Fête du Saint Sacrement

Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ selon Saint Jean (VI, 51-58).

Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel[1] : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement[2]. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde. » Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?[3] » Jésus leur dit alors : « Oui, vraiment, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous[4]. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour[5]. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui[6]. De même que le Père, qui est la vie, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi[7]. Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts[8] ; celui qui mange ce pain vivra éternellement[9]. »


Textes liturgiques © AELF, Paris


[1]Il promet-là l’Eulogie qui garde de la corruption l'homme tout entier, et après laquelle on ne sent plus le besoin de nourriture, cette eau qui lave du péché par l'Esprit ou l'Esprit lui-même. Le corps sacré du Christ, se mêlant à nos corps, les garde dans l'incorruptibilité. Ce corps qui vivifie n'est pas un corps quelconque, mais celui qui est la vie, ayant en lui toute la vertu du Verbe qui lui est uni ; il est rempli de cette vertu par laquelle tous les êtres sont vivifiés et conservés dans leur existence (Saint Cyrille d'Alexandrie : commentaire de l'évangile selon saint Jean, III 3).

[2]Qu'ils le comprennent, ceux qui ont reçu le baptême et qui ont déjà goûté à la grâce de Dieu. S'ils reçoivent rarement l'Eucharistie, sous prétexte de respect et de religion, ils s'excluent de la vie éternelle (...) Il devraient, au contraire, s'appliquer à se purifier au plus tôt de leurs fautes, et avec grande confiance s'approcher de celui qui est la source de la vie (Saint Cyrille d'Alexandrie : commentaire de l'évangile selon saint Luc).

[3]L'homme raisonne toujours contre lui-même et contre les bontés de Dieu. Quand Jésus, pour nous préparer au mystère qu’il devait laisser à son Eglise au jour de la Cène, dit qu’il nous donnerait sa chair à manger et son sang à boire, les Juifs tombèrent dans trois erreurs : ils crurent qu’il leur parlait de la chair d’un homme pur, du fils de Joseph, voilà leur première erreur ; d’une chair semblable à celle dont les hommes nourissent leur corps, voilà la seconde ; d’une chair enfin qu’il consumeraient en la mangeant, c’était la troisième... Ce sera donc une chair sainte de la sainteté du Fils de Dieu qui se l’unit ; elle sera pleine de vie, source de vie, vivante et vivifiante par elle-même : ainsi la première erreur est détruite. Pour réfuter la seconde qui consistait à s’imaginer que la vie que Jésus-Christ permettait par sa chair serait cette vie commune et mortelle, il répète, il inculque dans tout son discours que c’est la vie éternelle, tant de l’âme que du corps, qu’il veut nous donner... Pour détruire la troisième erreur des Juifs qui s’imaginaient une chair qu’on consumerait en la mangeant, il leur dit : « Cela vous scandalise ? Vous serez donc bien plus étonnés quand vous verrez le Fils de l’homme monter au lieu d’où il est venu » comme s’il leur disait : « on mangera ma chair, je l’ai dit ; mais je n’en demeurerai pas moins vivant et moins entier » ; d’où il conclut : « Ne vous imaginez donc pas que je vous parle d’une chair humaine à l’ordinaire, ou de la chair du fils de Joseph ; ni que je vous parle d’une chair qui doive vous être donnée pour entretenir cette vie mortelle, ni par conséquent d’une chair qui doive être mise en pièces et consumée en la mangeant. La chair en ce sens ne sert de rien, c’est l’esprit qui vivifie. Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » Quoiqu’il n’ait parlé pour ainsi dire que de sa chair, que de son sang, que de manger celle-là, que de boire l’autre, tout ce qu’il dit est esprit, c’est-à-dire manifestement que dans sa chair, que dans son sang tout est esprit, tout est vie, tout est uni à la vie et à l’esprit, parce que sa chair et son sang sont la chair et le sang du Fils de Dieu (Bossuet : Méditations sur l’Evangile, la Cène, XXVIII° jour).

Ils disaient que c'est impossible, il affirme que c'est nécessaire (Saint Jean Chrysostome : homélie XLVI sur l'évangile selon saint Jean, 2).

[4] Celui qui ne demeure pas en Jésus-Christ ne reçoit pas sa chair, bien qu'il reçoive visiblement le sacrement ; et il ne reçoit ce sacrement que pour sa condamnation (Saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, XXVI 18).

[5] Il nous fallait un aliment pour nous guérir du venin du péché qui est en nous. Quel sera cet aliment si ce n'est le corps qui s'est montré plus fort que la mort et qui a été la racine de notre vie ? De même qu'un peu de levain, comme dit l'Apôtre, s'assimile toute la masse de la pâte, de même ce corps qui a passé par la mort, quand il est en notre corps, le transforme totalement (Saint Grégoire de Nysse : Discours catéchétique, XXXVII).

[6] Il n'assume en son propre corps que la chair de celui qui prend la sienne (Saint Hilaire de Poitiers : traité sur la Trinité, VIII 16).

[7] La communion du corps et du sang de Jésus-Christ n'a d'autre but que de nous faire passer en celui qui se fait notre nourriture ; afin que celui avec lequel nous sommes morts, avec lequel nous avons été ensevelis et avec lequel nous sommes ressuscités, apparaisse présent dans toute notre vie, dans notre esprit et notre chair (Saint Léon le Grand : sermon LXIII).

[8] C'étaient bien leurs pères, car ils avaient murmuré comme eux, et ils avaient mérité la mort, car le murmure est une des fautes qui offensent le plus Dieu (Saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, XXVI 11).

[9] O sacrement de pitié ! ô signe d'unité ! ô lien de charité ! Celui qui veut vivre sait maintenant où et de quoi il peut vivre. Qu'il s'approche, qu'il croie, qu'il soit incorporé à Jésus-Christ afin d'être vivifié par lui. Qu'il ne répugne pas à l'union avec d'autres membres, et qu'il ne soit pas un membre pourri qui mérite d'être retranché, ni un membre difforme dont on ait à rougir. Qu'il soit un membre sain, harmonieux, beau : qu'il soit uni au corps afin de vivre en Dieu (Saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium, XXVI 13).