23 octobre

Saint Jean de Capistran


Biographie

Saint Jean de Capistran naquit au royaume de Naples, près d'Aquila, à Capistran, dans les Abruzzes, le 24 juin 1386, d’un noble seigneur, sans doute angevin mais peut-être savoyard, qui avait suivi Louis I° d'Anjou[1] dans la conquête du royaume de Naples, et, après avoir épousé une personne de rare piété, s'était fixé à Capistran. Très tôt orphelin de père, Jean fut initié par sa mère aux premiers éléments, puis fut envoyé à Pérouse où, pendant dix ans, il étudia si brillamment le droit civil et canonique que ses maîtres, le considérant comme le prince des jurisconsultes, recouraient à son jugement dans les questions épineuses.

Nommé gouverneur de Pérouse[2] par le roi Ladislas[3] (1412), Jean étant pour tous un juge intègre et incorruptible, traita sévèrement les fauteurs de désordre. Un seigneur tenta de le soudoyer pour obtenir une sentence de mort contre un ennemi, mais Jean ayant soigneusement étudié le cas et reconnu l'innocence de l'accusé, le libéra en dépit des menaces de l’accusateur.

En 1415, il allait épouser la fille d'un riche pérugin, quand, négociant la paix entre Pérouse et de Rimini, il fut trahi et enfermé, les fers aux pieds, dans une tour de Rimini. En s'évadant le long de la muraille extérieure,  il tomba et se brisa le pied ; ressaisi, il fut jeté dans un cachot souterrain où, épuisé, révolté et livré à de tristes réflexions, il s'endormit.

« Lui apparut dans les airs un homme vêtu de l’habit des Franciscains, s’adressant ainsi à lui : “ A qui parles-tu avec tant d’arrogance ? ” Jean lui dit plein de terreur : “ Qu’est-ce que Dieu veut de moi ? ” Et l’homme lui répondit : “ Ne vois-tu pas ce que Dieu a choisi de faire de toi ? Ne vois-tu pas cet habit que je porte ? A ce monde tu enseigneras la Religion. ” Jean répondit : “ Je ferai ce que Dieu ordonne et je la proclamerai puisque telle est la volonté de Dieu. ” - L’homme vêtu de l’habit des Frères mineurs, plongeant son regard dans le sien ; il le regarda avec tant de tendresse que son cœur fondit et de ses yeux jaillirent comme des torrents de larmes et de ses entrailles sortirent de profonds soupirs. -  L’homme disparut mais il eut une autre vision : lui fut montrée la terre presque dans l’obscurité, dans une ombre épaisse et au milieu des ténèbres demeurait un rayon de lumière et vers cette lumière affluaient de nombreux peuples, des foules innombrables. Toujours il pensa et crut que cet homme lui était apparu était le bienheureux François. Personne ne peut nier que les peuples s’acheminant vers la lumière fussent les Italiens, les Allemands, les Bohémiens, les Hongrois, les habitants de la Transylvanie et de la Valachie, les Russes et les Slaves ; et le rayon de lumière était Jean lui-même qui répandit la doctrine divine. »

Libéré au prix d'une forte rançon, Jean vendit ses biens, rendit la dot à sa fiancée, distribua aux pauvres le reste de ce qu'il possédait et demanda son admission chez les Observants del Monte, près de Pérouse. Pour éprouver sa vocation Marc de Bergame lui dit : « Les couvents ne sont point le refuge des vagabonds et de quiconque est fatigué du siècle ; il faut bien d'autres preuves pour entrer dans un ordre religieux ; je ne vous admettrai que quand vous aurez dit un adieu solennel au monde et à toute vanité terrestre. » Jean parcourut les rues de Pérouse, monté à rebours sur un âne, couvert de haillons et coiffé d'une mitre de carton sur laquelle étaient écrits en gros caractères tous les péchés de sa vie ; la populace le considérant comme un insensé, l'accabla de ses moqueries et de ses injures.

A la suite de cette épreuve, Jean fut admis au couvent des franciscains de Pérouse (4 octobre 1416) et placé sous la direction d'Onuphre de Seggiano, simple frère lai, mais religieux d'une rare prudence et d'une haute sainteté : il travailla dès lors à se dépouiller du vieil homme pour revêtir le nouveau, se montra assidu à l'oraison, plein de zèle et de charité à l'égard de ses frères malades, donna l'exemple d'une obéissance aveugle dans la pratique des plus rigoureuses austérités.

Le noviciat fut marqué pour Jean par de grandes humiliations, de fortes réprimandes, de rudes souffrances corporelles. Un jour que les novices devaient laver les tuniques, les frères n'osaient commencer le travail parce que l'eau dans laquelle trempaient les tuniques était toute bouillante ; survint alors le frère Onuphre qui, sans rien dire aux autres, adressa de vifs reproches à Jean, l’accusant de négligence et de paresse, puis tirant de l'eau bouillante une tunique, il la lui jeta au visage. Sentant son visage brûlé, Jean se jeta à genoux devant son supérieur, mais aucune trace de brûlure ne paraissait sur sa face.

Admis bientôt à faire sa profession, l'humble religieux redoubla de ferveur dans l'accomplissement des tâches, singulièrement des plus bas offices.  Jean de Caspistran  étudia  ensuite  la  théologie avec saint Jacques de La Marche[4], et eut pour premier maître saint Bernardin de Sienne[5]. Celui-ci ne tarda pas à constater les progrès surprenants de son élève : un jour, il dit en parlant de lui : « Jean apprend en dormant ce que d'autres n'apprennent qu'en travaillant jour et nuit. »

Jean de Capistran qui semblait avoir reçu la science infuse, se montra profond théologien, savant canoniste et le plus grand missionnaire de son temps. Disciple de saint Bernardin de Sienne, il en saisit le secret : humilité, prière et pénitence, comptant avant tout sur la grâce divine pour surmonter les obstacles. Vers 1420, Jean était diacre quand saint Bernardin le fit prêcher à Sienne et en Toscane. Ordonné prêtre, vers 1425, il ne s’accorda plus de repos, parcourant l’Italie pour combattre toutes les erreurs, attaquer toutes les sectes, et ramener à Dieu des milliers de pécheurs, de juifs, d’hérétiques et de schismatiques ; la sainteté de sa vie forçait au silence ceux qui refusaient la conversion. Dans toute l'Italie, les populations accouraient en foule pour l'entendre.

Martin V, Eugène IV, Nicolas V et Calixte III, eurent recours à Jean dont ils firent un nonce apostolique, un légat a latere et un inquisiteur général. Contre les excès des fratricelles qui s'étaient multipliés en Italie à la faveur du Grand Schisme d’Occident, Martin V donna d’amples pouvoirs à Jean de Capistran et à Jacques de la Marche (1426) ; l'erreur, un instant comprimée par l'éloquence, le courage et la charité des deux franciscains, se réveilla plus menaçante, aussi mandaté par Eugène IV (1432) et Nicolas V (1447) Jean de Capistran poursuivit l'hérésie sans se soucier des fatigues ou par des périls. Un jour, en rase campagne, il s'éloigna de ses compagnons pour prier ; des hérétiques, ne sachant pas qui il était, lui demandèrent d'un air furieux où était le frère Jean de Capistran ; comprenant le danger, mais ne voulant pas se sauver par un mensonge, répondit d'une voix ferme : C'est moi qui suis Jean de Capistran ! Frappès d'une terreur soudaine, les sectaires ne lui firent aucun mal. Jean de Capistran, comme son maître Bernardin, appuyait son enseignement  sur le Nom de Jésus  dont il proclamait les gloires.

Quand il apprit que Bernardin était persécuté à cause de cette dévotion, il accourut à Rome pour plaider la cause de son maître auprès de Martin V. Il assista Martin V dans sa dernière maladie, et prédit à Eugène IV sa prochaine élection ; il examina, avec saint Laurent Justinien, la cause des disciples de Jean Colombini[6], les Jésuates, soupçonnés d’avoir parti lié avec les fratricelles, qui criaient : « Vive le Christ et la riche sainte pauvreté que nous avons choisie pour épouse ! » Il attesta leur innocence (1437). Vers 1439, nommé visiteur des couvents franciscains de Terre Sainte, Jean de Capistran travailla à l’union des Arméniens dont il ramena des représentants au concile de Florence[7]. Il s’opposa à l'antipape Félix V, et fut légat d’Eugène IV en Milanais et en Bourgogne ; il gagna Philippe Visconti[8] à la cause de Rome, puis, passant en Bourgogne, il y fut reçu comme un ange du ciel.

Après le concile de Florence Jean, nommé nonce apostolique en Sicile, s'arrêta au couvent du lac Trasimène où il vit pour la dernière fois Bernardin de Sienne. A Palerme, il préféra au palais une cellule du couvent où il remplit les plus humbles offices. A la mort de Bernardin, il vint à Aquila pour être témoin des miracles accomplis sur son tombeau et prépara sa canonisation. Il prêcha en Italie la croisade contre les Turcs, puis fut légat en France. A Eugène IV, il refusa l'évêché d'Aquila, pour continuer la vie du cloître et les travaux du ministère apostolique ; profondément touché, le pape n'insista pas davantage pour l'évêché de Rietti.

Continuant de remplir des charges importantes sous Nicolas V auquel il avait prédit la tiare, Jean travaillait à la réforme de son ordre ;  disciple de saint Bernardin de Sienne, Jean de Capistran, visiteur ou vicaire général, s’occupa de la réforme des conventuels et de l'extension de l'observance, en Italie et en France. « Plus qu'aucun autre il dilata et accrut, non seulement le premier ordre de Saint-François, mais encore le second et le troisième. » Il fonda ou réforma un grand nombre de monastères du second ordre, y mettant en vigueur la première règle de sainte Claire. Il propagea le tiers-ordre qu’il défendit par le Defensorium tertii ordinis a sancto Francisco instituti. Il fut envoyé en Allemagne où il fut chargé d'étendre et de gouverner l'Ordre.

L’empereur Frédéric III et son frère Albert, duc d'Autriche, demandèrent Jean de Capistran à Nicolas V, pour combattre les hussites et rétablir la concorde parmi les princes allemands. L’ambassade, conduite par Æneas Sylvius Piccolomini, futur Pie II, eut un plein succès. Jean de Capistran, nonce apostolique et inquisiteur, choisit douze compagnons, les fit pèleriner à Assise et, à pied, ils gagnèrent l’Allemagne dans le recueillement, un âne portant leurs bagages. Près de Trévise, comme le batelier leur refusait le passage du Siliano parce qu'ils n'avaient pas d'argent, Jean étendit sur le fleuve le manteau de saint Bernardin : les eaux se divisèrent pour laisser passer les religieux, puis se rejoignirent. On leur fit un triomphe en Lombardie ; en Allemagne, des villes entières se portèrent à leur rencontre, recevant Jean comme l'envoyé de Dieu. Après quelques jours à Neustadt, près de la cour, il partit pour Vienne ; Pie II fit ce portrait : « Il était petit de taille, avancé en âge (65 ans), desséché, amaigri, épuisé, n'ayant que la peau et les os, et néanmoins toujours gai et infatigable au travail. Il prêchait tous les jours, traitait les questions les plus profondes, plaisait aux simples comme aux savants ; il avait journellement vingt et trente mille auditeurs ; il prêchait en latin et un interprète traduisait son discours. »

Jean prêcha en Carinthie, en Styrie, en Autriche, en Bohême, en Moravie, en Silésie, en Bavière, en Thuringe, en Saxe, en Franconie, en Pologne, en Transylvanie, en Moldavie, en Valachie et dans d'autres provinces, accomplissant des prodiges, des guérisons et quelques résurrections. Dans toutes les villes où il prêchait, il faisait apporter les tableaux obscènes, les cartes, les dés, les faux cheveux ou autres vaines parures, et les livrait aux flammes, en présence de la foule. Cette exécution solennelle, l'Incendie du château du diable, introduite par saint Bernardin, était continuée par tous ses disciples. Un prêtre envieux qui s'était avisé de blâmer Jean, mourut la nuit suivante. Jean de Capistran envoya plusieurs de ses religieux en Prusse et en d'autres provinces où il ne pouvait aller lui-même ; de toutes parts ou réclamait sa présence, on faisait appel à ses conseils.

Après la prise de Constantinople[9], les Turcs menaçaient la Hongrie. A la diète de Neustadt (2 février 1455) Jean fit approuver une croisade que la mort de Nicolas V ajourna d’un an ; Calixte III invita les princes chrétiens à prendre les armes. Jean entra triomphalement en Hongrie ; au milieu de 1455, à la diète de Bude, il dissipa toutes les hésitations et enthousiasma tous les cœurs puis il prêcha en Hongrie pour la croisade dont Jean Corvin Hunyade[10] fut nommé généralissime. Le 14 février 1456, à Bude, Jean reçut la croix des mains du cardinal légat.

Les Turcs, par terre et par mer, s'avançaient vers Belgrade, forteresse de la frontière hongroise, ceinte des eaux de la Save et du Danube. Jean de Capistran se hâta d'appeler les croisés sous les armes, fit préparer quelques barques avec des vivres, et, accompagné de quelques franciscains, avec un petit nombre de croisés, descendit le Danube vers Belgrade. A Peterwardein, comme il célébrait la messe, tomba du ciel une flèche où étaient écrits en lettres d'or : « Jean, ne crains pas, poursuis avec assurance ce que tu as commencé, car par la vertu de mon nom et de la sainte croix tu remporteras la victoire sur les Turcs. » Il imposa la croix à ceux qui ne l’avaient pas encore, en fit tous les ornements sacerdotaux et ordonna de fabriquer un étendard où l’on mit la croix et la figure de saint Bernardin. Entré à Belgrade le 2 juillet, alors fête de la Visitation, il trouva les habitants pleins de joie, ne redoutant plus l’attaque des Turcs, du moment que Jean de Capistran était dans leurs murs. Le quatrième jour, la ville fut investie par les infidèles. Déterminé à chercher du secours, Jean célébra la messe, adressa aux croisés une exhortation pour les animer au courage et à la résistance. De Peterwardein, il écrivit à Hunyade, retiré dans un de ses châteaux, pour lui annoncer le grand péril et le supplier de lui venir en aide, pour l'amour de Dieu, pour l'honneur du nom chrétien, et pour son propre honneur. Hunyade réunit tous les croisés à Semlin, avec quelques vaisseaux pour forcer le blocus et ravitailler la ville.

Jean écrivit des lettres et députa ses religieux pour inviter les prélats et les barons à venir conjurer le péril. Les croisés affluèrent près de Jean de Capistran qui ne se donna plus le temps de manger ni de dormir, tout entier à la rupture du blocus. Debout sur le rivage, tenant en main l'étendard sacré, il ne cessait d'invoquer le nom de Jésus. Vaincus sur le fleuve, les infidèles redoublaient leurs efforts par terre : pendant les onze jours qui suivirent la victoire navale, Jean resta nuit et jour au milieu des croisés.

Les Turcs se décidèrent à donner un assaut général et Jean Hunyade vint pendant la nuit dire à Capistran : « Mon Père, nous allons infailliblement succomber ! - Ne craignez point, illustre seigneur, lui répondit Jean de Capistran, Dieu est puissant ; il peut avec des faibles instruments briser la force des Turcs, défendre la ville et confondre nos ennemis. Et comme Hunyade répliquait qu'il considérait la citadelle comme perdue : Ne craignez point, lui dit Jean de Capistran, la citadelle sera à nous, nous défendons la cause de Dieu et le nom du Christ, je suis certain que Dieu fera triompher sa cause. »

Il choisit quatre mille croisés parmi les plus forts, les plus courageux et les plus fidèles, les conduisit dans la citadelle où il leur ordonna d'invoquer le nom de Jésus. Pendant la soirée et la nuit, on résista : les Turcs prirent la première enceinte ; un combat acharné s'engagea près du pont-levis de la seconde enceinte. Les croisés jetèrent des broussailles enflammées sur les assaillants qui se retirèrent en criant : « Retirons-nous, car le Dieu des chrétiens combat pour eux. » Au jour, on vit dans les fossés de nombreux cadavres turcs, alors que seulement soixante chrétiens étaient morts. Quelques jours plus tard, précédé de son étendard, Jean de Capistran sortit de la ville pour un nouveau combat ; les chrétiens acclamaient le nom de Jésus en lançant leurs flèches et les infidèles terrifiés étaient renversés de leurs chevaux ou prenaient la fuite. La formidable armée du Croissant fut taillée en pièces et laissa, dit-on, quarante mille morts sur le terrain ; Mahomet II lui-même, qui se faisait appeler la terreur de l’univers, blessé d’une flèche, fut obligé de fuir (14 juillet 1456).

A l'annonce de cette victoire, le pape Calixte III institua la fête de la Transfiguration. Quelques semaines plus tard, Hunyade mourait entre les bras de Jean de Capistran qui, brisé par l'âge et les fatigues, dévoré par une fièvre continuelle, voyait avec calme approcher la mort ; au couvent de Vilak, près de Sirmium il reçut les derniers sacrements avec abondance de larmes, puis, étendu sur la terre nue, il s'endormit paisiblement dans le Seigneur, âgé de soixante et onze ans (23 octobre 1456).

Le corps de Jean de Capistran fut enseveli dans l'église du couvent de Vilak où les peuples vinrent en foule vénérer son tombeau, obtenant par son intercession d'innombrables guérisons et plusieurs résurrections. Les Turcs s'étant emparés de Belgrade (1521), prirent le château fort de Vilak et ruinèrent le couvent des franciscains. On ne sut plus dès lors ce qu'était devenue la précieuse dépouille de Jean de Capistran que d’anciennes archives franciscaines de Bulgarie, découvertes en 1874, disent avoir été vendue par les Turcs à un riche seigneur qui la donna à une communauté de basiliens schismatiques. D'après cette version, le corps du saint, préservé de toute corruption et revêtu de l'habit franciscain, se trouverait à Bistriz en Roumanie.

Des Vies de saint Jean de Capistran furent écrites par trois de ses disciples : Christophe de Varèse, Jérôme d’Uldine et Nicolas de Fara. Dès 1515, Léon X permit à la ville de Capistran et à tout le diocèse de Sulmone de célébrer, avec une messe et un office solennels, la fête de Jean qu'on appelait « le champion du saint Nom de Jésus, le chef des armées catholiques contre les infidèles. » Grégoire XV étendit cette permission à toutes les familles franciscaines. Cependant, malgré les nombreux miracles et les nombreuses requêtes, son procès de canonisation ne commença qu’en 1662 ; il fut canonisé par Alexandre VII, le 16 octobre 1690, et la bulle de canonisation fut publiée par Benoît XIII, en 1724. Son office a été étendu à l'Eglise universelle par Léon XIII (1885). Sa fête était célébrée le 23 octobre, jour anniversaire de sa mort, jusqu’à Léon XIII qui la fixa au 28 mars, mais comme les pays qui lui étaient les plus dévots avaient obtenu de garder le 23 octobre,  Paul VI la rétablit pour tous à cette date.



[1] Louis I° d’Anjou, second fils de Jean II le Bon (roi de France de 1328 à 1364) et de Bonne de Luxembourg (1315-1349), naquit à Vincennes le 23 juillet 1339. D’abord titré comte de Poitiers, il fut fait comte d’Anjou (1351), comte du Maine et seigneur de Montpellier ; le comté d’Anjou fut érigé en duché-pairie en 1360. Il remplaça son père en qualité d'otage à Londres (1360), mais s'enfuit en octobre 1363, ce qui contraignit Jean II le Bon, intransigeant sur les questions d'honneur, à revenir se constituer prisonnier des Anglais. A l’avènement de son frère, Charles V le Sage, il fut nommé lieutenant du Roi en Languedoc, en Guyenne et en Dauphiné (1364) ; il reçut aussi le duché de Touraine (1370) contre le comté du Maine. Il remporta plusieurs succès contre les Anglais en Guyenne et fut nommé régent pendant la minorité de son neveu Charles VI (1374). Après avoir rempli ses propres coffres, il se laissa tenter par l'offre de succession du comté de Provence et du royaume de Naples que lui fit la reine Jeanne, par l'intermédiaire du pape d’Avignon, Clément VII. Adopté par Jeanne (29 juin 1380), il doit faire face à Charles de Duras, auquel le pape de Rome, Urbain VI, avait donné l'investiture de Naples. Ayant passé les Alpes avec une puissante armée, il fut vaincu par l'habile stratégie de Charles de Duras, et mourut désespéré au château de Biseglia, près de Bari, le 20 septembre 1384. Sa veuve, Marie de Blois, assura la régence en Provence jusqu'à la majorité de son fils, Louis II.

[2] Bâtie sur un éperon rocheux dominant la vallée du Tibre, Pérouse contrôle une voie de communication, longtemps essentielle, à travers les vallées de l’Italie centrale. Dès 1353, le cardinal Albornoz, chargé par les papes de reconstituer l’Etat pontifical, avait entrepris de combattre les autonomies locales. Tandis que, dans la ville, des luttes civiles opposent les nobles et les plus riches bourgeois au popolo minuto, à l’extérieur, c’est la guerre presque constante ; contre les papes, Pérouse doit accepter des alliances qui l’assujettissent à des tyrans laïcs : Gian-Galeazzo Visconti, puis le roi Ladislas de Naples. Une seigneurie locale se forme enfin, avec Braccio di Montone, un aventurier ombrien ; mais il est battu et tué à l’Aquila par les forces conjuguées du Pape et du roi de Naples (1424). Une oligarchie nobiliaire maintient une relative indépendance au cours de la période suivante, mais non la paix : deux familles, les Oddi et les Baglioni, se disputent le pouvoir avec une véritable férocité.

[3] Ladislas (ou Lancelot) le Magnanime, né en 1376,  fils de Charles III de Duras, fut roi de Naples de 1386 à 1414. Il régna d'abord sous la régence de sa mère, et dut défendre sa couronne contre Louis II d'Anjou ; ce ne fut qu'en 1399 qu'il resta enfin seul maître du royaume. Très ambitieux, il étendit ses prétentions sur toute l'Italie et chercha même à obtenir la couronne impériale. Il réussit à prendre Rome et les villes voisines (1408) mais se heurta à l'antipape Jean XXIII et aux Florentins qui firent appel à Louis II d'Anjou. Vaincu à Rocca Secca (1411), il parvint à rétablir sa position et songeait de nouveau à dominer l’Italie lorsqu'il mourut à Naples, le 6 août 1414. Sa sœur, Jeanne II, lui succéda.

[4] Jacques de la Marche, né en 1394, à Monteprandone (Marches), reçut l’habit à l'Alverne, des mains de saint Bernardin de Sienne avec qui il entretient une grande amitié qui les unit dans la luttes pour l'Observance franciscaine, la dévotion au nom de Jésus et les hauts intérêts de l'Eglise en Italie et en Europe centrale. Ordonné prêtre à San Miniato de Florence (1422) il s’emploie à la prédication. Martin V lui concède l'autorisation de prêcher contre les hérétiques par toute l'Italie (11 octobre 1426). En 1430, le chapitre général d'Assise le met à la disposition d'Eugène IV. En 1431, il prêche à Raguse. Le l° avril 1432, nommé commissaire général de Bosnie, il déploie la plus grande activité dans ce pays. Il est nommé inquisiteur en Hongrie et en Autriche (22 avril 1436). Après avoir assisté aux réunions conciliaires de Ferrare, il retourne le (1° décembre 1438) en Hongrie. Le 3 janvier 1440, il revient en Italie, rencontre Eugène IV à Florence et prêche ensuite à Padoue. Après avoir tenté en vain de se rendre dans le Proche-Orient et en Terre Sainte, il se livre à la prédication dans les Marches, et commence en Italie un apostolat des plus extraordinaires, qui dure trente ans. En 1444, il rencontre au lac Trasimène saint Bernardin, au terme de sa vie, et saint Jean de Capistran. En 1457, Calliste III l'envoie de nouveau en Hongrie comme inquisiteur, mais il doit bientôt quitter ce pays, à cause des rigueurs du climat. ll reprend ses courses apostoliques, particulièrement en Italie centrale. En 1475, Sixte IV l’envoie à Naples où il meurt le 28 novembre 1476. Il a été canonisé par Benoît XIII en 1726.

[5] Bernardin de Sienne : voir au 20 mai. Bernardin Albizeschi, né le 8 septembre 1380, à Massa Marittima (Maremme toscane), entra chez les Frères Mineurs (8 septembre 1402) et fit la plus grande partie de son noviciat, près de Sienne, au couvent de Colombaio. Ordonné prêtre, le 7 septembre 1404, il se consacra à la prédication où il se révéla un orateur de grand talent et plein d’originalité. Pendant vingt-cinq ans, il parcourut toute l’Italie et répandit la dévotion au saint Nom de Jésus dont il fit peindre partout le monogramme I H S (Jésus Sauveur des hommes). Il mourut à Aquila le 20 mai 1444 et fut canonisé le 24 mai 1450.

[6] Le bienheureux Jean Colombini, riche marchand siennois, né en 1304, fréquenta assidûment l'hôpital de Santa Maria della Scala ; au contact des malades, il s'éprit de la pauvreté. Les hardes de mendiant dont il s'affubla le firent traiter de fou. En dépit des quolibets qu'on lui prodiguait, il se livra à la méditation et à la prière avec quelques compagnons durant sept ans ; puis il annonça le règne de Dieu : « Loué soit Jésus-Christ ! Vive Jésus ! » tel était son mot d'ordre. Il pratiqua la vie apostolique et ne parla que de paix en une contrée désolée par les rivalités politiques. Ses disciples se réunirent sous le nom pauvres de Jésus-Christ, de clercs de Saint-Jérôme ou, plus communément, de  Jésuates (1364). Frères lais, les Jésuates suivaient la règle de Saint-Augustin et étaient voués au service des malades ; ils furent approuvés par Urbain V (1367), et leurs constitutions furent approuvées par Eugène IV (1426) ; Pie V les assimila aux ordres mendiants (1567) et Paul V les autorisa à recevoir la prêtrise. Il y eut aussi une congrégation de femmes. On ne sait pas exactement la cause pour laquelle les Siennois chassèrent de leurs murs Colombini et ses compagnons. Des envieux les confondirent avec les fraticelles, avec lesquels ils n'avaient aucun rapport. La congrégation fut supprimée en 1668 par Clément IX. Jean Colombini exerça une influence profonde sur ses contemporains. Il mourut près de Sienne, le 31 juillet 1367.

[7] Ce concile, convoqué par le pape Eugène IV à Bâle (25 sessions du 23 juillet 1431 au 7 mai 1437), transféré à Ferrare (18 septembre 1437), puis de là à Florence (16 janvier 1439). Les Pères confirmèrent l’union avec les Grecs (6 juillet 1439), avec les Arméniens (22 novembre 1439), avec les Jacobites (4 février 1442). Le 25 avril 1442, le concile fut transféré à Rome.

[8] Depuis 1277 où l’archevêque de Milan, Ottone Visconti, a renversé les Torriani, la famille Visconti a confisqué la seigneurie à son profit et la garde cent soixante-dix ans, à part un bref retour des Torriani de 1302 à 1309, et quelques troubles au début du XV° siècle. Pour se maintenir, ils usent de toutes les armes de la violence et de la ruse, contentant le peuple par des grands travaux et des conquêtes qui stimulent la vie économique. Une bonne armée de mercenaires, une diplomatie habile et de saines finances leur permettent de dominer toute la Lombardie et d’y étouffer les autonomies locales. leur Etat s’étend des Alpes à Bologne et d’Alexandrie à Bellune. Jean Galéas Visconti devient duc de Milan (1395), puis duc de Lombardie, par concession impériale. Après sa mort, des condottieri se disputent l’héritage que parvient à ressaisir Philippe-Marie Visconti (1412-1447), en butte aux ambitions de son gendre, François Sforza. En 1447, s’installe une éphémère république que la force des armes et l’alliance florentine permettent à François Sforza de renverser pour restaurer le duché qui connaît alors une réelle prospérité.

[9] A son avènement (1451), Mahomet II décida de faire de Constantinople sa capitale. Le dernier empereur grec, Constantin XI, ne pouvait espérer aucun secours de l’Occident, en dehors d’un petit contingent génois ; il choisit cependant de résister à la formidable armée turque, vingt fois plus nombreuse que ses troupes. Après une défense désespérée qui dura sept semaines, la ville fut prise grâce à l’artillerie de Mahomet II, et Constantin, ne voulant pas survivre à l’Empire, se fit tuer dans la mêlée.

[10] Jean Corvin Hunyade (1387-1456), voïvode de Transylvanie (1440), se battit contre les Turcs à Belgrade (1440), à Maros-Szent-Imre (1441) et aux Portes de Fer (1442). Régent de Hongrie durant la minorité de Ladislas V (1446-53), il fut battu à Kosovo, après avoir contenu durant trois jours l'armée ottomane qui était quatre fois plus nombreuse que la sienne (1448) ; il détruisit l'armée turque de Firus Bey près de Szendrö (1454). A la majorité de Ladislas V, il fut nommé capitaine général.