30 mai Sainte Jeanne d'Arc Sommaire : Le mercredi 23 février 1429, à Vaucouleurs, le cortège fut prêt vers trois heures de l’après-midi. Jeanne était à cheval, entourée de son escorte composée de quatre lorrains : Jean de Metz, chef de l’expédition, Bertrand de Poulangy et leurs valets, Julien et Jean, puis Collet de Vienne, envoyé de Chinon par le Dauphin et son archer Richard. Agé de vingt-huit ans, rude soldat ayant conquis son grade et sa noblesse dans les récents combats, Jean de Metz avait joyeusement accepté d’escorter cette fille jusqu’à Chinon, à travers un territoire rempli d’ennemis. S’ils passèrent la première nuit à l’abbaye de Saint-Urbain où ils étaient attendus, ils se firent héberger, les jours suivants, dans des fermes isolées, par des paysans qui n’osèrent pas refuser leur grange. Le voyage dura onze jours. Après avoir traversé l Aube et la Seine, ils arrivèrent à Auxerre, où Jeanne entendit la messe dans 1a cathédrale, franchirent la Loire à Gien, s'enfoncèrent dans les forêts de Sologne puis, après avoir passé le Cher et l’Indre, se trouvèrent enfin, le 5 mars, devant un petit village, nommé Sainte-Catherine-de-Fierbois, où Jean de Metz fit halte tandis que Collet de Vienne et son archer allaient prévenir le Dauphin du succès de l’expedition. A Sainte-Catherine-de-Fierbois était un pèlerinage. Quelques malades y faisaient des neuvaines et deux prêtres en assuraient la garde. Ce matin-là, Jeanne entendit trois messes de suite tandis que les quatre compagnons qui lui restaient se tenaient auprès des chevaux. Après les offices, elle demeura longtemps dans la chapelle regardant alternativement les murs, l’autel et les statues, comme si elle avait voulu découvrir quelque chose. Il y avait des béquilles suspendues en ex-voto, des médailles, des inscriptions et des fleurs. L'odeur de l’encens flottait dans l’espace étroit. Collet de Vienne revint dans l'après-midi. Le Dauphin donnait ordre de mener immédiatement la jeune fille à Chinon où elle logerait chez une femme désignée par lui. Tandis qu’à leur tour Jean de Metz et Bertrand de Poulangy étaient convoqués auprès de Charles pour rendre compte du voyage, Jeanne demeura trois jours chez son hôtesse, évitant de sortir et de répondre aux questions du voisinage. On sait comment, le 9 mars, elle reconnut le Dauphin puis comment, quelques jours plus tard, elle répondit victorieusement à toutes les questions des examinateurs ecclésiastiques de Poitiers. Le 26 mars, Jeanne rentrait à Chinon, en compagnie du Dauphin qui était venu la chercher à Châtellerault. Maintenant, il s’agissait d’aller à Tours où étaient rassembléz les renforts pour Orléans, les armes et les approvisionements. Cependant, avant de partir, il fallait équiper Jeanne. Lorsque son armure fut prête, on s’inquiéta de l’épée : voulait-elle la garde en forme de croix ou préférait-elle un dessin particulier qui rappelât sa mission ? Jeanne répondit : « Allez à Sainte-Catherine-de-Fierbois, dans la chapelle du pèlerinage. Vous creuserez derrière l’autel, vous enlèverez une dalle, des pierres, et à peu de profondeur, vous trouverez l’épée qu’il me faut. » Ainsi fut fait, et l’on trouva une grande épée antique à la garde marquée de cinq petites croix. Des traditions affirment que cette épée était celle de Charles Martel qui, après la bataille de Poitiers, l’aurait offerte aux prêtres du sanctuaire de Sainte-Catherine-de-Fierbois. Vers 1375, la chapelle oubliée, envahie par les ronces, n'était plus qu’une ruine. Un paralytique des environs, Godefroy, eut cependant l'idée de s'y faire porter et d’y réciter une prière quotidienne. Il fut guéri. Le bruit de ce miracle se répandit. Des prêtres de Tours accourus sur les lieux organisèrent un pèlerinage local. Au temps de Jeanne d’Arc, la vogue de Sainte-Catherine-de-Fierbois était déjà sur son déclin et l’épée de Charles Martel était oubliée. Mon père s’appelait Jacques d’Arc. Ma mère, Isabelle. Chez moi, on m’appelait Jeannette. Depuis ma venue en France Jeanne. - Quel âge avez-vous? A peu près dix-neuf ans. J’ai été baptisée en l’église de Domremy par maîtreJean Minzet, à ce que je crois. C’est de ma mère que j’ai appris Pater noster, Ave Maria, Credo. Je n’ai appris ma créance d’ailleurs que de ma mère. Quand je fus grande, après l’âge de raison, en général je ne gardais pas les bêtes, mais j’aidais à les mener au pré. Je ne suis venue en France que sur l’ordre de Dieu. Puisque Dieu le commandait, il le convenait faire. Si j’eusse eu cent pères et cent mères, et si j’eusse été fille de roi, je serais partie. Mon étendard était blanc, en toile blanche. Il y avait dessus écrit les noms de « Jhesus Marie », je crois. Mon étendard, je l’aimais plus, quarante fois plus que mon épée. Je portais mon étendard, quand j’attaquais, pour éviter de tuer personne. Jamais je n’ai tué personne. En la semaine de Pâques dernière passée, elle étant sur les fossés de Melun, lui fut dit par ses voix qu’elle serait prise avant qu’il fût la saint Jean, et que ainsi fallait qu’il fût fait. Et qu’elle ne se esbahist. Mais qu’elle prît tout en gré, et que Dieu lui aiderait. Et encore : Prends tout en gré. Ne te chaille de ton mattyre. Tu en viendras à fin en royaume de paradis. Très doux Dieu, en l’honneur de votre sainte Passion, je vous requiers, si vous m’aimez, que vous me révéliez ce que je dois répondre à ces gens d’Église. - Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ? Si je n’y suis, Dieu m’y mette. Et si j’y suis, Dieu m’y garde ! Je serais la plus malheureuse du monde, si je savais ne pas être en la grâce de Dieu ! Je m’en remets à Dieu de tout. - Ne croyez-vous pas être sujette à l’Église qui est sur la terre, notre Saint Père le Pape, cardinaux, évêques et autres prélats d’Église ? Oui, Notre Seigneur premier servi. Je m’en attends à mon juge, c’est le Roi du ciel et de la terre j’en appelle à Dieu et à notre Seigneur le Pape. C’est ma mort, maître Jean? Donnez~moi les sacrements de pénitence, et la très sainte Eucharistie. Non, non, je ne suis pas hérétique, ni schismatique, mais une bonne chrétienne. Jésus, Jésus... Dieu qui avez choisi sainte Jeanne d’Arc pour défendre notre pays contre l’envahisseur, accordez-nous, par son intercession, de travailler pour la justice et de vivre dans la paix. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. - Amen.
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