7ème dimanche de Pâques

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Jean (XVII 1-11a).

Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus leva les yeux au ciel[1] et pria[2] ainsi : « Père, l'heure est venue[3]. Glorifie ton Fils, afin quele Fils te glorifie[4]. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ[5].

Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.

J'ai fait connaître[6] ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les a donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé.

Je prie pour eux[7] ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi et je trouve ma gloire en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Après avoir adressé à ses disciples ses instructions, il se tourna vers son Père et pria, voulant fortifier par sa prière les instructions qu'il leur avait données. Il ne veut pas oublier qu'il est notre Maître ; et c'est pourquoi il fait sa prière à haute voix, pour nous instruire et nous édifier, non seulement par les paroles qu'il nous adresse mais encore par la prière qu'il adresse à son Père (saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », CIV 2).

[2] Il prie en tant qu'homme, en tant que réconciliateur et médiateur de Dieu et des hommes : et s'étant fait notre pontife, grand et saint entre tous, s'offrant lui-même pour nous, par sa prière il apaise son Père ; il est à la fois hostie et prêtre ; il est l'agneau qui efface le péché du monde et il offre lui-même le sacrifice sans tache (saint Cyrille d'Alexandrie : commentaire de l'évangile selon saint Jean, XI 8).

[3] L'heure est venue, non une heure imposée par une puissance inéluctable ; éloignons bien loin de nous la pensée que le Créateur de toutes choses pût subir une nécessité quelconque ; il s'agit d'une heure marquée par lui-même, dans le temps, de concert avec le Père dont il était né avant tous les siècles (saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », CIV 2).

[4] Il est certain de rendre à son Père une gloire égale à celle que le Père lui donne : cette demande de la gloire qui doit tourner à la gloire du Père, établit qu’il y a en lui comme en son Père une veru divine (saint Hilaire de Poitiers : « De Trinitate », III 12).

[5] Dieu ne peut être connu dans sa grandeur, mais il peut être connu dans son amour ; sans cesse nous devons progresser dans cette connaissance ; et c’est par cette connaissance que Jésus Christ nous conduit au Père. C’est lui seul qui ouvre, qui ouvre le livre des secrets paternels, et personne ne le fermera. Seul l’Agneau qui a été immolé a reçu le pouvoir de l’ouvrir. Ayant déjà par sa naissance toute puissance au ciel, il a eu toute puissance sur terre par son immolation. Il est venu vers nous revêtu de la splendeur du Père, sa chair en était toute rayonnante ; et c’est de cette sorte qu’il nous a conduits à l’immortalité (saint Irénée : « Adversus hæreses », IV 20).

[6] Il convenait que dans nos rapports avec Dieu, nous ne fussions instruits, ni par un ange, ni par un envoyé de Dieu, mais par le Fils de Dieu lui-même, afin que nous fussions véritablement, comme l'annonçait un prophète, les enseignés de Dieu (saint Cyrille d'Alexandrie : commentaire de l'évangile selon saint Jean, XI 8).

[7] L'âme du sacrifice, c'est la prière qui déclare pourquoi on l'offre et qui est l'oblation même, ou l'action d'offrir. C'est ainsi que dans la prière du canon où commence l'action du sacrifice, l'Eglise déclare à qui, pour qui, et pour quelle cause elle l'offre. C'est ce que va faire Jésus-Christ prêt à consommer son sacrifice, et à se consacrer soi-même : et cette prière, si je l'ose dire, est comme le canon, ou pour parler plus dignement de Jésus-Christ, est la prière expresse et solennelle qui devait accompagner son sacrifice. La disposition de son cœur, et les demandes qu'il fait à son Père, le suivent partout dans le cours de sa Passion et jusqu'à la mort ; et c'est l'âme de son sacrifice (Bossuet : la Cène ; II° partie, 33° jour).