Solennité du Christ Roi de l'Univers

Première lecture

Lecture du livre de Daniel (VII 13-14)[1].

Moi, Daniel, je regardais au cours des visions de la nuit et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d'homme[2] : il parvint jusqu'au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1] Quel qu’en soit ici le sens, l'expression « Fils de l'homme », désigne généralement le Christ dans le Nouveau Testament. Ainsi, lorsqu’elle reprend la grandiose vision de Daniel, la liturgie y voit la proclamation solennelle de la Seigneurie de celui qui, « mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification » (épître de saint Paul aux Romains, IV 25), siège désormais à la droite du Père. Le Christ est déjà le « roi » de l'univers, mais nous ne le savons que par la foi : en effet, on ne voit pas que « tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues » reconnaissent et acceptent sa « royauté ». Pourtant ce jour viendra où la seigneurie du Christ sur l'humanité et l'univers, actuellement voilée, sera manifestée dans l'éclat de la gloire. Tendue vers ce jour, « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu ; elle aussi sera libérée de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (épître de saint Paul aux Romains, VIII 19-22). Tel est bien le dessein mystérieux de Dieu, déjà connu dans la foi et qui sera un jour déployé en pleine lumière : « Réunir l'univers sous un seul chef, le Christ » (épître de saint Paul aux Ephésiens, I 10).

[2] Fils de l'homme (ben-adam ou ben-enosh en hébreux, barnasha en araméen) signifie d'abord « membre de la race humaine », avec une nuance de faiblesse : « Dieu n'est pas homme pour qu'il mente, ni fils d'homme pour qu'il se rétracte » (Nombres, XXIII 19) ; « le fils d'homme, ce vermisseau » (Job, XXV 6). En Babylonie (mar awili) il désigne un homme libre de condition supérieure, c'est sans doute dans ce sens qu'on l'emploie à propos du prophète Ezéchiel. L'expression qui est employé 82 fois dans les évangiles (dont 12 fois par saint Jean), est propre à Jésus et on ne la rencontre chez ses interlocuteurs qu'une fois, pour en demander le sens : « Qui est-il ce Fils de l'homme ? » (évangile selon saint Jean, XII 34). Cette expression trouve son origine dans le livre de Daniel (VII 13-14) où le personnage qui porte ce titre reçoit de l’Ancien des jours une investiture royale sur toutes les nations de la terre : il est placé à la tête du royaume de Dieu annoncé par les prophètes. Dans le Nouveau Testament, on l’entend de saint Etienne (Actes, VII 56), une fois dans l'épître aux Hébreux (II 6) et deux fois dans l'Apocalypse (I 13 et XIV 14).