retrouva que sa tête qui fut transportée à Venise où elle est vénérée à Saint-Marc.

[2] Dans le contexte de la nuit de Noël, ce texte de saint Paul à Tite invite à lire la naissance de Jésus comme la manifestation de la grâce d'un Dieu plein de bienveillance, de libéralité et de largesse. La grâce divine, parce qu'elle est éducatrice, implique un mode de vie concret dans le temps présent. Cette exigence et faite d'un double mouvement complémentaire : un mouvement de refus d'abord, car le chrétien sait refuser toute forme d'impiété et à tous désirs qui le fixeraient à ce monde-ci. La vie nouvelle qui s'offre à lui est toute de sagesse et de modération, de sens du droit et de la justice, de piété. Ce régime actuel de vie sous la grâce n'est pas le dernier mot de l'histoire. La célébration de Noël entretient cette bienheureuse espérance de la Venue de Jésus dans la gloire, quand la réalité divine du Sauveur sera pleinement dévoilée. La dernière phrase du texte, introduite par un le pronom relatif qui, se présente un peu comme une hymne. Elle récapitule l'œuvre de salut de Jésus : le don de sa personne ; le rachat des fautes et, par la purification opérée, la constitution d'un peuple qui excelle dans son zèle à faire le bien. La Rédemption est au cœur du mystère de l’Incarnation. La grâce de Noël comporte pour les chrétiens qui la célèbrent, l’exigence de l’attende de la venue du Christ dans la gloire.